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; î 998 DES ESPECES DISJOINTES.
Lodoicea Sechellarumy Labill. (Coco dit des Maldives), qui est porté eu
quantité, depuis des siècles, de l'île Praliu et de l'île Ronde, des Seychelles,
aux îles Maldives^ sans jamais s'être établi sur ces dernières. D'après cela,
les exemples de Palmiers communs à Bourbon, Maurice et Madagascar,
à diverses îles Antilles, etc., ont de l'importance comme tenant, ou à des
causes antérieures de diffusion et de communications qui n'existent plus,
ou à la nmltiplicité originelle des individus de chaque espèce.
On voit par ce qui précède que les arbres à grosses graines ou a gros
noyaux, de familles différentes et de pays différents, offrent quelquefois,
malgré leur aire habituellement restreinte, malgré l'impossibilité presque
complète de moyens actuels de transports, ou la difficulté de naturalisation
après un transport accidentel, offrent, dis-je, des espèces disjointes, c'està
dire divisées entre des terres isolées les unes des autres. L'hypothèse la
plus probable à leur égard est celle de communications antérieures entre
les îles, soit par des isthmes, soit par des îles ou continents qui auraient
disparu depuis l'existence des espèces. Les îles où nous voyons des Palmiers,
des Chênes ou des Conifères communes avec d'autres pays, sont
toujours peu éloignées des continents, ou sont de grandes îles. Ce n'est pas
être bien hardi de supposer, par exemple, un état différent de l'archipel
des îles Mascareinhes, dans lequel les trois îles auraient eu des intermédiaires,
des points peut-être de jonction ou de rapprochement. De même
pour les îles de l'archipel indien, pour Ceylan et la péninsule indienne,
pour les Antilles, pour les îles Kuriles; enfin, pour les îles et péninsules
delà mer Méditerranée, et pour les îles Britanniques. Les géologues ont
souvent admis la possibilité de jonctions antérieures ou de configurations
différentes des terres dans ces parages, et plutôt que d'adopter les hypothèses
plus hardies d'individus et même de centres multiples dès l'origine
pour chaque espèce, on inclinera, je crois, dans le cas actuel, à la supposition
dont je viens de parler. Il n'en sera pas de même pour d'autres
catégories de plantes.
Je vais les considérer successivement, et pour chacune, je donnerai
d'abord Ips faits, puis les réflexions.
ARTICLE 111.
E S P È C E S AQUATIQUES,
g L EXPOSITION DES FAITS.
Renonculacées.
Le R a n u n c u l u s a q u a t i i i s , L. , est une plante essentiellement aquatique,
et en même temps dispersée dans des pays très vastes, quelquefois très
séparé? les uns des autres par des chaînes de montagnes pii des étendues
s.
ESPÈCES AQUATIQUES.
de mer, qui n'admettent guère la supposition d'un transport. Ainsi, on
trouve cette plante, avec la plupart de ses variétés, en deçà et au delà des
Alpes, aux Canaries (Webb, Phyi., I, p. 6), dans les îles de la mer Médi-
-.erranée (Sardaigne, Moris, FL\ Sicile, Gussone, Syn., etc.), en Europe,
en Islande (Hook., Tour, II, p. 327), et dans l'Amérique septentrionale.
Sur ce dernier continent, elle est assez isolée, car elle manque aux latitudes
les plus boréales, par exemple, au Labrador (Schleclit,, Ltnn., 1835,
p. iO/i). Elle manque aussi aux îles Féroé (Ch. Martins, Veg. Fer.) et
Shetland (Edmonston, Ann. of Bât., YII), c'est-à-dire aux pays par lesquels
une communication avec l'Islande et le Canada aurait pu s'opérer le
moins difficilement. Il est vrai qu'elle existe en Sibérie et jusque dans l'île
d'Unalaschka (Ledeb., Fl. Ross., I), et qu'elle existe peut-être dans la
partie voisine de l'Amérique, attendu qu'elle a été trouvée dans l'Orégon
(Torr. et Gray, FI.). Elle manque aux îles Açores (Wats., Lond. Journ.
of Bot., III et VI) et Madère (Lemann, liste manusc.), quoique vivant
dans des'pays analogues, par exemple, en Algérie et en Abyssinie (Rich.,
Tent. Fl. Abyss., I, p. h), où, par parenthèse, elle se trouve bien isolée.
Du reste, la variabilité de cette espèce, les divergences d'opinion qui existent
sur la manière de la définir, et la circonstance que ses carpelles
rugueux, flottants à la surface de l'eau (Vaucher, Hist. phys. pl. d'Eur.,
I, p. 36), se prêtent peut-être, dans l'opinion de quelques personnes, à
des transports par les oiseaux aquatiques, m'engagent à ne pas insister
sur les faits qui la concernent.
Nympkéacées.
Les plantes de cette famille sont intéressantes à étudier, parce que leur
distinction, comme espèces, est assez claire, et que, dans les pays où elles
existent, personne n'a pu les négliger. Leurs graines sont trop grosses et
trop lisses pour se prêter à des transports accidentels. Elles mûrissent au
fond de l'eau, et ne flottent que pendant la germination, d'après les
observations de Vaucher {Hist, physiol. pl. d'Europe, I, p. llh).
Le ivyniphaia aiba, L., se trouve en deçà et au delà des Alpes ; en deçà
et au delà des Pyrénées, qui sont une chaîne bien plus continue, aboutissant
de chaque côté à une mer. Il existe dans les îles de la mer Méditerranée,
comme la Sardaigne (Moris, FL), la Sicile (Guss., Syn.), et en Algérie
{Munh^, Fl.Alg., p. 52). On le trouve dans les îles Britanniques, jusqu'à
l'extrémité de l'Écosse (Wats., Cyhele) et aux îles Shetland (\Nais.,ibid.),
quoique Edmondston n'en parle pas {Ann. of nat. hist.,W.) et qu'il
manque aux Orcades (Wats., liste msc.), aux Feroë (Ch. Martins, Vég.
Fer.) et à l'Islande (Hook., Tour, H; Bab. Trans, Ed, soc., Ill, p. i7),
S;-
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