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1 3 2 0 VÉGÉTAUX DE DIVERS PAYS AU POINT DE VUE DES OUIGIINES.
répandues ûssez uniformcnient dans la Grande-Bretagne et mcme en Irlande,
comme sur le continent. Si je ne fais pas ce calcul, c'est que les espèces
de date probablement ancienne ne forment pas un groupe suffisamment
distinct parmi les Phanérogames.
Ce serait une conclusion bien grave de dire que nos espèces européennes
les plus récentes ont été créées depuis la séparation des îles Britanniques.
Avant de s'arréler à une opinion aussi nouvelle, il faut scruter les faits et
voir s'ils ne peuvent pas s'expliquer de plusieurs manières.*
On objectera d'abord que les Composées et Dipsacées sont des plantes
qui aiment la sécheresse, ou du moins qui redoutent assez ordinairement
riiumidité. Elles pourraient à ce point de vue etre exclues des îles occidentales
par une humidité trop grande de ces régions. Cela serait vrai si
j ' a v a i s mis la flore de Hongrie, de Suisse ou même de l'intérieur de
l'Allemagne en opposition avec celle d'Angleterre; mais la Hollande, le
Danemarck, la côte nord-ouest de l'Allemagne, sont des pays extrêmement
humides, où les pluies sont à peu près connue dans les îles Britanniques
(voy. p. 90, 211, 36/i) et dont le sol est généralement bas et imprégné
d'humidité. Le défaut de chaleur en été, dans les îles à l'ouest de l'Europe,
est un obstacle plus réel (voy. p. 6/i, 66). Il faudrait donc étudier une à
une les espèces qui existent en Hollande et en Danemarck et qui manquent
aux îles Britanniques, puis celles de la Grande-Bretagne qui manquent à
l'Irlande, comme je l'ai fait pour quelques espèces prises dans diverses
familles (chap. iv). On trouverait, j'en suis persuadé, plusieurs Composées,
Dipsacées, Campanulacces, etc., dont l'absence au delà de la Manche
et du canal de Saint-George ne peut s'expliquer par aucune des conditions
du climat actuel. Le hasard m'a fait trouver des faits de ce genre concernant
d'autres plantes, par exemple YÂbies pectinata (p. 92), VAbies
excelsa (p. 193) et le Coloneasler vidgaris (p. 2/ï/i).
Lorsque, après beaucoup de recherches, on est arrivé à constater un fait
pareil, on n'est pas encore très avancé. Il se peut que l'espèce n'ait pas pénétré
dans les îles Britanniques à cause de l'interposition d'un bras de mer, ou
depuis sa création, ou, plus simplement, depuis sa diflusion sur le continent.
Il se peut encore qu'elle ait existé autrefois en Angleterre et qu'elle
en ait disparu par une cause inconnue et passagère ; ainsi les Abies excelsa^
Abies pectinata et Pi^ius Mughus ont été retrouvés fossiles dans des
terrains quaternaires de la Grande-Bretagne (p. 157, 807 et 1315), et le
Cotoneaster vulgaris, isolé dans le pays de Galles, pourrait être un reste
d'une habitation plus étendue. Évidemment ily a eu, pendant l'époque quaternaire,
une cause d'extinction de certaines espèces continentales. D'après
l'exemple des Abies, qui végètent parfaitement en Angleterre de nos jours,
OlUGINES PROBABLES DES ESPÈCES EUROPÉENNES ACTUELLES. 1321
il faut qu'à une époque voisine de la formation du Pas-de-Calais , le climat
ait été plus humide ou moins chaud en été, en un mot plus maritime,
qu'il ne Ta été ensuite et qu'il ne l'est à présent. Cette cause peut avoir
exclu des Composées, Dipsacées, etc., qui seraient revenues ensuite en
Hollande ou dans l'Allemagne occidentale, parce que leur transport est
aisé sur terre ferme.
Il y aurait, c»o mme on voit, des recherches très intéressantes a faire sur
les espèces qui existent en Hollande et dans le nord-ouest de l'Allemagne
ou le Danemarck, depuis un temps en apparence indéfini, et qui manquent
aux îles Britanniques, sans cause actuelle. Probablement elles se sont
répandues sur le continent depuis l'existence du Pas-de-Calais. Cette recherche
serait le complément de celles que j'ai faites sur les espèces introduites
dans la Grande-Bretagne depuis l'époque historique (p. ôM). On
verrait ensuite, d'après leur habitation, si elles viennent de Sibérie ou du
sud-est de l'Europe. J'aimerais me livrer à ce travail, mais je vois qu'il
faudrait y consacrer au moins une année et le temps me presse.
La distribution actuelle de nos plantes aquatiques d'Europe semble remonter
à une époque antérieure à l'existence des Alpes, même des Pyrénées,
et à la séparation de l'Angleterre et de l'Irlande, de la Corse et des
autres îles principales de la Méditerranée, car des inondations subséquentes
n'auraient pas pu transporter des graines d'un côté de ces grandes chaînes
à l'autre ou à travers de l'eau salée. La distribution surtout des Nymphoea
alba et Niiphar luteum dms les eaux de toutes les parties de l'Europe est
très importante, puisque les graines de Nymphéacées sont grosses et ne
peuvent point être transportées par les oiseaux. C'est un fait correspondant
à la distribution de plusieurs poissons d'eau douce dans des bassins hydrographiques
bien séparés. Beaucoup de plantes demi-aquatiques ont pu être
répandues à la même époque, par les mêmes causes. Il ne faut pas attribuer
leur habitation étendue à ce que les eaux ont une température plus
égale que l'air d'un pays à l'autre. Nous voyons tous les jours des plantes
qui manquaient à une région s'y naturaliser; donc les espèces ne se trouvent
pas là où elles peuvent réussir ; elles se trouvent dans les pays où elles
ont été placées dès l'origine ou quelquefois transportées dans une série de
siècles et où les conditions leur ont permis de vivre jusqu'à présent. Si l'on
ne veut pas admettre une dispersion déjà ancienne des espèces aquatiques,
il ne reste qu'une ressource, celle de supposer des individus multiples
et assez dispersés de chaque espèce à l'origine. Du reste, en admettant
cette origine multiple, l'ancienneté d'existence pour des plantes de
cette nature est trop probable pour négliger l'influence des événements
géologiques subséquents.
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