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1 3 0 / i i DIVISION DES SURFACES TERRESTRES EN REGIONS NATURELLES.
donné des divisions par régions, les nnes très bornées et locales, les autres
d'une étendue qui les élève au rang des régions générales admises par
Scliouw. La division du Brésil, par M. de Martius (a), en est un exemple
important, d'autant plus que l'auteur indique à Toccasion du Brésil, une
division botanique du continent tout entier de l'Amérique méridionale.
Meyen (6), dans sa Géographie botanique, s'est contenté de diviser le
globe en zones équatoriale, tropicales, subtropicales, etc. ; puis, d'après
l'élévation au-dessus de la mer. Il part de là pour donner, d'une manière
difiuse et incomplète, un aperçu de la végétation de chaque zone horizontale
ou verticale.
M. B. Brown a comparé souvent des ilores de pays tantôt éloignés,
tantôt rapprochés, les uns restreints, les autres fort étendus. l\ ne paraît
pas admettre une division de la terre selon des régions botaniques précises
et naturelles. J e n'ai rencontré, du moins, dans ses ouvrages, aucune allusion
à l'existence de semblables régions, envisagées comme un fait applicable
à tous les pays.
Celte revue de l'opinion des auteurs conduit à des résultats assez
frappants.
En effet, les uns n'admettent point de division générale et positive par
régions; les autres en admettent, mais alors ils partent de principes divers
et arrivent à des régions complètement différentes. J e vois même qu'ensuivant
tel ou tel principe, on conclut à des régions plus ou moins nombreuses,
qui ne sont presque jamais semblables.De Candolle, Schou\v(i^® époque)^
Schouw(¿''époque), Grisebach, Lindley, Bentham, Frankenheim, de Martius,
Hinds, et moi-même, avons examiné séparément la question, et sommes
parvenus à des régions dont le nombre relatif varie de 1 à 3 , et dont peutêtre
pas une seule n'est identique dans la majorité de nos ouvrages. Qu'est-ce
donc qu'une division de cette nature? Elle doit être arbitraire et artificielle,
en grande partie. Certainement, lorsqu'une division part de principes vrais,
il n'en découle pas des diversités pareilles d'appréciation. Voyez pour
la classification relative aux formes : les | peut-être des espèces admises
par Bauhin sont restées dans les livres, la majeure partie des genres de
Tournefort est admise de nos jours. Yoilà pour des associations vraiment
naturelles. A mon avis, toute classification dont les résultats principaux ne
sont pas reconnus par la majorité des auteurs, même par ceux qui partent
de points de vue différents, n'est pas une classification naturelle.
J e tiens donc les divisions du globe par régions, proposées jusqu'à
(а) Dans Gramineoe brasiL, in-8, p. 545; dans Flora bot. Zeit., 1837, p. 506 ;
Gelehrte Anzeigen, 1837, n. î28, exti-ait dans Wikstr, Jalir. Ber., 1837, p. 233.
(б) Gnmdri^s ôer Pflanzengeographie, i vol. i n - 8 , p. 1 8 9 .
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présent, pour des systèmes artificiels en grande partie. Les règles en sont
trop arbitraires, et les régions obtenues ne sont ni semblables dans la majorité
des livres, ni reconnues par le consentement du plus grand nombre des
botanistes.
Elles ont nui à la science, comme cela arrive presque toujours quand
une division artificielle est considérée comme naturelle. Ainsi, on a pris
beaucoup trop l'habitude de citer telle ou telle région comme la patrie d'une
espèce, tandis que d'ordinaire une espèce s'étend sur une petite partie de
la prétendue région, ou quelquefois la dépasse et empiète sur ce qu'on
appelle une autre région. Parmi les espèces qu'on dit vivre dans la région
delà mer Méditerranée, il y en a peu qui s'étendent de l'Espagne à la
Syrie, ou du Maroc à la mer Noire. Dans les régions réputées les plus
naturelles il en est de même : par exemple, dans l'Afrique australe, une
multitude d'espèces, qu'on dit du Cap^ ne croissent pas autour de la ville
du Cap, et un très grand nombre de celles du Cap ne s'étendent pas dans
les districts de l'intérieur ou vers Port-Natal; tandis qu'un certain nombre,
il est vrai un nombre assez petit, se retrouvent dans l'Afrique intertropicale
et même en Abyssinie. Les genres, les familles, qu'on dit souvent
propres à une région, le sont généralement moins qu'il ne semble. On
oublie trop combien les espèces, les genres et les familles sont des groupes
dont les habitations se pénètrent mutuellement, se mélangent et s'étendent
chacune sur des surfaces inégales et diverses, de manière à couvrir le
monde entier d'un réseau à mailles très inégales. Le progrès des découvertes
donne un démenti continuel à ces divisions du globe par régions
positives et distinctes. Il n'est pas un auteur de Flore qui ne trouve la province,
la district ou l'île dont il s'occupe une sorte de région naturelle,
distincte des pays adjacents, ou qui ne divise l'espace qu'il considère en
régions, dont Schouw ne parle pas, et qui ont cependant des caractères
particuliers (a). D'un autre côté, une foule de voyageurs, lorsqu'ils passent
d'une région à l'autre, et surtout quand ils pénètrent dans des pays
non explorés, intermédiaires entre ceux déjà connus, ne peuvent s'empêcher
de dire : telle flore constitue une région botanique intermédiaire.
De fait, il y a partout, dans les phénomènes physiques et dans les caractères
de végétation qui s'y rattachent, des transitions, bien plus que des
sauts brusques et évidents. En marchant du Labrador à Terre-Neuve, et
de Terre-Neuve à la Floride, où sont les limites naturelles, évidentes,
incontestables, de température, d'humidité, de végétations diflerentes?
(a) Voir surtout la division du Cap en cinq régions et vingt sous-régions par E. Meyer
(Zwei Pflanz. geogr. Docuni.). Plusieurs des sous-régions sont plus distinctes entre eUes
d'après les règles posées par Schouw, que la région de la Méditerranée nr^ Test fie TKurope
tempérée, ou l'Europe tempérée de la Sibérie,
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