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818 origïnf: gkooraphioue des espèces cultivees.
le nom arabe. Il ajoute que l'espèce est pour ainsi dire naturalisée (fere
spo7itanea) dans le midi de l'Espagne. Clusius transcrit les assertions de
Uelon, Prosper Alpin et autres voyageurs, pour prouver combien la culture
de cette plante était répandue à cette époque dans la basse Egypte. Elle y
jouait un rôle très important, et on l'appelait, comme aujourd'hui, Coîcas
ou Cónicas. Puisque la racine en était alors si recherchée, et qu'elle formait
une des bases de la nourriture du peuple, il est probable que sa culture
remontait à Tantiquité. On a cru reconnaître en elle d'abord le KOXOXOCGIOC
des anciens; mais si, comme le dit Dioscoride, ce nom s'appliquait a la
racine comestible de la fève d'Egypte, reconnue pour être le Nelumbiuni
(Delile, Ami.Mîcs., 1, p. 375; lleynier, Êcon. des Êgxjpt., p. 321; Delile.
De la Colocase des anciens, 18Zi6), ce serait tout autre chose. Je
croirais plutôt que les Grecs ont méconnu l'Arum cultivé en Egypte, lequel
ne neurit presque jamais (Glus., L c.), et ont cru, mal à propos, que la
racine employée communément était celle du Nelambium, qui est filandreuse
et assez mauvaise à manger (Delile, De la Colocase). Ce qui me
le ííüt penser, c'est l'analogie évidente du mot Colocasia avec les noms
arabes Coicas mCoiilcas. Tous paraissent venir du nom sanscrit de l'Arum
Colocasia, Kuchoo (prononcez Koutchou), indiqué par lloxburgh (FL
Ind., édit., vol. IIÍ, p. 19/|), d'autant plus que l'on cultive beaucoup
cette espèce dans l'Inde ( R o y l e , H t m . , p. ¿06) (a).
Belon prétendait avoir trouvé l'Arum d'Égypte, spontané, dans les ruisseaux
de l'île de Crète (Glus., l. c.); Sibthorp, dans les îles de Crète,
Chypre et Zante (Prodr., Il, p. ) ; mais je n'en vois pas de confirmation
dans les ouvrages plus récents (Fraas, Syn. Fl. class.; Renter et
Margot, Fl. de Zante). JL Tenore {SxjlL, p. h7h) l'indique dans les étangs
de Calabre, à San-Eufemia. Il n'est pas certain qu'on l'ait trouvé sauvage
dans l'Inde, car les variétés spontanées dont parle Roxburgh (III, p. à9b)
sont rapportées à d'autres espèces ou croissent autour des habitations, dans
des localités suspectes. Ce que dit Moon {Catal. CeyL, p. 64) de variétés
sauvages, dans l'île de Geylan, n'est accompagné d'aucune preuve.
Néanmoinsje suis porté à croire, avec M. Boissier (Voy. c.),
que l'espèce est originaire de l'Inde et qu'elle a été transportée dans l'ouest,
où elle s'est naturalisée. Peut-être les anciens Égyptiens l'avaient-ils apportée
de l'Inde avec le Nelumbium, à une époque très reculée. Le Nelumbiuni
aurait disparu des eaux du Nil, et l'Arum, plus utile aux hommes et
plus robuste, se serait conservé.
(a) Delile et d'autres auteurs ayant pense que le Colocasia des Grecs était la racine du
Nelumbiiim, c'est une idée malheureuse d'avoir appelé l'Arum Colocasia, L., Colocosia
antiquorum, comme l'a lait Schott. U vaudrait mieux reprendre le nom spéciüque A^gypiiacum^
employé avant Linné.
OmClNK DES ESPÈCES LE PLUS GENERALEMENT CULTIVEES. 819
Le grand nombre des variétés de l'espèce dans l'Asie méridionale, l'ancienneté
de leurs noms, la quantité d'espèces voisines découvertes dans
cette région, militent en faveur de l'origine asiatique.
Il est diflkile de dire, dans l'état actuel de la science, jusqu'à quel point
les Aroïdées analogues cultivées à Ceylan et aux îles de la Sonde et Moluques,
sont des espèces semblables ou distinctes. Rumphius en a figuré
trois (vol. V, tab. 106, 109, 110), dont une, suivant lui,, est la plante
d'Egypte. Elles ont été rapportées depuis, par les auteurs, diversement. Aucune
de ces deux ou trois espèces n'a été trouvée sauvage.
Enfin le Taro ou Tallo, de la Nouvelle-Zélande et d'O-Taïti, est l 'Ar u m
c s e n i e n t u m de Forstcr, PL esc., p. 57 (a), espèce qui ne diffère peutêtre
pas de la plante d'Egypte, d'après ce que dit M. R. Brown (Prodr.,
p. 336). Elle est cultivée dans l'île septentrionale de la Nouvelle-Zélande
et dans toutes les petites îles de la mer Pacifique, Le nom de Tallo paraît
de même origine que celui de Talius, employé dans l'île de Java pour
l'Arum Colocasia, suivant M. Hasskarl {Cat. h. Bog. alt,, p. 55). Aucun
voyageur, à ma connaissance, ne dit avoir trouvé le Tallo h l'état sauvage.
Si ce n'est pas la même espèce que l'Arum Colocasia do l'Inde et d'Egypte,
au moins il est probable que son origine géographique n'en est pas bien
différente. Les indigènes des petites îles éparses dans l'océan Pacifique
l'auraient apporté dans leurs migrations de l'ouest à l'est.
Dîoscorca (Igname). —La distinction des espèces de Dioscorea, au point
de vue botanique, a fait des progrès depuis quelques années (Blume, Enum.,
p. 20; PresL, Rel. Hoenk, p. 133; Griseb. in FL Bras., V, p. /i3).
On avait prouvé déjà depuis Lamarck, que Linné confondait deux plantes
au moins, sous.le nom de Dioscorea sativa, l'une asiatique (D. deltoides,
Wall., d'après le témoignagede Griseb.), l'autre américaine (D. Cliffortiana,
Lam.). Il s'en faut cependant que l'on ait rapporté les ignames cultivées
dans différents pays et mentionnées par les auteurs, aux espèces admises
aujourd'hui. Heureusement certaines considérations, applicables à toutes
les espèces cultivées, peuvent nous diriger dans la recherche des origines.
Malgré le nombre considérable de variétés ou d'espèces que Ton cultive
maintenant dans l'Inde, même dans les plaines et les vallées chaudes vers
le nord, aucune ne possède un nom sanscrit (Roxb., FL Ind., Ill; Piddington.
Index). La culture des ignames ne peut donc pas avoir pris naissance
dans cette région du continent asiatique ; et cela est d'autant plus remarquable,
qu'on y trouve plusieurs espèces indigènes du genre Dioscorea,
dont quelques-unes sont comestibles.
(a) L'Arum esciilentmn de Linné (5p. , p. 1369) a pour synonymes la tab. 110 de Rumphius,
un Aruîîi cultivé ù Ui Jamaïque, et d'autres plantes probablement différentes.
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