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8 7 2 OUIGIIVE GKOGUAPlllQUE DES ESPÈCES CULTIVÉES.
Haleya (Riiinph., I, p. i;i3). il est Ires local, soil comme plante spontanée,
soit même comme plante cnltivée. L'excellence du fruit a, sans
doute, engagé les habitants de plusieurs pays à le cultiver ; mais on ne
peut réussir (jue dans les régions très chaudes et très Immides. Roxburgh
n'a jamais pu obtenir le Mangostan au delà du 23° degré 1/2 de
latitude dans l'Inde (Royle, III. Him., p. 133). Transporté à la
Jamaïque, il ne donne que des fruits médiocres (Maciad., FI. Jam., I,
p. 13/i).
t a m i l i c a ame r i c ana , j a c q . — l^e Mamee OU Mammee des colons
anglais et espagnols ; VAbricotier (l'Amérique des colons français, dont le
fruit est assez estimé, se trouve sauvage dans les îles Antilles (Sloane,
Jam., I, p. 123; Jacq., Amer., p. 262; Macfad., p. 135) et sur le
continent voisin (Jacq., ib.). On le cultive dans ces pays, mais on a peu
essayé de le transi)orter ailleurs, il n'existait pas même dans les jardins de
l'île Maurice en 1837 (Boj., IL Maur.), ni à Calcutta du temps de Roxburgh
( F I , édit. 1832).
Vkis vinifera, L. — La Vigne est spontanée dans toute la région inférieure
du Caucase, au nord, et surtout aumidi de la chaîne, en Arménie, et
au midi de la mer Caspienne, d'après plusieurs auteurs cités par Ledebour
(Fl. Ross., I, p. /i58).Les notions historiques ne permettent pas de douter
que ce ne soit la patrie originaire de l'espèce. S'étendait-elle beaucoup vers
lemidi de la Russie, l'Anatolie, la Perse et lesmontagnes du Caboul? C'est ce
que les recherches botaniques ne peuvent plus nous apprendre. La Vigne se
sème et se naturalise aisément dans les régions tempérées de l'ancien monde.
Quand on trouve des pieds sauvages dans les haies, les broussailles, rienne
peutapprendre s'ils descendent de raisins cultivés ou de raisins spontanés, et
plus on se rapproche de l'habitation originaire, plus l'incertitude augmente.
La conformation des feuilles, la grosseur et la saveur des fruits sont des
indices trompeurs à cet égard, puisque des Vignes livrées à elles-mêmes,
non taillées, venues de semis au lieu de boutures, peuvent très bien
offrir des caractères distincts, tout en provenant de Vignes cultivées. Il est
certain que l'espèce prospère dans toute l'Asie occidentale tempérée,
notamment au Caboul, en Cachemir et dans le pays de Kunawur (Royle,
m. Him., p. lZi8). Elle a un nom sanscrit, Draksha (a), qui montre
(a) M. Adolphe Pictet m'apprend que le raisin se nomme en sanscrit Rasa ou Rasala
savoureux, abondant en jus. Il remarque l'analogie avec le mot raisin. Celui-ci est supl
posé venir du latin racemm, ou du grec pà?, grain do raisin (Resclierelle, Dici. Fr ) Je
croirais que le mot grec et le mot sanscrit dérivent d'une origine commune, remontant
à la dispersion des peuples indo-européens, sortis de la région caucasique, patrie de la
vigne. Toutefois, à l'inverse du chanvre (p. 833), la vigne et le raisin ont reçu des noms
extrêmement dilTérculs dans les langues d'Asie et d'Europe, ce qui fait supposer une
habilution primitive Ibrt étendue.
ORIGINE DES ESPÈCES LE PLUS GÉNÉRALEMENT CULTIVÉES. 873
l'ancienneté de son existence ou de sa culture dans l'Inde septentrionale.
M. Runge l'a vue dans le nord de la Chine, cultivée seulement {Enum.,
p. 11). Le progrès de la culture dans l'Europe occidentale, par l'inlluence
des Grecs et des Romains, est résumé dans l'excellent ouvrage de Reynier,
sur l'Économie publique et rurale des Celtes et des Germains (1 vol.
in-8°, Genève, 1818, p. /i72).
Anacardium occidentale, L. — Le Pommier d'acajou. Cashew des
Anglais, est ainsi nommé par le hasard d'un nom des indigènes d'Amérique
Acaju,'Acajaiba (Piso, liras., p. 57), sans rapport avec l'acajou, bois de
construction. La partie mangeable est le pédoncule renile qui supporte la
noix. L'espèce est sauvagQ dans une grande partie du continent américain,
savoir : au Brésil (Piso, l. c.), à la Guyane (Aubl., p. 392), et aux Antilles
(Jacq., Amer., p. 12/| ; Macfad., Fl. Jam., p. 219). On l'indique aussi
entre Panama et Guyaquil (Renth., Bol. Sulpli.,\^. 79), à Nicaragua (le.
Mese, ined.l) ; mais à défaut de renseignements, je ne puis dire s'il est
cultivé ou spontané dans toutes ces localités. MM. de Humboldt et Ronpland
ne l'ont rencontré qne cuMìvè (Nov. gen.,mi, p. 5). M.Aug, de
Saint-llilaire {Ann. sc. nal., XXIIl, p. 268) ne l'a pas trouvé sauvage
entre le 13'^ degré de latitude sud et le Rio delà Plata. Evidemment, c'est
une espèce qui s'éloigne peu du littoral et de la zone équatoriale. D'après
Piso, les indigènes du Brésil en faisaient grand usage ; donc, l'espèce est
bien'américaine. On l'indique cependant aussi comme spontanée en Asie et
en Afrique. Voyons ce qu'il faut en penser.
D'abord, quant à l'identité spécifique, elle est admise par tous lesauteurs
(lui ont vu la plante vivante, Rumphius, Rheede, Roxburgh, Loureiro, Blume,
Ilasskarl, etc.). Mon père (Prodr., II, p. 62) a fait naître des doutes, en
constituant une variété avec les échantillons indiens, et en ajoutant « An
species distincloe? )-> Il signale deux caractères diiTérentiels. L'un est le
pédoncule dix fois environ plus long que la noix dans la plante américaine,
à peine trois ibis plus grand, dans la plante d'Asie ; or, ce caractère varie,
suivant l'état de maturité, probablement aussi suivant la variété cultivée ;
d'ailleurs, entre la plante de Rheede (III, tab. 5/i, tig. infér.) et celle de
Jacquin (Amer., tab. 35) ou de Catesby (Car., Append., IX, lab. 9), je ne
vois pas de différence. Le second caractère est : dans la plante américaine,
filamento longioreanlhera orbalo apice siibdilatato;áans\a plante asiatique,
filamento longiore anthera crassa donato coeteris subeffoetis-,
puis l'auteur ajoute : « An char, staminum ex meis slaminibus desumptumconstans?
)) Les échantillons authentiques de mon herbier ne permettent
guère de lever le doute, car le filet saillant, hors de la fleur, est
fréquemment brisé. D'ailleurs, il s'agit d'un genre polygamo-dioïque, où
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