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1 3 0 8 DIVISION DES SURFACES TERRESTRES EN REGIONS NATURELLES.
d'ordre divers, compris les uns dans les autres. Dans le cas actuel, nonseulement
on ignorait des éléments importants, mais encore on a voulu
établir vingt régions, ou cinquante régions, supposées d'importance analogue,
en laissant de côté les divisions supérieures et inférieures, qu'on
sait bien exister cependant. On a cherché à constituer quelque chose comme
les groupes appelés familles dans la classification botanique, sans parler
des autres groupes appelés classes, genres et espèces. Or, tout se lie dans
une classification naturelle, et il est impossible de bien établir un groupe
sans voir sa place dans le groupe supérieur et ses subdivisions en groupes
subordonnés.
L'état de la science est loin de permettre une classification botanique
des pays selon ces principes de toute méthode naturelle. On peut cependant
apercevoir les traits généraux d'une bonne division de la terre sous le
point de vue botanique. Certaines considérations d'un ordre élevé qui
nous sont devenues familières par les chapitres précédents peuvent et
doivent nous diriger.
Tous les faits de botanique géographique se rattachent à deux catégories
de causes : 1" à des circonstances antérieures à l'ordre de choses
actuel, c'est-à-dire à des faits de création et de répartition antérieure des
formes végétales, combinées avec la disposition géographique successive
des terres qui pouvaient se couvrir de plantes ; 2° aux climats qui existent
depuis quelques milliers d'années, et en général aux circonstances variées
de notre époque, lesquelles arrêtent, restreignent, ou étendent les formes
végétales cà la surface des îles et des continents tels qu'ils existent aujourd'hui.
La première de ces deux catégories de causes est probablement la plus
importante, mais c'est la moins claire, la moins facile à étudier, au moins
sous certains rapports. On en tient compte, en partie, lorsqu'on s'attache
aux divisions actuelles des surfaces terrestres, car elles remontent fréquemment
à des époques géologiques antérieures. Il est bon de comprendre
qu'en distinguant, par exemple, l'ancien et le nouveau monde, les
zones équatoriale, tempérées sèches, tempérées humides, etc., le motif
dirigeant n'est pas d'employer des divisions plus ou moins commodes,
ni de suivre aveuglément certains usages; le motif est de rattacher
des faits essentiels de géographie botanique à leurs véritables causes,
savoir la disjonction des deux groupes de continents depuis une époque
antérieure aux êtres organisés actuels, et l'inHuence actuelle des climats.
Ajoutons, en nous fondant sur l'observation, que la séparation des terres
et leur éloignement, sont des conditions plus puissantes de différences de
végétation que les conditions présentes des climats.
DIVISION DES SURFACES TERRESTRES EN RÉGIONS NATURELLES. 1309
Ces dernières ne sont pas seulement les moins importantes, elles sont de
plus excessivement variées, et j'ai déjà fait remarquer qu'elles se perdent
dans une infinité de complications et de transitions. Les subdivisions botaniques
les suivent dans cette voie embarrassante. Aussi, après la grande
division de l'ancien et du nouveau monde, qui n'offre d'ambiguïté que dans
la zone polaire où les continents se confondent et où des événements antérieurs
ont, établi une grande similitude des êtres organisés, les divisions
moins vastes tirées du climat, et surtout les subdivisions de celle-ci deviennent
de plus en plus embarrassantes. Il en est de cela comme des groupes
concernant la forme des végétaux : tout le monde admettes grandes classes,
même les familles ; on conteste plusieurs genres ; on conteste bien plus
d'espèces encore; enfin, quand on arrive aux subdivisions des espèces, on
est absolument dans le vague, personne ne pouvant se flatter de les connaître
toutes et de les caractériser clairement.
Le moyen rationnel de représenter la complication extrême des faits en
géographie botanique, c'est de multiplier les groupes subordonnés, en
d'autres termes de diviser et subdiviser beaucoup, jusqu'au point d'arriver
à des districts, à des îles fort petites, qui ont aussi leurs caractères
de végétation. Les principales divisions géographiques, c'est-à-dire
les terres, grandes ou petites, éloignées les unes des autres, se divisent,
pour la plupart, en régions fondées sur les climats, lesquelles se subdivisent
en régions d'importance moindre, mais analogues à celles admises par
Schouw. Ces régions se subdivisent encore, presque toujours, géographiquement
et botaniquement, en provinces, groupes de montagnes,
archipels ou îles séparées; lesquelles se Composent encore de districts de
montagnes ou d'îles ; enfin, on arrive aux localités qui sont ici le terme
extrême, comme les individus dans la classification botanique.
Je n'essaierai nullement de proposer une division fondée sur ces bases
naturelles. Ce serait un travail impossible, puisque pour la plupart des
pays on ne connaît encore qu'une petite partie des caractères de végétation.
Dans l'état actuel de la science, il faut se borner à comparer, quand on le
peut, une végétation contenue dans des limites de géographie physique
avec d'autres, sans s'inquiéter si les pays dont on s'occupe doivent figurer
dans une classification générale, comme grandes régions, comme régions
sous-régions, districts, etc. Quel que soit le degré dans cette hiérarchie
d'une classification naturelle à créer, chaque réunion géographique de
végétaux offre certains caractères, certains rapports et certaines difl'érences,
quand on les compare avec des végétaux de pays différents. Contentons
nous de ces observations partielles. De leur ensemble, mais dans
un avenir éloigné, lorsque les Flores locales seront infiniment plus nomi
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