85/1 ORIGINE GÉOGRAPlIlQdE DES ESPÈCES CULTIVÉES.
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Le Malé est plus coniinun aujourd'hui à FétaL sauvage qu'à l'état cultivé.
Vienne un temps où le Paraguay et le Hrésil méridional soient cultivés
comme la Chine, on ne trouvera presque plus de Maté sauvage, et les
pieds, qui paraîtront indigènes, seront peut-être soupçonnés de sortir
d'enclos cultivés, ainsi que cela arrive pour le Thé et bien d'autres plantes
cultivées,
Erythroxyion Coea, Lam. — Les indigènes du Pérou et des provinces
voisines de l'ximérique, cultivent abondamment le Coca, pour les feuilles,
qui se mâchent comme le Bétel dans l'Inde. Joseph de Jussieu a, le premier,
fait connaître cette plante. Selon lui, « elle vient abondamment dans la province
de los Jungas, au Pérou. » (Lam., Did., Il, p. §93). M. Weddell a
publié récemment (Ann. .sr. nal., 3-= s é r . ,v. XIII, p. 88) des détails intéressants
sur sa culture. Les indigènes de la Bolivie seule en consomment
6 millions de kilogrammes de feuilles par année,, et l'on voit dans J. Acosta
(Hlsf. nat. Ind., trad, franç., p. 172), que, vers la fm du xvr siècle, les
Péruviens en faisaient un grand usage. La plupart des auteurs anciens et
modernes ont négligé de dire si l'espèce croît spontanément et dans
quelles parties de l'Amérique; mais le docteur Poeppig en a trouvé près de
Cuchero et au sonnnet du Cerro de San-Cristobal, au Pérou, qui, selon lui,
peuvent avoir été indigènes (Hook., Comp. bol. mag., II, p. 25).
L ' i i u i i g o f c r a i i n c t o r i a , ! . . , qui a un nom sanscrit, NUi (Roxb., FI.
Ind., y. liï, p. 379), est sûrement une plante asiatique d'origine probablement
indienne. Le mot latin Itidicum, montre déjà que les Romains
connaissaient l'indigo pour une substance originaire de l'Inde. Quant à la
qualité spontanée de la plante, Roxburgh dit : « Lieu natal inconnu, car
quoique commune maintenant à l'état sauvage dans la plupart des provinces
de l'Inde, elle n'est cependant pas éloignée ordinairement des endroits où
elle est cultivée actuellement, ou l'a été. )) Wight et Arnott (Prodr.,
p. 202), Wight (ic., tab. 365),Royle (III. Him., tab. 195), n'apprennent
rien à cet égard. Plusieurs espèces voisines sont décidément spontanées
dans l'Inde, entre autres 1'/. coerulea, Roxb., FL, III, p. 377, que l'on
cultive aussi. L ' / . tinctoria a été introduit en Afrique et en Amérique. On
lui rapporte certaines variétés cultivées dans ces régions; mais à moins
d'une étude spéciale, approfondie, on ne peut avoir la conviction de l'identité
spécifique, et cela importe peu au point de vue qui nous occupe.
L indigofer a argéntea, I.., qui se cultive beaucoup en Egypte, est
spontané en Abyssinie (Rich., Tent. Fl. Abyss., p. 18/Í). Iln'était pas de
l'Inde, comme le disait Linné (Voyez Wight et Arn., Prodr., p. 202).
Sous la domination romaine, les Juifs paraissent avoir cultivé un indigo
(Reynier, Econ. des Juifs et Arab., p. /jSO), dont les Romains, cepen-
ORIGINE DES ESPÈCES LE PLUS GÉNÉRALEMENT CULTIVÉES. 855
(lant, n'ont pas parlé. C'était peut-être l'Indigofera argentea. Cependant,
en Egypte, la culture de l'indigo ne parait pas plus ancienne que le moyen
âge (Reynier, Econ. des Egypt-, Pi
n d i g o f c r a Anii, L. ? — On cultive en Amérique un, deux ou même trois
Indigofera, qui paraissent originaires de cette partie du monde, et que l'on
rapporte, sans preuves suffisantes, à l'Indigofera Anil de Linné. Ce dernier,
qui est décrit dans le Mantissa, p. 273, est dit de Y hide. Je ne puis
croire que Linné ait écrit India pour les Indes occidentales, d'autant
plus que le mot Anil devait être connu comme asiatique (Nili en sanscrit
et dans plusieurs langues modernes de l'Inde; Nil en cingali,
attribué par Piddington à l'Indigcfera tinctoria ; Nili en tamul à l'Indigofera
Anil; Nil et i / i ù - e n arabe, et delà chez les Espagnols). Malheureusement,
Linné ne cite ni le collecteur, ni la localité précise de sou
échantillon type, et l'absence de tout synonyme ôte encore un moyen de connaître
la plante qu'il a nommée. 11 est à désirer (pi'on s'en assure dans son
herbier, si possible. Les botanistes anglo-indiens ne savent ce qu'est
l'Indigofera Anil de Linné. Roxburgh (FL ind., y. Ill) l'omet, et Wight et
Arnott (Prodr. pen., p. 202) ont vu dans l'herbier de Smith (qui devait
connaître mieux que personne la plante de Linné), un échantillon intitulé :
Indigofera Anil, qu'ils donnent, eux, pour synonyme de l'Indigofera paucifolia,
Delile.
Le genre Indigofera a quelques espèces spontanées en Amérique, quoique
la grande majorité soit de l'ancien monde. Il n'est donc jias surprenant que
la culture de certaines espèces fût en Amérique antérieure à la découverte.
Ferdinand Colomb, dans la biographie de son père, nomme l'Indigo parmi
les productions de Haïti (Humb., Nouv.-Esp., 2° édit,. 111, p. 5Zi).
Sloane (Jam., II, p. 37, tab. 176, f. 3), a décrit et figuré très mal un
Indigofera spontané aux Antilles, que l'on a souvent rapporté à l'Indigofera
Anil, L. , et dont Hughes (Jam., p. 203) et Maycock (FL Barhad., p. 30/i)
font mention comme d'une plante ancienne. 11 semblerait spontané aux
Antilles. Selon M. de Humboldt (l. c.), les peintures hiéroglyphiques des
anciens Mexicains montrent l'emploi de l'Indigo. Joseph Acosta (Flist.
nat. Ind., trad, franç., édit. 1598, p. 175) dit qu'on en exportait beaucoup
de la Nouvelle-Espagne à son époque. Si les peintures mexicaines
représentent la plante de l'Indigo, je me range à l'opinion de M. de Humboldt,
mais si l'on juge de la plante d'après la couleur bleue, cela ne
prouve rien, car l'espèce tinctoriale figurée par Hernandez (77ie,9., p. 108)
comme cultivée et spontanée au Mexique, est évidemment différente de
tout Indigofera. Aug. de Saint-IIilaire (Nour. Ann. desvo;/., 1833;
Ann. sc. nat., sòr., VII, p. 112) a vu au Brésil un Indigofera
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