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1 , 2 7 8 VARIÉTÉ DES FORMES VÉGÉTALES PANS LE MONDE ENTIER.
général, il n'est pas surprenant que l'Amérique soit plus riche en espèces
différentes, pour une surface égale.
L'Afrique est pauvre en espèces dans toute son étendue, excepté à son
extrémité méridionale. L'absence de hautes montagnes couvertes de neiges
en été, la sécheresse dans les plaines du nord, l'uniformité de conditions
physiques dans la région équatoriale, expliquent le nombre assez faible des
espèces dans la plus grande partie de ce vaste continent. A l'extrémité
australe c'est autre chose. L'abondance extraordinaire des espèces du Cap
ne coïncide pas avec des diversités bien grandes de climats. Les montagnes
de cette région ne portent pas des neiges perpétuelles; il y a de vastes
étendues desséchées, et sur le littoral, il ne semble pas que l'humidité et
la température varient d'une manière sensible. La Nouvelle-Hollande, qui
est, sous ce point de vue, dans des circonstances analogues, ne présente pas
une variété d'espèces aussi grande. Je croirais donc à une iniluence antérieure,
c'est-à-dire à des causes géologiques, en vertu desquelles cette
végétation du Cap serait la continuation d'une ilore très riche, d'une flore
liée autrefois à une diversité de climats plus grande qu'aujourd'hui ou à
quelque végétation d'îles et de continents voisins qui auraient disparu,
après avoir exercé longtemps une influence. Peut-être le nombre de milliers
d'années depuis lequel certaines régions se trouvent hors de la mer et présentent
des conditions de climat favorables aux végétaux, est-il la cause qui
explique leur richesse actuelle quand les conditions de notre époque ne suffisent
pas? Je laisse aux géologues de discerner laquelle de ces hypothèses
est la plus vraisemblable. Il me suflit de leur indiquer les phénomènes de
géographie botanique dont les circonstances actuelles du globe ne peuvent
pas rendre suiTisamment compte (a).
§ IV. LES ÎLES ONT-ELLES MOINS u'ESPÈCES QUE LES CONTINENTS
A SURFACE ÉGALE ?
C'est une question controversée de savoir si les îles, et en particulier
les îles éloignées des autres terres, ont, ou n'ont pas une quantité d'espèces
inférieure à celle des continents de même étendue et situation.
M. de Buch (h) avait avancé qu'elles ont moins d'espèces; Schouw (c)
s'empressa de contredire. Je repris la même opinion sur de nouveaux
faits (d), et Meyen (e) m'en a blâmé.
(a) Voir le chap. xxvi.
(b) Allgemeine Uebersicht, p. 21, elPhysic. Boschr. Canarisch. Imeln, 1825, p. 130<
(c) Grundzuge, 1823, p. 493.
(d) Fragment d'un discours sur lagéogr. bol., dans lUhl. iiniv., mai 1834.
(e) Grundriss der Pflans. Geog., 1836, p. 304.
NOMBRE TOTAL DES ESPÈCES DANS CHAQUE PAYS. 1279
Ces variations viennent peut-être de ce qu'on n'avait pas distingué
suffisamment les îles selon leur étendue et selon leur distance des autres
terres. La comparaison est à refaire. Les documents de notre tableau,
rapprochés et discutés, conduiront à un résultat plus sûr que les appré -
ciations vagues, reposant sur des faits isolés, dont on s'est servi jusqu'à
présent.
Parlons d'abord des îles rapprochées Soit des continents, soit de grandes
îles, jouant le rôle de continent.
Si elles ont une certaine étendue, comme la Sicile, la Corse, la Sardaigne,
la Grande-Bretagne, Cuba, Ceylan, Terre-Neuve, etc., le
nombre des espèces, et, en général, les caractères de végétation ne diffèrent
pas de ce qu'on voit sur les continents voisins, dans un espace semblable
et avec des conditions de hauteur analogues. Je dirai même que l'identité
est surprenante. L'Angleterre ne présente pas plus de différence d'avec le
nord-ouest de la France que celui-ci d'avec la Hollande. On dirait que la
mer n'a produit aucun effet. Pour des îles plus méridionales, à Cuba, par
exemple, on trouverait un nombre plus considérable d'espèces différentes
de celles du continent voisin ; mais il s'agit d'une partie du monde où les
espèces sont plus locales. D'ailleurs, nous parlons surtout du nombre
total des espèces, et l'île de Cuba ne semble pas moins riche que les régions
continentales voisines.
Ces faits sont curieux sous le rapport de l'origine des espèces actuelles.
Nous savons (p. 701, 707) combien il est rare qu'une espèce franchisse
un bras de mer, à moins d'une intervention de l'homme. Ainsi, il ne, reste
que deux hypothèses : ou les bras de mer se sont interposés entre les îles
et les continents voisins, depuis l'existence et la diffusion des espèces
actuelles ; ou les espèces ont eu dès l'origine une multitude d'individus,
répandus dans des pays plus ou moins vastes, et même dans des pays séparés
par de grands obstacles, comme des bras de mer ou des montagnes.
J'ai déjà parlé de ces hypothèses (p. i l i h , 1059, 1057, etc.); je reviens
aux îles voisines des continents.
Lorsqu'elles sont très petites, leur végétation est assez pauvre en espèces.
Il suflit de penser aux îlots voisins de diverses côtes, même aux îles du
nord-ouest de l'Écosse, aux petites îles de l'archipel grec, à plusieurs des
petites Antilles, etc. Souvent la proximité d'une grande terre n'empêche
pas une végétation très réduite quant aux espèces, qui s'explique par
des circonstances locales plus ou moins fâcheuses. Tantôt le vent d^mer
souffle avec une intensité et une continuité qui empêchent les arbres
de s'établir et beaucoup de plantes de subsister; tantôt le terrain est
imprégné d'eau de mer, ou les rochers sont trop escarpés et trop exposés
fr.
S. i