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1058 ORIGINE PROBABLE DES ESPECES SPONTANEES ACTUELLES.
entre ces régions est presque impossible à supposer; et de plus, la naturalisation
de nouvelles espèces est, pour ainsi dire, sans exemple dans ces
régions polaires ou alpines (p. 705, 799). La cause doit donc être antérieure.
5 . Les plantes aquatiques mûrissent souvent leurs graines au fond de
Feau, et quelquefois ces graines sont pesantes (Nymphéacées). Les plantes
de marais et de lieux humides ont souvent des graines lisses, passablement
grosses, dont le vent ne peut pas s'emparer (Cypéracées, Alismacées,etc.).
L'homme n'a guère d'intérêt à les transporter, et le mélange accidentel de
graines de ces espèces avec les graines de céréales n'est point probable. La
plupart de ces plantes aquatiques ou de lieux humides ne vivent pas dans
l'eau salée. Malgré cela, rien n'est plus commun que de les trouver distribuées
dans des bassins hydrographiques différents, séparés par de hautes
chahies de montagnes, ou dans des îles et sur des continents plus ou moins
éloignés. Ce sont même, parmi les espèces phanérogames, celles qu'on
trouve le plus fréquemment dans des régions très distantes (998, 56Zi
et 583).
6 . Certaines régions que la mer sépare aujourd'hui présentent plus
d'espèces communes entre elles que la distance et la nature des climats ne
l'auraient fait supposer. Ainsi, le Chili et la Californie, l'Espagne et les
vallées chaudes du Caucase ou la Perse, la péninsule indienne et les îles de
l'Afrique australe ont assez d'espèces communes, en dépit de la distance.
Inversement, la Nouvelle-Zélande et la Nouvelle-Hollande, le Congo et le
Brésil, le Cap et les îles Mascareinhes, le Cap et la Nouvelle-Hollande,
paraissent avoir moins d'espèces communes que la distance et les différences
de climat ne pouvaient le faire présumer. D'un autre côté, on voit des terres
extrêmement rapprochées, dont le climat est analogue, présenter quelquefois
des espèces distinctes en assez forte proportion. Tel est le cas des
quatre îles de l'archipel des Galapagos (Hook, f., Trans, soc. Linn.,
V. XX), des diverses îles du groupe des Canaries, et les îles Canaries comparées
à Madère.
7 . Quelques pays sont remarquables par un nombre extraordinaire
d'espèces et de genres pour une surface donnée (le Cap, le Brésil, etc.);
d'autres sont d'une pauvreté singulière (région arctique, Sahara, plaines
de l'Inde, etc.) H est difficile de ne pas attribuer ces différences, en partie
du moins, à des causes antérieures.
8 . Les espèces d'une organisation simple ont ordinairement une aire
très étendue, quoique leurs graines ne soient pas toujours plus faciles à
transporter que d'autres, et que leur faculté de résister à différents climats
ne soit pas constamment bien grande (Graminées, Cypéracées, Jon-
PREUVES DE L'ANGn^_:NNETÉ DES ESPÈCES. 1 0 5 9
cées, Polygonées, Papavéracées, Renonculacées, etc., p. 519, (30Zi). D'un
autre côté, certaines espèces plus parfaites, douées quelquefois de moyens
assez évidents de diffusion et pouvant résister assez bien à des conditions
extérieures de diverses natures (Composées, Rubiacées, Iridées, etc.), ont
une aire restreiute. En d'autres termes, pour plusieurs catégories d'espèces,
l'extension géographique n'est pas telle que les moyens de transport
et la manière de vivre l'auraient fait supposer (p. /i99, 519, 605).
Ainsi, la présence de chaque espèce dans une région plutôt que dans
une autre; leur abondance dans certaines localités; l'extension, et surtout
la disjonction d'espèces privées de moyens actifs de transport ; la nonextension
d'espèces douées, au contraire, de graines faciles à transporter;
certaines analogies et certaines différences entre les flores de plusieurs
pays; et leur richesse relative en formes distinctes, tous ces phénomènes,
si importants, ne s'expliquent pas au moyen de l'état actuel des choses. Ils
nous obligent à remonter à un état antérieur, c'est-à-dire aux différentes
phases de l'époque dite quaternaire par quelques géologues, peut-être même
plus haut.
Un savant ingénieux, dont la mort prématurée excite de sincères regrets,
Édouard Forbes (a), était entré résolument dans cette voie. Les opinions
qu'il a émises, quelque ingénieuses qu'elles soient, ne sont cependant que
des hypothèses, concernant une seule région du globe, et applicables aune
partie seulement des phénomènes dont je viens de parler. Je dois donc
me proposer ici un but plus général, celui de sonder les bases mêmes de
ces hypothèses, d'en discuter le degré de probabilité et de les comparer
avec d'autres théories plus ou moins répandues. En d'autres termes, j e dois
rechercher quelles hypothèses concordent le mieux avec les faits, et jusqu'à
quel point elles s'appliquent aux différentes catégories de végétaux, aux
différentes régions (b) et aux phénomènes dont l'état actuel du globe ne
rend pas compte.
§ I L PREUVES DE L'ANCIENNETÉ inSTOPJQUE ET INDICES DE L'ANCIENNETÉ
GÉOLOGIQUE DE LA PLUPART DES ESPÈCES ACTUELLES.
Les espèces qui composent actuellement le règne végétal, ou du moins
la majorité d'entre elles, paraissent remonter à un temps reculé, antérieur
à plusieurs des faits actuels géographiques et physiques. On peut le démon
trer soit à priori, soit d'après quelques observations des géologues.
(a) Dans un mémoire lu à rAssociation britannique des sciences, en 1845, et surtout
dans ropuscule intitulé : On the connexion hetween the distribution of the existing I^auna
and Flora of the British Isles and the geological changes which have affected their area
especially diiring the epoch of the northern drift (dans Mem. of geol. survey, iMh]
Annals ofnat. hist., et tiré à part).
(fi) Voyez chap. xxvi.
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