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9 0 8 ORIGINE GKOGRAPIIIQIIE DES ESPÈCES CULTIVÉES.
aussi avec la qualité exlraordinaircnient bonne des Melons cullivés autour
du Caucase.
Les peuples caucasiens et slaves ont plusieurs noms spéciaux pour le
Melon. Le Dictionnaire des noms vulgaires dressé par Moritzi ^ d'après
les livres de notre bibliothèque, indique un nom turc et tartare Katin^
et un nom illyrien, qui pourrait avoir une origine slave, Ljubenika ^
Lubenika. Le nom russe ordinaire est Dîna (Erman, Reise^ I, p. 235).
Il se pourrait que l'habitation de l'espèce fût primitivement bornée aux
vallées qui sont au midi du Caucase, en général aux environs de la côte
méridionale de la mer Caspienne, et que la plante se fût répandue ailleurs
tardivement. L'uniformité des noms tirés de Melo^ dans toute l'Europe,
est un indice d'introduction peu ancienne.
C u c i i n i î s Cî t r i iUus , Ser. (Cueairbîta Ci trul l i is, L.)- —La Pastèque OU
melon d'eau est une plante dont l'origine est incertaine d'après les auteurs.
Linné (5p., p. l/i35) dit: (( Habitat in Apulia, Calabria, Sicilia. » Seringe
(Prodr.j III, p. 301) dit : <( in Africa et India. » Puis il ajoute une variété
décrite au Brésil par Marcgraf, ce qui complique encore la question.
Éclaircissons d'abord ce dernier point.
La planche et le texte de Marcgraf p. 22) me paraissent bien
s'appliquer à la Pastèque. D'un autre côté, rien ne prouve que la plante n'eût
pas été apportée au Brésil par les Européens, si ce n'est le fait d'un nom
vulgaire Jaee^ mais l'argument n'est pas fort. Marcgraf cite aussi des noms
européens. Il ne dit pas que l'espèce fût spontanée, ni très généralement
cultivée. Sloane l'indique comme cultivée à la Jamaïque (I, p. 226), sans
prétendre qu'elle fût américaine, et assurément le silence des premiers
auteurs, sauf Marcgraf, le rend bien peu probable.
Selon les commentateurs, depuis Mattinole (Comm.y p. 369) jusqu'à nos
jours (Fraas, Syn. FL class.^ p. 105), la Pastèque était inconnue aux
Grecs et aux Romains. Les auteurs du xvf siècle la nommaient Citrullus^
i\ cause de l'analogie avec les fruits de Citrus, ou Anguria^ qui est le nom
italien (Daléch., p. 625; Poil., Fl. Fer., III, p. lliS) dérivé probablement,
par transposition, de Ayyovç^ta, nom grec donné à d'autres Cucurbitacées
(Fraas, Syn. FL class.^ p. 103; Margot et Renter, FI. Zant.^ p. /|8),
Le nom grec moderne de la Pastèque est Kap-Trouata (Fraas), d'où vient peutêtre
le nom russe Arhus (Erman, Reise^ I, p. 235).
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Evidemment les peuples du midi de l'Europe ont reçu la Pastèque des
Arabes ou de l'Orient en général. Les premiers auteurs, tels que Dalécliamp,
ont eu soin d'indiquer les noms arabes Bathec, Batheca, dont
parle ensuite Eorskal {Descr., p. 167) en écrivant Baltich. Ce nom, du
reste, d'où vient celui de Pastèque, s'applique à diverses variétés (Delile,
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m. JEg., p. 28) et même à d'autres espèces (Forsk., p. 169). Rauwolf,
en 157/1, trouva la Pastèque en abondance dans les jardins de Tripoli, de
Rama et d'Alep, sous les noms de Batliieca (Rauwolf, édit. Gronov.,
p. 124-, Daléch., l. c.), et Schareej, sans parler d'autres noms encore
(Ainslies, Mat. med. Ind., I, p. 217). La racine du mot Ballich est
dans l'hébreu Abbattichim, l'un de ces fruits d'Égypte que le peuple juif
regrettait dans le désert. Les commentateurs ont traduit Abbattichim par
Pepo, 3Îelopepo, Melo et autres noms de Cucurbitacées(Hiller, Hieroph.,
II, p. 59), Cummis Melo (Celsius), et ensuite par Cucumis CilruUus,
melon d'eau, pastèque (Rosenmiiller, Handb. bibl. Altert., IV, p. 98).
La probabilité est pour ce dernier sens, à cause du nom arabe. D'un autre
côté si la Pastèque avait été cultivée en Égypte, aune époque aussi reculée,
probablement les Grecs et les Romains en auraient eu connaissance et
l'auraient introduite chez eux. Le nom espagnol de la Pastèque est Zam/m
(Herrera, Agric., III, p. 263), en Catalogne Cindria, Cindriera (Colm.,
Cat., p. 55), qui se retrouve dans l'île de Sardaigne, Sindria (Moris, FI.
Sard., II, p. 85). Ces noms sont une énigme pour moi, car je ne découvre
aucune origine arabe ou latine, et cependant rien au monde ne
peut faire penser que la Pastèque soit une plante d'Espagne. Les Persans
disent Hinduanach (Ainslies, l. c.), ce qui indique une origine indienne.
L'espèce a un nom sanscrit, Chayapula, d'après Ainslies (l. c.) et Piddington
(Index, p. 26). Cela n'aurait rien d'étonnant en soi, mais je m'en
défie, parce que tousles noms indiens modernes en diffèrent complètement.
L'espèce est si généralement cultivée dans l'Inde (Roxb., III, p. 719), la
Cochinchine, la Chine (Lour., FL, p. 730), le Japon (Thunb., FL,
p. 323), les îles de l'archipel indien (Rumph., Amb., V, tab. l/i6), que
son pays d'origine doit être l'Asie méridionale.
Personne ne prétend l'avoir trouvée sauvage dans aucun pays. L'indication,
faite bien légèrement par Linné, de la Pouille, la Calabre, la Sicile,
est copiée de Matthiole {Uist., p. 369) qui dit simplement que les meilleures
pastèques sont de ces provinces.
C u c u m i s s a t î v u s , L. — Le Concombre soit Cornichon était cultivé déjà
par les Grecs et par les Romains. C'était le S ixuoç de Théophraste, et le
Cucumis de Pline. Il est figuré avec soin par tous les auteurs du xvi" siècle
(Daléch., p. 620; Matth., p. 367, etc.), Linné et de Lamarck (Diet., II,
p.72) regardent l'origine comme inconnue. M. Seringe amis dans le Prodromus
(III, p. 301) : « in Tataria et India orientali. » L'indication de
la Tartarie est tirée de Willdenow (Sp., IV, p.615), mais je ne sais quelle
valeur elle peut avoir. Ledebour {Fl. Ross., II), si exact dans la citation
des auteurs touchant la Russie et le Caucase, ne mentionne pas l'espèce.