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1 3 0 0 DIVISION DES SURFACES TERRESTRES EN RÉGIONS NATURELLES.
iients et des îles par de vastes étendues de inerj et la limite des neiges
perpétuelles, sont des laits de premier ordre, puisque la mer et les neiges
sont des obstacles à l'établissement et au transport des espèces. Malheureusement,
les autres circonstances de géographie physique sont susceptibles
d'une infinité de combinaisons et de modifications qui rendent les
distinctions de régions fort arbitraires. Ainsi, d'après la température
seule, on peut établir des zones selon les moyennes de l 'année, ou des saisons,
ou des mois, selon les sommes au-dessus de chaque degré de température,
selon les extrêmes de l 'année, des saisons, des mois, et selon l'étendue
des variations. Toutes ces conditions influent sur les plantes, par conséquent,
toutes les régions fondées sur l'une quelconque de ces données
auront des caractères particuliers de végétation. L'humidité présente les
mêmes variations et n'a pas une importance moindre. La durée desjours^
la présence et la durée des neiges sur le terrain, et d'autres circonstances
physiques peuvent aussi influer. On voit que les conditions de cette nature
sont excessivement nombreuses, qu'elles se croisent et se combinent de
mille manières,et qu'en définitive, quand on descend dans les détails, elles
conduisent à des régions qui offrent partout des transitions, ou plutôt elles
aboutissent à un morcellement indéfini de la surface terrestre, chaque
localité ayant véritablement des conditions physiques un peu différentes de
celles des localités voisines. En résumé, d'inmienses régions, fondées
sur la distinction des continents et sur les zones équatoriales, tempérées,
polaires, et pour chacune d'entre elles des subdivisions jusqu' à un certain
point arbitraires et certainement en nombre illimité, voilà ce qui résulte de
considérations purement géographiques et physiques.
De Candolle (a) a cherché dès 1820 une division du globe fondée sur
des considérations essentiellement botaniques. Il était frappé de cette circonstance
qu'étant donnés deux points, très analogues sous le rapport de la
température et de l'humidité, mais éloignés Fun de l'autre; se trouvant,
par exemple, l'un dans l'Amérique équinoxiale, l'autre dans l'Afrique également
équinoxiale, les espèces des deux flores peuvent être toutes ou
presque toutes différentes, du moins les espèces phanérogames. En étudiant
les causes de transports de graines, il croyait pouvoir expliquer le
petit nombre d'espèces qui se trouvent communes à des localités fort
éloignées. Il concluait de là qu'il existe des régions botaniques, c'està
- d i r e (b) « des espaces quelconques qui, si l'on fait exception des espèces
(a) Essai élémentaire de géographie botanique, dix-huitième volume du Dict, des
se, nat,
(b) IbkL, p. ">2 des exemplaires tirés à pnrt.
DIVISION DES SURFACES TERRESTRES EN RÉGIONS NATURELLESintroduites,
offrent un certain nombre de plantes particulières, qu'on
pourrait nommer véritablement aborigènes. » Passant ensuite à l'application,
il énumérait vingt régions, et ajoutait qu'il en existe peut-être
davantage, et que les limites de plusieurs d'entre elles sont ou inconnues^
ou incertaines.
En m'appuyant sur les mêmes idées, c'est-à-dire principalement sur les
espèces propres à certains pays et sur leur proportion relativement aux
espèces plus répandues, j'étais aiTivé, en 1830, à distinguer une cinquantaine
de régions (a). Chaque région devait être un espace de pays borné,
autant que possible, par des limites naturelles, et tel que les espèces qui
lui sont propres fussent au moins la moitié de toutes celles qu'on y trouve.
J e m'aperçus bientôt (b) que l'inégalité extrême de l'aire des espèces
dans les différentes parties du monde obligerait à distinguer des régions
plus nombreuses et surtout plus inégales, si l'on voulait adopter ce système
complètement.
Il y avait au fond, dans notre manière de voir, l'arrière-pensée de créations
d'espèces dans des centres déterminés et séparés. C'était baser une
division sur un principe vrai en thèse générale, mais vague et incertain à
plusieurs égards et pour les détails. A ce défaut s'enjoignaient d'autres qui
se sont révélés promptement . On oubliait trop, dans ce temps, combien les
localités explorées par les voyageurs étaient rares et isolées. Les collections
présentaient pour chaque pays une multitude d'espèces nouvelles, et
en même temps les points intermédiaires étaient inconnus et ne comptaient
en quelque sorte pour rien. On semblait les regarder comme des mers ou
des déserts, au lieu de penser qu'ils pouvaient avoir eux-mêmes des espèces
propres et donner lieu à des mélanges entre les espèces de régions voisines,
distinctes en apparence. La nature des cartes de géographie encourageait à
cette sorte d'illusion. Je me rappelle très bien l'époque où le Texas ne présentait
aucun nom de ville, aucune ondulation du sol, absolument rien autre
qu'un grand espace blanc qui séparait les États-Unis et le Mexique. Les
plantes de ces deux pays étant d'ailleurs presque toutes différentes, on
s'habituait à regarder la zone intermédiaire comme un Sahara, tandis que
c'est une succession continuelle de prairies fertiles, ayant aussi leurs
espèces et formant, ou une transition, ou un centre, comme on voudra l'appeler.
Le désert du Sahara lui-même ne fera bientôt plus l'impression qu'il
(ait encore sur les esprits, car on commeiice à indiquer les oasis dans les
cartes, et l'on entend parler fréquemment de villes situées dans ces oasis.
(a) Monographie des Campanulées, in-i, p. 70 et 80.
(b) Introduction à Vétxide de (a botanique, 18-^5, vol. U, p.
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