700 CllANGKMK.NTS OANS ì/11 AlUTATlOiN IHiS ESPÈCES.
(•limai disparnissenl plus aisóììieiil. On sait d'nilleiìvs que les extrêmes,
dans tes conditions physiques du pays, se présentent à des intervalles si
éloignés (jue, pour considérer une espèce comme vraiment étalilie, il faut
qu'elle ait vécu dans le pays pendant la durée d'une génération d^hommes.
INous savons par un siècle d'expérieiice combien ces espèces étrangères
périssent inévitablement après queb]ues lustres, et conniient elles sont
remplacées par d'autres, destinées aussi à jiérir. » Evidemment, dans ces
pays septentrionaux, les espèces (juej'ai appelées sont beaucoup
plus nombreuses que les espèces naturalisées. En d'antres termes, sur le
nombre des espèces que les causes de transport font paraître de temps en
temps, une très petite quantité parvient à s'établir, et encore les circonstances
extrêmes dn climat, qui arrivent à des époques irrégulières, quelquefois
fort éloignées, ne permettent-elles pas de considérer ime naturalisation
comme bien réelle avant un laps de trente ou quarante ans. Il est
donc très dillicile de dire s'il y a en, depuis l'époque de Linné, des espèces
complètement naturalisées en Suède. Eu tout cas, elles sont si peu
nombreuses qu'on ne pourrait en tirer aucune conclusion générale (a).
La flore des iles de la Méditerranée serait très intéressante à étudier au
point de vue de l'origine probable de certaines espèces qu'on peut croire
étrangères à TUalie et même à l'Europe. On y trouverait, comme ailleurs,
de forts a rgument s contre la probabilité des transports par le vent, lamer ou
par les oiseaux, et comme conséquence, on arriverait à des idées plus justes
sur l'origine des espèces partagées entre l 'Europe méridionale et l'Afrique,
ou l'Espagne et l'Asie Mineure. Il ne m'est pas possible d'entreprendre un
travail aussi considérable, pour lequel rien n'a encore été préparé. Je me
11
(a) A la lin du Flora Siieclca, Wahlenberg énunière cent espèces phanérogames,
qui ont paru de temps en temps dans le pays, ou dont Texistence est plus ou moins problématique.
Ce sont des plantes pour la grande majorité adventives, et encore venant quelquefois
dans les terrains cultives. On pourrait pent-eire en signaler deux ou trois qui
paraissent naturalisées, dans le sens complet du mot, à cause de leur ancienneté et de
leur spontanéité dans la campagne ; cependant je ne me hasarderai pas à les indiquer,
puisque Wahlenberg lui-meme, vivant dans le pays et après une longue carrière d'observations,
ua pas pu certifier une naturalisation accomplie. Je me borne à remarquer, que
d'après ce tableau, les seuls moyens de transport qui aient été connus pour ces espèces
adventives, sont le dépôt du lest des navires, l'achat par les cultivateurs de graines à
l'étranger, surtout la culture préalable dans les jardins. Le seul cas dans lequel WaidenbergmenUonne
un transport parles courants est celui du Ghelidonium Glaucium (Glauciuni
lute^um, Scop.j dont il dit (p. 1082) « an itoqiie pershtens, si undis de novo non adporialur?
)) De transports par les coups de veut ou par les oiseaux, je n'en ai vu aucune
mention, ni dans cet ouvrage, ni dans d'autres concernant la péninsule Scandinave.
La Flore plus récente de M. Hartmann {SJwMinaviens Flora, i vol. in-8, 1849) se
termine aussi par une enumeration d'espèces les unes adventives, les autres naturalisées,
d'autres enfin purement cultivées, qi:oique sans la volonté de Thomme. Leur nombre est
de 86 pour les Phanérogames. Je puis d'autant moins faire le départ des espèces naturalisées,
que l'auteur a renoncé à fus age de la langue latine, qui avait été jusqu'à nos jours
un des mérites des savants suédois et une des causes de leurs succès.
Pli
NATURALISATION A PKTITK DISTANCK. 707
contenterai de citer nne leltre qne M. (¡ussotie a bien voulu m'écrire, en
réponse à mes questions sur des naturalisations en Sicile.
« j e ne connais, lÎit cet excellent observateui', aucun exemple d'espèce
inlroduite chez nous par les courants maritimes; loin de là, j'ai observé
des laits contraires à celte opinion. Ainsi, dans l'île d'Ischia, éloignée à
peine de deux lieues du continent, il manque beaucoup de plantes très
communes autour de Naples et de Pouzzole, quoique la nature dn terrain
soit la môme, qu'il y ait à Ischia des bois et des vallons; enfin, que les
conditions physiques soient les monies. Telles sont les suivantes : Calepiua
Corvini (a), Chenopodium ambrosioides (6), Mercurialis perennis (c),
Lamium llexuosum (c), Angelica sylvestris (c). Anemone apennina, Conium
maculatum (/i), Scabiosa Columna) (e), Festuca ligustica (/) ; et notez que
l'Angelica, le Conium et le Festuca cités, se trouvent dans les bois des
collines et dans les prairies maritimes du continent en lace d'Ischia,
que les graines ont une conforniation qui offre des lacilités pour être trans-
[)oi'lées par les vents ou par les eaux de la mer, et qu'en outre, on transporte
constamment de la terre ferme à File des fagots pour les fourneaux.
l)e même sur les côtes de Calabre, en face de la Sicile, qui en est si voi
sine, on trouve en abondance l'Anlhemis chia, les Dianthus tripunctatus el
Campanula nutabunda ( 9), qui manquent dans cette ile, quoique la nature
du terrain soit la môme et que les vents impétueux ne soient pas rares
dans le détroit du Phare, ainsi que des courants rapides et périodiques
d'une rive à l'autre. Ue môme encore, le Periploca angustifolia, malgré ses
graines à aigrettes, n'a point passé de File de Favignano à celle de Mariiiiiio,
qui n'en est distante que de deux lieues. D'après cela, comment pourrait
on alïlrmer ([u'un tel transport ait pu avoir lieu entre l'Afrique et la
Sicile, séparées paj' une distance bien plus considérable et entre lesquelles
il n'existe pas de forts courants périodi([ues comme dans le Phare?
» Je ne connais pas d'exemple de piaules apportées d'un pays éloigné
et propagées dans un autre par le moyen des oiseaux. Chez nous, les sites
où ils abondent ii'olfrent aucune espèce parliculière que Fou puisse considérer
comme introduite par cette voie. Je mentionnerai la côte méridionale
de la Sicile, de la Calabre, de Reggio et du cap Spartivento, de la
I-
(a) (^est une confirmation do Tintroduction de cette espèce en Europe, voy. p. 638.
{l}) D'origine américaine, voyez plus loin.
(c) Plantes des bois en Sicile, d'api'ès Guss., Syn. FL Sic.
(d) Trouvé en Sibérie au bord d'un ruisseau, près du mont Tarbagatai (Sievers, dans
Ledeb., Fl. AU,, ï, p. 303); en Europe, dans les décombres, près des villng'es, etc. Probablement
d'origine asiatique.
(e) Variété du Scabiosa columbaria, d'après Coulter.
(/') En Sicile, dans les paturages, principalement du bord de la mer (iliiss., Syn-)*
(g) Wablenber^ia nulabunda, A. DC., de Calnbre et de Sardaigne.