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9 9 ^ nES ESPÈCES DISJOINTES.
ARTICLE II.
ESPÈCES LIGNEUSES A GROSSES GRAINES OU A GROS NOYAUX.
De toutes les plantes phanérogames, celles qui sont le plus rarement transportées
et naturalisées, sont les espèces ligneuses dont les graines ou les
noyaux ont un volume considérable. L'homme, qui est l'agent principal et
souvent involontaire des transports, ne peut pas emmener avec lui, sans s'en
douter, des fruits ou des graines d'un certain volume ; les quadrupèdes ne
peuvent pas les emporter sur leur pelage ou sur leur toison; les oiseaux ne
peuvent pas les avaler, sans les briser. Bref, le seul moyen de transport
possible, d'une terre à l'autre, est celui des courants. Il est certain que des
fruits de Cocotier, de grosses graines de Conifères ou de Légumineuses
peuvent être jetés par le vent ou entraînés par les fleuves dans la mer, et
de là être transportés à de grandes distances. Le coco des Maldives est
apporté par un courant des îles Seychelles, et les graines d'Entada scandens
le sont par le courant de l'Atlantique jusqu'en Europe. Mais si ce genre
de transports existe, la chance de naturalisation après le transport est infiniment
petite. Les grosses graines germent quelquefois difficilement; le
climat du pays où elles arrivent et le sable du littoral leur sont souvent
contraires; surtout les arbres ont delà peine à s'établir sur un terrain déjà
occupé par d'autres plantes et dans des pays où une foule d'animaux peuvent
les détruire dès leur jeunesse. En fait, il m'a été impossible de constater
un seul cas d'un arbre à grosse graine ou à gros noyau, qui se soit
naturalisé, soit en Europe, soit ailleurs, excepté lorsque l'homme avait un
intérêt positif à l'obtenir, et avait apporté les graines de pays lointains, ou
dans le cas du cocotier et autres arbres du littoral.
Si donc nous voyons des arbres de la catégorie de ceux à grosses graines
ou gros noyaux, se trouver à la fois sur un continent et dans l'intérieur
d'une île, ou de plusieurs îles, même peu éloignées les unes des autres,
ce sera une chose digne de remarque. Les causes actuelles de transport
ne peuvent pas en rendre compte. Il faudra recourir à des hypothèses,
plus ou moins probables, savoir ou des causes antérieures de transport
très diff'érentes des causes actuelles, ou une jonction antérieure de terres
aujourd'hui séparées, ou une communication par des îles intermédiaires
disparues, ou enfin une multiplicité d'individus de la même espèce dès
l'origine, et, ce qui paraît plus improbable, une dispersion très grande
de ces individus multiples originels.
Voici quelques exemples bien constatés. Je les trouve parmi les Cupulifères,
les Conifères et les Palmiers. Le nombre en est peu élevé, mais je
ESPÈCES LIGNEUSES A GROSSES GUAINES OU A Gr.OS NOYAUX. 995
prie de remarquer combien les arbres à grosses graines sont rares, et combien
ceux qui existent dans les pays équatoriaux sont encore mal connus.
Cupulifères.
Le Q u e r c i i s p e d u n c u i a t a , w î i id. (ij. R o b u r «, L.), n'existe pas seulement
sur le continent européen, où le vent, les rivières, les animaux, ont
pu en répandre les graines; il se trouve dans la Grande-Bretagne et eu
Irlande (Mackay, F/ .); eñ Sardaigne (Moris, Ehnch., III, p. I I ) , probablement
aussi en Corse.
Le ^ u e r c u s sessi i ifiora, Sm. (Q. K o b u r p, L . ) , est aussi sur le Cont inent
d'Europe, dans les îles Britanniques, en Sardaigne (Moris, II, p. 9).
Vers le midi du continent ces deux espèces deviennent rares. Comme
elles manquent au midi de l'Espagne (Boiss., Voy.; Webb, Iter Hisp.,
p. 10), il n'est pas surprenant qu'elles manquent également à plusieurs
îles de la mer Méditerranée et à l'Algérie (le Q. Bobur, Desf., est le
Q. hoetica selon Bory, Webb, etc.).
Le a « e v c u s p u b e s c e n s , w i l id. , a été peut-être moins bien observé, et
le silence des auteurs est peu significatif. Je vois cependant qu'il est mentionné
positivement en Sicile, sur les montagnes et collines (Guss., Syn.,
II, p. 607); selonPhilippi, sur l'Etna, de 8,200 à 5,100 pieds (Lmi . , VII).
Si ses glands ont été portés par les courants actuels sur la côte de Sicile,
ils n'ont pas pu naturaliser l'espèce dans l'île, puisqu'elle vit à une certaine
élévation.
Le Quercus Toz a , Bosc, est d'un côté et de l'autre du détroit de
Gibraltar, sur les hauteurs, à /i,500 pieds en Espagne (Boiss., Voy., II,
p. 575), par conséquent plus haut dans le Maroc. Les Q u c r e u s immiiis,
L a m . , Q. liisîtanica, L a m , q Subcr, ï.., Q. « e x , L , Ballota, L.,
Q. coc c i f e r a , L. e t Q. p seudococcî fera, Dcsf., SOnt également partagés
entre les deux côtés du détroit, d'après MM. Webb (Iter Hisp.) et Boissier
(Voy. hot. Esp., II, p. 575). M. Moris (Elench., l, p. cite en
Sardaigne, les Q. Ilex, pseudococcifera et Suber. M. Gussone cite (Syn.
Fl. Sic.) en Sicile, les Q. Ilex, coccifera, pseudococcifera et Suber.
Le Q u c r c u s Suber n'est pas seulement dans les îles de la mer Méditerrannée
et sur les deux continents voisins, il est encore à Madère (Lemann,
liste manusc.), mais je ne vois aucun Quercus indiqué ni aux Canaries
(Webh. Can.), ni aux Açores (Wats., Lond. journ. Bot., III et VI).
Le noisetier, Coryi«« Avellana, L., est sur le continent européen et
dans les îles Britanniques. Il a.existé dans les îles Sthetland, à une époque
récente, géologiquement parlant, mais on ne l'y trouve plus que dans la
tourbe (Edmonst., Ann. and may, of nat, Mst., W , P- 295). Il est
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