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OSA ORIGINE GÉOGHÂPHIQUE DKS ESPÈCES CULTIVÉES.
sur lagéogr. des plantes, ^807, p. 28). « L'origine, la première patrie
des végétaux les plus utiles à l'homme et qui le suivent depuis les époques
les plus reculées, est un secret aussi impénétrable que la première demeure
de tous les animaux domestiques. Nous ignorons la patrie des graminées qui
fournissent la nourriture principale aux peuples de la race mongole et du
Caucase; nous ne savons pas quelle région a produit spontanément les
céréales, le froment, Forge, l'avoine et le seigle.,.. Les plantes qui
constituent la richesse naturelle de tous les habitants des tropiques, le
Bananier, le Carica Papaya, le Janipha Manihot ei le maïs, n'ont
jamais été trouvées dans l'état sauvage.... La pomme de terre présente le
même phénomène. »
Depuis l'époque où l'illustre auteur écrivait le fragment que je viens de
citer, on a découvert la pomme de terre en Amérique, sans parler du
Papayer que Marcgraf avait indiqué depuis longtemps comme sauvage dans
les forets du Brésil. Enfin, pendant que M. de Humboldt parcourait le nouveau
monde, Olivier et Bruguière visitaient les régions de l'Asie occidentale,
premier berceau de la race européenne, et y trouvaient le froment,
certains Hordeum et d'autres plantes cultivées, dans un état véritablement
spontané. Lorsqu'on étudie toutes les espèces une à une, sans négliger
celles qui offrent moins d'intérêt que le froment ou la pomme de terre, mais
en tenant compte de l'ensemble des cultures, on voit que, d'année en
année, on est parvenu à des notions plus sûres et plus simples sur l'origine
des espèces et sur leur état spontané. Au lieu de supposer des modifications
immenses dans les formes spécifiques, ou des disparitions de continents, ou
des phénomènes miraculeux, on arrive à l'idée tout ordinaire que le progrès
des découvertes géographiques et botaniques permettra probablement
de constater peu à peu la patrie d'origine et l'état primitif de toutes les
plantes cultivées.
La vue des listes qui précèdent conduit évidemment à cette conclusion.
Sur 157 espèces choisies comme exemples, parce qu'elles sont les plus
généralement cultivées et qu'on peut les déterminer avec assez de sécurité,
il s'en trouve 85 qui ont été retrouvées certainement sauvages, dans
un état identique avec celui des plantes cultivées, au moins de certaines
variétés des plantes cultivées; 21 espèces doivent probablement être
ajoutées à ces 85, mais on est moins sûr de leur qualité spontanée;
6 espèces ont été trouvées à l'état spontané, mais sous une forme différente
des variétés cultivées, et, par conséquent, avec doute ; 5 autres
espèces sont douteuses sous ce double rapport d'identité et de qualité spontanée
; 6 espèces sont inconnues à l'état sauvage, mais paraissent être des
modifications obteimes par la culture ; 2 sont des espèces douteuses ; en-
RÉSULTATS DES RECHERCHES SUR LES ESPÈCES CULTIVEES. 985
fin, parmi les plantes cultivées que l'état actuel de la botanique descriptive
permet de considérer avec sécurité, il ne reste que 32 espèces qui n'aient
pas été retrouvées du tout à l'état sauvage. Ainsi, les espèces reconnues
identiques à l'état sauvage, forment (>,5/| des espèces; celles qui présentent
quelques doutes, à divers égards, forment les 0,26; enfin, les espèces non
retrouvées et admises cependant comme de vraies espèces, constituent seulement
0,20 des espèces. Si l'on réunit toutes les espèces reconnues à
l'état sauvage d'une manière certaine ou probable, on en compte 117,
soit 0,7/i de la totalité des espèces énumérées. La proportion de ces plantes
reconnues à l'état sauvage a beaucoup augmenté depuis cinquante ans.
Les espèces qu'on sait historiquement avoir été cultivées d'abord en
Europe, se retrouvent toutes dans cette région à l'état spontané. Liversement,
les espèces dont l'état spontané est encore inconnu, sont toutes des
plantes dont la culture a commencé hors d'Europe, et dans des pays assez
mal connus.
D'après cet ensemble de faits n'est-il pas probable qu'un jour, et même
à une époque peu éloignée, on connaîtra, dans leur état spontané, l'immense
majorité, peut-être la totalité des espèces cultivées?
§ m . RÉGIONS D'OU PROVIENNENT LES PLANTES CULTIVÉES.
S'il est quelquefois difficile de constater l'état spontané des espèces cultivées,
il est rare que l'on doute sur leur pays d'origine, surtout quand on
prend le mot pays dans un sens vaste, comme l'Asie méridionale, la
Sibérie, l'Europe, l'Amérique septentrionale, etc. On est forcé parfois
d'hésiter sur la patrie d'une espèce, entre le Brésil ou les Antilles, entre
la Chine ou l'Inde, l'Inde ou la Perse, etc. ; mais il est excessivement rare
que Ton soit indécis entre le nouveau monde et l'ancien, entre l'Afrique et
l'Asie.
La répartition primitive des espèces utiles à l'homme est assez curieuse.
Elle est contraire à l'hypothèse qui se serait présentée à priori, û Von
avait essayé de la deviner d'après l'utilité future pour l'espèce humaine,
comme on le fait souvent quand il s'agit du but de certains phénomènes
naturels. Ce ne sont pas toujours les pays dans lesquels l'espèce humaine
prospère qui étaient primitivement doués de végétaux fort utiles; ainsi, les
États-Unis n'avaient primitivement pas une seule plante nutritive, ni une
seule plante d'une utilité quelconque assez grande pour qu'on la répandît
dans les cultures. L'Europe en avait moins que l'Asie occidentale. La Nouvelle
Hollande, la Nouvelle-Zélande et le Cap n'ont pas fourni une seule
espèce, quoique la population actuelle trouve dans ces pays des conditions
excellentes de climat. Ces faits ressortent du tableau qui suit :