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1 1 1 6 OniGIM-: PROBABLE DES ESPÈCES SPONTANÉES ACTUELLES.
rain, a toujours de la peine à s'établir. On peut en juger par les essais de
naturalisation. Quand une seule graine est introduite dans un pays où
l'espèce n'existe pas, il y a mille, peut-être nn million à parier contre un,
qu'elle sera dominée, étouiîée par les autres espèces, ou détruite par les
accidents de toute nature, meme si cette graine tombe sur un terrain fovorable
et avec les conditions de climat qui lui conviennent. Un seul couple
d'une espèce dioïque, aventuré au milieu d'espèces préexistantes, risque
fort de n^ pas pouvoir se reproduire, par suite d'isolement des deux
l)ieds ou d'accident. Les introductions d'espèces nouvelles dans un pays
sont toujours dilliciles (p. 798), et personne ne les tente, à moins de pouvoir,
ou exposer une grande quantité d'individus à la fois aux causes de
destruction, ou les protéger au moyen d'un isolement artificiel. Ces difficultés
se présentent dans les deux règnes et sont très graves. On ne peut
cependant pas dire que l'introduction d'une espèce, par un seul couple ou
un seul individu, au milieu d'espèces préexistantes, soit absolument
impossible.
Une objection qui me paraissait jadis très forte, contre l'origine unique,
se tire des espèces disjointes, c'est-à-dire séparées à l'époque actuelle par
d'immenses étendues de mer, sans qu'on puisse croire à la possibilité d'un
transport (a). J'ai pensé longtemps que l'origine unique était inadmissible
pour ces espèces, peu nombreuses, il est vrai. Et comme ce sont principalement
des Cryptogames ou des Phanérogames à organisation simple; comme,
d'un autre côté, dans les animaux, les espèces supérieures sont celles où
l'origine unique paraît le plus probable, j'avais été conduitaThypothèse d'un
nombre originel d'autant plus grand que l'organisation de l'espèce est plus
simple, d'autant plus petit qu'elle est plus compliquée (a). Maintenant, les
progrès delà géologie ont fait entrevoir d'autres causes pour la disjonction
des espèces. Il est certain que les continents ont éprouvé des modifications
de forme et de climat très nombreuses, pendant les dernières époques géologiques;
en même temps, plusieurs espèces végétales actuelles remontent à
une grande ancienneté, surtout celles d'une organisation simple. On peut
donc supposer, en se basant sur des faits, que certaines espèces auraient
été très répandues et continues dans leur habitation à une époque, puis
isolées par la destruction d'un continent ou par un changement de climat
dans le centre de chaque habitation. L'origine primitive pourrait avoir été,
ou unique, ou multiple, sans que la distribution actuelle en fût le moins du
monde la conséquence. Ainsi, il y a maintenant des espèces phanérogames
(a) Voyez chap. X, p. 993.
(b) Fragment d'un discours sur la géogr. bot., dans la Bibl. univ.^ mai 1834,
p, 26.
OmClNE ET RÉPAimTION PREMIÈRE DES ESPÈCES. 1117
fjui se trouvent en Patagonie ou aux îles Malouines et dans l'Amérique septentrionale
(p. 10/i7), sans intermédiaires. D'autres existent dans ces deux
régions, plus dans la chaîne des Andes(p. 1050). Ne peut-on pas supposer
que les premières ont eu aussi une époque où elles existaient sur les
Andes, et qu'un changement de climat, causé par l'éruption de nouveaux
volcans, parle soulèvement de plaines voisines, etc., ou que l'arrivée dans
le pays d'animaux tels que le cheval, la chèvre, etc., auraient déterminé
leur absence à notre époque dans la région intermédiaire? La disjonction
des espèces alpines (p. 1007), celle des arbres à grosses graines (p. 99A),
peuvent s'expliquer aussi par ce genre de cause, sans recourir à des origines
multiples. Les espèces communes aux îles Britanniques et au continent
se seraient répandues à une époque où le bras de mer intermédiaire
n'existait pas; les espèces communes aux îles et aux côtes diverses de la
Méditerranée seraient antérieures à l'existence ou à la forme actuelle de ce
bassin. De pareilles hypothèses n'ont rien que de très plausible, car les
espèces maintenant contemporaines de l'homme sont probablement beaucoup
plus anciennes que lui (p. 1059).
L'hypothèse des origines multiples ne peut donc plus se baser sur le fait
important des espèces disjointes, ou plutôt les espèces disjointes ne rendent
plus cette hypothèse nécessaire, comme on devait le croire avant les derniers
progrès de la géologie. Ce n'en est pas moins une hypothèse admissible,
tout aussi bien que celle des origines uniques. Elle offre même quelque
chose de plus clair. Dans l'hypothèse des origines uniques, on a de la
peine à se représenter le début des espèces : ou elles se seraient glissées
au milieu d'espèces antérieures, et alors le fait d'être formées d'un seul
individu rend la chance de s'établir infiniment petite; ou (ce qui est peu
probable) elles auraient été créées simultanément, 150,000 ou 200,000 individus
représentant les 150,000 ou 200,000 espèces actuelles du règne
végétal, 10,000 individus représentant les 10,000 espèces qui ont existé
peut-être n l'époque de la houille, etc., et alors pendant un an au commencement
de notre époque, il y aurait eu à peine une plante par lieue
carrée, les espèces parasites n'auraient pas pu vivre, et les espèces qui
demandent de l'ombre auraient péri. Dans l'hypothèse des origines multiples,
rien d'extraordinaire, rien qui ne soit analogue aux faits dont nous
sommes aujourd'hui témoins, si ce n'est le fait même de la création. Il v
aurait eu, dès le premier moment de l'apparition des végétaux, ce que nous
voyons aujourd'hui, ce qu'on voyait à l'époque tertiaire, et plus anciennement
h l'époque de la houille ou du grès rouge, savoir une multitude d'individus
plus ou moins semblables, couvrant la terre d'un tapis de verdure, et
se propageant soit par division, soit par reproduction sexuelle en raison de
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