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8 5 0 ORIGINE CrÉOGRAPHIQUE DES ESPÈCES CULTIVÉES.
replé le N. Australasia) (i\. iiiidulala, Vent., et Prodr. Nov.-HolL, non
FI. Pente.), qui est certaineineiil de la Nonvelle-Hollande (a). » Enfin,
les doutes ont augmenté depuis que des auteurs anglais ont prétendu connaître
un nom sanscrit jiour le tabac (Pidd., Index), et ont cité des auteurs
jiersans comme ayant parlé de la culture du tabac avant la découverte de
l'Amérique (Uoyie, HÌ. Him., p. 282).
Ktudions la «piestion d'abord au point de vue botanique et ensuite au
point de vue liistorique et linguistique.
Les considérations de géographie botanique pure conduisent sans hésiter
à l'hypothèse d'une origine américaine de toutes les espèces cultivées du
genre Nicotiana. En eilet/JMes N. chinensis (compris le N. fruticosa,
Lour.) et N. persica ne sont connus (pi'à l'état de plantes cultivées, du
moins aucun auteur n'allirme les avoir trouvées à l'état spontané (Lehra.,
Nieot.; Lour., /. c.; Dunal, l'rodr., XTII, part, i, p. 559, 567); 2° le
genre se compose actuellement de cinquante espèces, en excluant les douteuses
de caractères ou de patrie (Dunal, l. c.), et sur ce nombre quarante
huit sont d'Amérique, deux de la Nouvelle-Hollande, et aucune
d'Asie ou d'Afrique; 3° les espèces supposées asiatiques appartiennent à
une section qui comprend les espèces de la Nouvelle-Hollande, il est vrai,
mais en même temps plusieurs es|)èces d'Amérique; section d'ailleurs peu
distincte, à ce qu'il me paraît.
Les arguments historitjues de Rumphius {Àmb., V, p. 225) ont quelque
force. En parlant du tabac (qu'il regarde comme l'es])èce cultivée en Europe),
il dit : « Je ne sais si dans l'Inde orientale il est exotique ou indigène,
car il se trouve dans des localités où aucun Espagnol, ni Portugais
n'a résidé, et dans presque toutes les îles et provinces. Ceux même qui ont
été au Japon avec le célèbre voyageur Martin Gerritzen de Vrieze ont
trouvé l'habitude de fumer chez les cruels Tartares de l'île de Ese ou Jedso.
J'ai ouï dire à de vieux Javanais, qui tenaient la chose de leurs parents,
que le tabac était connu à Java antérieurement à l'arrivée des Portugais,
c'est-à-dire avant 1/|96, non il est vrai pour fumer, mais comme plante
olllcinale. Les Indiens aiiirment généralement que l'usage de fumer le tabac
leur a été montré par les Européens. La pratique médicale ancienne du
pays était d'employer les feuilles pour les ulcères invétérés... On peut dire,
eu sens opposé, que dans l'Inde entière il ne se trouve à peu près d'autre
nom que celui de Tabaco ou Tamhaco, tandis que si la plante était indigène,
elle aurait un nom dans chaque province. La cause de ce fait devra
être cherchée. »
(a) L'espèce en question recevait la mênK^ nniiéP à Hambourg, dans L'. Monographie
de M. Lehmann, le nom de ÌS. sua\polens. J t
ORIGINE DES ESPÈCES LE PLUS GÉNÉRALEMENT CULTIVÉES. 851
Pour apprécier la valeur de ces réilexions, il faut en remarquer la date.
Kumpbius a écrit dans la seconde moitié du xvii" siècle, c'est-à-dire
presque deux siècles après l'arrivée des Européens. Dans un laps de temps
aussi considérable, les traditions des indigènes avaient pu s'altérer, et la
culture du tabac, toujours si aisée et si prompte à se répandre, avait pu
pénétrer dans les provinces les plus éloignées, même en supposant la plante
d'origine américaine. Le voyage de Gerritzen était plus ancien que ceux de
Rumphius, mais sans doute plus récent que les découvertes des Portugais
en Chine et au Japon. Ceux-ci avaient abordé en Chine dès 1518, et au
Japon dès 15/|2 (Malte-Rrun, Géog., I, p. 496), et ils avaient découvert
les côtes du Brésil de 1500 à 150/i ; par conséquent le tabac peut avoir été
apporté par eux dans les Indes orientales longtemps avant l'époque des
Hollandais. Les Chinois appelaient le tabac Hun, selon cet auteur
(V, p. 226), mot qui ne ressemble pas mal au nom brésilien Pelume ou
Petum (Piso, édit. 1658, p. 206), sous lequel les Portugais le connurent
¿'abord. — Loureiro dit de son N. fruticosa (probablement le N. chinensis,
Fisch.) : « Ubi([ue cultain Cochinchina et China, .ubi vernaculis ncminibus
nominatur, tanquam indigena : nec ex America translatam fuisse
suspicantur. » Les noms vulgaires qu'il mentionne sont : Cay thuoc an et
Yen ye. Cay. est évidemment un mot qui signifie herbe ou quelque chose
d'analogue, car il est répété pour plusieurs espèces ; Timor n'est pas très
différent des variations des mots Tahoc, Tamhaco et autres dérivés de
Tabago ou Tabaco. Thunberg {Fl. Jap., p. 91) ne mentionne qu'une
seule espèce au Japon; il la nomme N. Tabacum, L., vulgairement Tabaco,
et la dit introduite sans aucun doute par les Portugais avec l'usage de
fumer. Or si les Chinois avaient connu de toute ancienneté une plante du
genre Nicotiana, même en supposant qu'elle eût été employée uniquement
comme officinale, les Japonais l'auraient reçue probablement depuis un
temps reculé à cause des communications habituelles entre les deux peuples.
H serait intéressant de constater par les ouvrages chinois depuis quelle
époque et sous quels noms le tabac y est mentionné, sans oublier que la
plante a pu avoir un emploi insignifiant jusqu'à ce que les Européens eussent
montré les usages, assez bizares en eux-mêmes, de fumer et de priser,
usages qui ont dû se répandre rapidement chez un peuple sensuel comme
les Chinois aussitôt qu'il en a eu coimaissance (a).
Rheede et Roxburgh n'ont pas mentionné le tabac. C'est indiquer suffisamment
qu'ils le regardaient comme cultivé et d'origine étrangère sur le
(a) M. Stanislas Julien a eu l'obligeance de me dire que dans ses éludes de la lanpe
chinoise, il n'avait pas rencontré d'indice de la présence ou au moms des usages du tabac
a\anl le contact des Européens.
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