ORIGINE GÉOGRAPHIQUÍÜ DES ESPÈCES CULTIVÉES.
aussi Kastilez l mouillée), en Bretagne, et il fait venir ce nom de
Castille, comme si un fruii fort peu connu en Espagne et abondant dans le
nord, pouvait venir de la péninsule. Ces mots répandus à la fois en Bretagne
et hors de Bretagne, me semblent d'une origine celle, et à l'appui, je dirai
que, dans le Dictionnaire de Legonidec lui-même, Gardiz^ signifie en
breton rude, âpre, piquant, aigre, etc., ce qui fait deviner Tétymologie. Le
nom générique Ribes a donné lieu à d'autres erreurs. On avait cru reconnaître
une plante appelée ainsi par les Arabes; mais il vient plutôt d'un
nom très répandu dans le nord pour le Groseillier, celui de Ribs en danois
(Mor., Dici. ìnéd. des ìiorns vulg.)^ Risp et Reps en suédois (Linné, Fl.
Suec., n. 197). Les noms slaves sont tout différents et assez nombreux.
Olea curopsea, !.. — VOUvier se naturalise avec une grande focilité
partout où on le cultive. Devenu sauvage (var. sylvestris ou Oleaster)^ les
fruits sont plus petits et rien ne peut le distinguer d'individus qui auraient
été primitivement spontanés, de génération en génération. Le seul moyen
de reconnaître la patrie originaire est donc de voir où l'espèce a été d'abord
indiquée et cultivée. L'Olivier était un des fruits promis aux Hébreux dans
la terre de Canaan. Les livres sacrés le mentionnent si souvent comme
spontané et cultivé (Killer, ÍIierojjh.,\,\), 175,177; Rosenmüller, Handb.
hibL Alt. IV, p. 258) ; son fruit et son huile sont tellement liés aux usages
du peuple juif ; l'espèce est encore si commune en Palestine, qu'on ne peut se
refuser à voir dans la partie orientale de la région méditerranéenne le pays
d'origine de l'espèce. Du côté de l'intérieur de l'Asie, elle ne s'étendait pas
bien loin, car les Perses, du temps d'Hérodote, ne faisaient pas usage d'huile
d'olive, ce qui étonna les Grecs (Hérod.;Strab.; Reynier, Econ. des Perses^
p. 282). L'Olivier n'a pas de nom sanscrit (Pidd., Index). Il est donc très
probable que les Oliviers sauvages trouves dans le Caboul (Elphinstone, p. 46)
et dans les régions basses ou abritées des bords de la mer Caspienne (Ledeb.,
Fi. Ross., m, p. 38), proviennentd'une extension causée par les cultures.
La patrie primitive s'étendait probablement sur l'Asie Mineure, peutêtre
même en Grèce, car les plus anciens auteurs, Homère et Hésiode,
parlent fréquemment de l'Olivier et de son huile (Reynier, E con. des
Grecs^ p. /i/iO), et l'histoire de cet arbre se perd dans la mythologie des
Hellènes. Selon les Romains (Plin., 1. xv, c. 1), il n'en existait pas encore
en Italie, en Espagne et en Barbarie à l'époque de Tarquin l'ancien
(615 ans avant J.-G.), tandis qu'à celle de Pline on l'avait répandu dans
les Gaules et en Espagne,
Il est difficile de croire que l'introduction sur la côte septentrionale
d'Afrique ne fût pas très ancienne, si même l'espèce n'est originaire de
ce pays, comme de Syrie. Théophraste (â23 ans avant J,-G.), mentionne
ORIGINE DES ESPECES LE PLUS GENERALEMENT CULTIVEES.
les nombreux Oliviers de la Cyrénaïque (1. iv, c. 3). D'anciens voyageurs
aux îles Canaries, par exemple, Bontier, en 1/|03, ont indiqué l'Olivier
dans cet archipel, où M. de Buch( f a n a r . , trad. dans Arch. />o/.,I,p. 302),
et MM. Webb et Berthelot (Hist. nat, Can., Géogr. boi., p. /;8), le
regardent comme indigène, sans en donner cependant des preuves. On
peut soupçonner une extension primitive de l'espèce dans l'Afrique septentrionale
et jusqu'aux îles Canaries. Cependant, on peut croire aussi que
les Phéniciens et les Carthaginois auraient porté l'Olivier, de Syrie, dans
cette direction, de même que les Grecs l'ont porté plus tard sur les côtes
septentrionales de la mer Méditerranée. Les pieds sauvages seraient provenus
de pieds cultivés.
Comme indice du peu d'extension de l'Olivier dons les temps anciens
du côté de l'Ouest, je dirai que tous les noms vulgaires autour de la
mer Méditerranée dérivent de deux sources uniquement, savoir : le mot
EXata des Gfecs ou Olea des Latins, dont la base est dans la lettre 1;
et le nom hébreu Zait ou Sait^ qui a passé dans l'arabe Zailun (Ebn
Baith., trad., p. 5 / i 9 ) , Sjelun (Forsk., p. Lix). Les deux noms, grec et
hébreu, propagés sur les deux côtes, sont venus se réunir dans la péninsule
ibérique. Les Espagnols disent OUvo^ Oliveria^ et en Andalousie Acex}-
tunOy pour l'Olivier cultivé; Azebuche pour l'Olivier sauvage (Boiss., Voy,
Esp.^ II, p. Z|07). Les Portugais disent Oliveira pour l'Olivier cultivé et
Zambugeiro [a) pour le sauvage (Brot., FL Lusil., I, p. 10). De là aussi
cette singularité apparente de l'espagnol, que Aceyle signifie huile et non
vinaigre, si ce n'est quand il s'agit des saintes huiles (Santos oleos)^ qui se
rattachent au culte romain. Le mot Aceyte est exactement le mot hébreu et
arabe pour huile, Zeit ou Seit.
Il est évident, d'après cette marche des noms vulgaires, que l'Olivier
existait primitivement en Syrie et en Grèce; que les habitants de ces deux
pays ont commencé à en extraire l'huile et à cultiver l'espèce, sous des noms
originaux distincts; que les Hébreux, lesTyriens et ensuite les Arabes ont
porté l'Olivier sur la côte méridionale de la mer Méditerranée, comme les
Grecs, et ensuite les Romains, sur la côte opposée; enfin, que les deux
importations se sont confondues dans la péninsule ibérique, où il ne se
trouve aucune trace de nomcantabre, mais, au contraire, un mélange des
noms grec et hébreu. D'après cela, les très vieux Oliviers qu'on a trouvés
dans les îles Canaries viendraient d'une introduction par les navigateurs de
Tyr ou de Carthage, plutôt que d'une origine spontanée.
C h r j s o p h y i i u m Caînî to, L. —Le Caiïiitier OU Caïmiliev des Français,
Star apple des Anglais, est cultivé aux Antilles, depuis un temps
(a) Les Arabes d'Alger disent Zenboudje pour rOlivier sauvage (Munby, Fl, Alg.^ p. 2).
à