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8 5 8 OniGIiNE GÉOGRAI'IIIQUK DES ESPÈCES Cn/nVËES.
l'Asie occidentale. Les llomaiiis vantaient le safran de Cilicie; ils le préféraient
à celni cultivé en Italie (Pline,!, xxi, c. 6). L'Asie Mineure, la
l^erse et le Cachemir sont depuis longlcni])s les pays qui en exportent le
plus. L'Inde le reçoit aujourd'hui du (-acheniir (Hoyle, I I I . Him., p. 372).
Roxburgh et Wallich ne l'indiquent pas dans leurs ouvrages. Les deux
noms sanscrits mentionnés par Piddington { I n d e x , p. 25) s'apjiliquaient
probablement à la substance du safran importé de l'Ouest, car le nom
K a s m i r a j a m m a semble indiquer le pays d'origine Cachemir, et le nom
K u n k u m a peut avoir la même source que le nom persan l i e r h u m et le
nom hébreu K a r k o t n , mentionnés par lloyle (a). Le nom grec Koôxoç est
évidemment dérivé de ceux-ci; mais le nom S a f r a n , qui se retrouve dans
toutes nos langues modernes d'Europe, vient de l'arabe S a h a f a r a n
(J. Bauh., l l ù t . , II, p. 637), Z a f r a n (Royle, L c . ) . Les Espagnols, plus
près des Arabes, disent A z a f r a n . Le nom arabe lui-même vient de A s s f a r ,
jaune, d'après Mérat { D i e t . m a t . m é d . , II, p. 467).
Le Crocus sativus est spontané en Grèce (Sibth., P r o d r . ; Fraas, S y n .
F I . c l a s s . , p. 292; Herbert, dans J o u r n . o f h o r t k . S o c . , Il, p. 267) el
très vraisemblablement aussi dans l'Asie Mineure et la Perse. On l'indique
dans les Abbruzzes près d'Ascoli (J. Gay, cité par Babington, M a n . B r i t .
FI.). Sa culture, dont les conditions sont exposées d'une manière très intéressante
par M. de Gasparin { C o u r s d ' a g r i c . , IV, p. 207) devient de
plus en plus rare en Europe et en Asie (Jacquemont, V o i j . , III, p. 238).
Elle a eu quelquefois pour etTet de naturaliser, au moins pendant quelques
années, l'espèce dans des localités où elle semble sauvage.
C a r ^ v o p h y i i u s aromaticus. — Le giroiUer doit être originaire des
Moluques, ainsi que le dit Rumphius (II, p. 3), car la culture en était
limitée il y a deux siècles à quelques petites îles de cet archipel. Je ne
vois cependant aucune preuve qu'on ait trouvé le giroflier véritable, à pédoncules
et ])outons aromatiques, dans un état spontané. Rumphius regarde
comme la même espèce une plante qu'il décrit et figure (II, tab. 3) sous
le nom de Caryophyllum sylvestre, et qui se trouve spontanée dans toutes
les Moluques. Un indigène lui avait dit que les girofliers cultivés dégénèrent
en cette forme, et Rumphius lui-même avait trouvé un de ces girofliers
(a) Je remaniue unecertaiiic corirusiou chez les Arabes entre le sal'ran et le carthame,
dont les fleurs donnent aussi \me teinture jaune et ([ui est cultivé en Egypte, où le safran
ne l'est pas (Forsk., Delile, Ueynicr). Le nom du Carthannis tinctorius en arabe est (?ort
o m (Delile, I I I . , p. 2i), celui de la fleur de cette plante p ' s f o u r (id.), oe f f a r (Forsk.,
p . l u i ) . Le premier de ces noms rappelle le nom hébreu et'persan du Crocus ; le second
vient de sa couleur et de l'analogie avec le safran. I.e Carthame a reçu dans le commerce
le nom de s a f r a n o n ou f a u x s a f r a n . On voit dans les anciens auteurs (Coesalp , J. Bauh.,
m , p. 76), et déjà dans Pline, que des emplois analogues ont fait de tout temps rapprociier
et designer semblablement ces deux plantes.
ORIGINE DES ESPÈCES LE PLUS GÉNÉRALEMENT CULTIVÉES. 859
s y l v e s t r e s dans une ancienne plantation de girofliers cultivés. Cependant la
planche 3 de Rumphius dilTère de la planche 1 du giroflier cultivé, par la
forme des feuilles et des dents du calice. Je ne dis rien de la planche 2,
([ui paraît une monstruosité du giroflier cultivé. Rumphius dit que le giroflier
sylvestre n'a a u c u n e qualité aromatiiiue (p. 13); or, en général, les
pieds sauvages d'tine espèce ont les propriétés aromatiques plus développées
que celles des plantes cultivées. Sonnerat { V o y . N o u v . - G u i n é e ,
tab. 19 et 20) publie aussi des figures du vrai giroflier et d'un faux giroflier,
d'une petite île voisine de la terre des Papous; il est aisé de voir que
son faux giroflier difl'ère complètement par les feuilles obtuses du vrai giroflier,
et aussi des deux girofliers de Rumphius. Je ne puis me décider à
réunir ces diverses plantes sauvages et cultivées, comme le font tous les
auteurs (Thunb., D i s s . , U , p. 326; DC., P r o d r . , Ill, p. 262; Hook.,
B o t . m a g . , tab. 27/ i9; Hassk., C a l . h . B o g o r . A U . , p. 261). H est surtout
nécessaire d'exclure, la planche 120 de Sonnerat qui est réunie dans
le B o t a n i c a l M a g a z i n e . On trouve dans cet ouvrage et dans les dictionnaires
d'histoire naturelle l'exposé historique de la culture du giroflier.
E . P l a n t e s c u l t i v é e s p o u r l e u r s f r u i t s .
Anona squamosa, L. (en français P o m m e - c a n e l l e , M a r i e b a i s e ,
A l l i e r ; en anglais S w e e t s o p , s u g a r A p p l e , et dans l'Inde abusivement
C u s t a r d A p p l e ) . — La patrie de cette espèce, ainsi que d'autres anonacées
cultivées, a suscite des doutes qui en font un problème intéressant.
M. R. Rrown { B o t . C o n g o , p. 6) établissait en 'J818 le fait que toutes
les espèces du genre Anona, excepté l'Anona senegalensis, sont d'Amérique
et aucune d'Asie. Aug. de Saint-Hilaire { P l . u s . d e s B r é s . , 6' livr.,
p. 5) dit que d'après Yellozo, l'A. squamosa a été introduit au Brésil,
qu'il y est connu sous les noms de P i n h a , venant de la ressemblance
avec les cônes de pin, et d ' i /a, «évidemment emprunté aux noms A t t o a
et A t i s , qui sont ceux de la même plante en Asie, et qui appartiennent aux
langues orientales. Donc, ajoute de Saint-Hilaire, les Portugais ont
transporté l'A. squamosa de leurs possessions de l'Inde dans celles d'Amérique,
etc. » Ayant fait en 1832 une revue de la famille des Anonacées
{ M é m . s o c . P h y s . e t d ' h i s t . n a t . d e G e n è v e ) , je fis remarquer combien
l'argument botanique de M. Brown devenait de plus en plus fort, car
malgré l'augmentation considérable des Anonacées décrites, on ne pouvait
citer aucun Anona, et même aucune Anonacée à ovaires soudés qui fût
originaire d'Asie. J'admis (p. 19 du mém. tiré à part) la probabilité que
l'espèce venait des Antilles on de la partie voisine du continent améri-
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