9,80 OIUGINE GÈOGIUPIIIQUE DKS ESPÈCES CULTIVÉES. RÉSULTATS DES RECHEHCHES SUR LES ESPÈCES CULTIVEES. 981
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souvent aussi il n'est pas certain que les pieds observés aient été véritablement
spontanés. Dans le doute, il faut voir comment les espèces du même
genre, surtout les espèces voisines, sont distribuées géographiquement.
Plus elles sont groupées dans une seule région, ou un seul continent, plus
il est probable que l'espèce cultivée en est originaire.
Lorsqu'une espèce est aborigène d'un continent, elle existe très souvent
dans les lies voisines. Ainsi, quand une culture manque à certaines îles,
c'est une probabilité qu'elle est nouvelle sur le continent voisin, et réciproquement
si elle manque au continent, elle est probablement nouvelle dans
les îles. Les espèces cultivées de toute ancienneté en Europe (fraise,
framboise, chou, rave, etc.) sont cultivées depuis longtemps dans les îles
Britanniques; les espèces anciennes en Chine, et probablement aborigènes,
sont cultivées au Japon (thé, orangers, etc.); les espèces anciennes
dans l'Amérique intertropicale sont cultivées aux Antilles, etc. Même sur
chaque continent, l'extension et la généralité d'une culture sont des indices
assez certains de l'origine. Plus une espèce est utile à l'homme et aisée à
multiplier, plus cet argument a de force. Le nombre des variétés ou races
est encore un indice. Plus une espèce cultivée offre de modifications différentes
d,ans une partie du globe, plus il est probable qu'elle y est ancienne
et originaire. J'ai trouvé cependant en pratique ce genre d'indice moins
fort que les autres, je suppose, parce que les peuples font varier une
espèce, à des degrés différents, dans une même période, selon l'état de
leur civilisation.
Les méthodes historiques et linguistiques sont pour le moins aussi
bonnes. Quand on ne sait pas d'une manière positive, par témoignages certains,
si une espèce est originaire, ou introduite dans une région, il faut
voir la nature et le nombre des noms. L'existence d'un nom sanscrit,
hébreu, grec ou latin, est assez facile à constater, vu les recherches déjà
faites, et elle est très probante. Les noms celtes, slaves, germains, sont
moins aisés à découvrir; mais quand les espèces cultivées existaient jadis
en Europe et avaient des noms dans les anciennes langues non classiques,
il en reste ordinairement des traces dans les langues modernes et les patois
qui en dérivent. La diversité des racines parmi les noms vulgaires d'une
espèce, montre, ou une existence originelle sur de vastes pays avant
l'époque de la dispersion des peuples (grenadier, houblon, poirier), la
culture ayant alors commencé dans diverses régions; ou une confusion
probable de plusieurs espèces qui habitaient primitivement des pays divers,
et que les hommes auraient échangées et confondues (coton, lin, chou). En
tout cas, ces noms vulgaires doivent être consultés avec prudence. Ils sont
, utiles surtout quand ils ont une forme simple et originale, qui n'est pas
une comparaison ou une qualification venant de la forme ou de l'usage, et
quand ils ne sont pas un nom générique appliqué par un peuple à une
seule espèce. Ainsi, le mot Blé, Korn (allemand) est donné par certaines
populations au seigle, par d'autres au froment, ou même à l'orge, quand
ces espèces sont leur culture principale ou exclusive. Les noms indiquant
des pays d'origine sont souvent trompeurs (blé de Turquie, blé sarrasin,
etc.); mais ils ont au mòins le mérite d'indiquer une origine étrangère.
Avec ces précautions, et en s'aidant du secours des philologues, les noms
vulgaires sont quelquefois très concluants. Leur comparaison dans un
grand nombre de langues, abstraction faite de toute idée préconçue, est
extrêmement utile. C'était un de nos motifs, à mon père et à moi, pour
faire rédiger par Moritzi un Dictionnaire des noms vulgaires, d'après
les ouvrages de notre bibliothèque. Son manuscrit est souvent cité dans ce
qui précède, et l'on a pu voir tout le parti que j'en ai tiré,
§ 11. QUELLES ESPÈCES CULTIVÉES SONT CONNUES A L'ÉTAT SAUVAGE.
D'après ce qui précède, on peut classer les espèces en sept catégories.
r Retrouvées à Vétat sauvage, bien spontanées, et sans aucun doute quant
Cl l'identité spécifique.
Solanum tuberosum, L.
Dioscorea pentaphylla, L.
— bulbifera, L.
— aculeata, L.
— delloidea, Wall.
Iponioea mammosa, Choisy.
Brassica campestris, L. (etB. Rapa)
— Napus, L.
Raphanus sativos, L.
Daucus Carotta, L.
Pastinaca sativa, L.
Campanula Rapunculus, L.
Allium sativum, L.
Rubia tinctorum, L.
Cannabis sativa, L.
Medicago sativa, L.
Onobrychis sativa, Lam.
Trifolium pratense, L.
Brassica oleracea, L.
Cichorium Entybus, L.
— Endivia, L.
Rumex Patienlia, L,
Rumex acetosus, L.
Allium Cepa, L
Thea chinensis, Lour.
Ilex paraguariensis, St. Hil.
Indigofera argentea, L.
Erylhroxylon Coca, Lam.
Morus alba, L.
— nigra, L.
Humulus Lupulus, L.
Crocus sativus, L.
Anona squamosa, L.
— muricata, L.
— reticulata, L.
Citrus medica, Gall.
— Limonium, Gall,
Garcinia Mangostana, L.
Mammea americana. L.
Vitis vinifera, L.
Anacardium occidentale, L.
Fragaria vesca, L.
Rubus idseus, L.
Prunus avium, L.
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