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1302 DIVISION DKS SUUFACI-:S TERUESTJIKS EN lïÉCilONS NATURELLES.
Le point de vue duquel nous parlions, mon père et moi, avait l'inconvénient
de laisser de côté certains faits de végétation qui caractérisent les
llores avec autant de raison ([ue la présence d'espèces particulières. Je
veux parler de l'abondance de quel([ues espèces, de la nature, de la fréquence
et de la spécialité des genres et des familles, de la culture souvent
générale de quelques espèces, etc.
Scliouw suivait une meilleure voie lors(in'il distinguait des régions
d'après un ensemble de caractères botaniques : la moitié au moins
des espèces connues devait être composée d'espèces propres à la région ;
2 le quart des genres devait se trouver dans le meme cas, ou au moins
les espèces de ces genres devaient s'y trouver en maximum et n'exister ailleurs
que sous forme de représentants isolés; 3° certaines familles devaient
être propres au pays, ou s'y trouver au moins dans une proportion exceptionnelle,
A défaut du dernier de ces caractères, on devait se contenter des
premiers, et plus particulièrement, de différences marquées dans les
genres.
Ces conditions, quelque bien choisies qu'elles fussent, ne sont pas sulUsantes.
Elles ne tiennent aucun compte de l'abondance des espèces, tant
spontanées que cultivées. La l)ruyère commune dans l'ouest de l'Europe,
l'Abies pectinata dans les Vosges, l'Abies excelsa dans les Alpes, ne
jouent-ils pas un role immense? L'olivier, quoique cultivé, n'est-il pas
caractéristique dans la végétation de certains pays? D'autres circonstances,
telles que l'étendue des forêts, des prairies, la proportion des espèces
ligneuses, etc., ne mériteraient-elles pas de figurer comme traits distinctifs
de régions? D'ailleurs, il est impossible de ne pas remarquer combien les
conditions énoncées par Scliouw sont arbitraires dans leurs limites. La
moitié des espèces propres au pays, pourquoi pas les | ou | ? Le quart des
genres, pourquoi pas une autre fraction? p]t ainsi de suite.
Schomv s'était aperçu lui-même des côtés faibles de sa méthode, car il a
proposé plus tard (a) une division par régions fondée sur des principes
absolument différents. Dans ce nouveau mode, il s'appuyait sur la température
moyenne (la moins importante de toutes), sur les familles dondnantes,
les genres principaux, les arbres et arbustes les plus communs et
les cultures principales. Il abandonnait les caractères tirés de la proportion
des espèces et des genres propres à chaque pays, sans doute à cause de la
difficulté de constater les faits, au milieu des extensions si variées des
espèces etdu grand nombre de genres plus ou moins divisés entre plusieurs
pays. Schouw, dans son dernier travail, n'a point donné déchiffrés à Tap-
(a) Linnoea^ Vlli, -1833, }). 625, traduit clan;; Jîuî. ¿'c, 1835, vuL ill, Ji".
DIVISION DES SURFACES TEnUESTUES EN RÉGIONS NATUREl.LES. Î303
pui des assertions concernant telle ou telle famille, tel ou tel genre. Dans
beaucoup de cas, on aimerait avoir la preuve non-seulement que la famille
est dominante ou caractéristique, mais aussi qu'une division différente
d'un continent ne fournirait pas des régions tout aussi distinctes. Ainsi, les
États-Unis se trouvent divisés en deux régions, l'une au nord du degré
de latitude, l'autre au midi; mais il aurait fallu prouver qu'en prenant le
36® degré pour centre d'une région, au lieu de le prendre pour ligne
séparative, les Etats de la Nouvelle-Angleterre au nord, et la Floride au
midi, n'auraient pas offert, comparativement au centre, les conditions qui
constituent des régions selon le sysième adopté. De même pour plusieurs
autres des divisions proposées.
Dans ce dernier travail, Scliouw emploie deux modes pour désigner
chaque région. L'un fondé sur les genres ou familles principales, est incommode
et arbitraire; la région des Magnolia, pour le midi des Élats-Unis
(non pour l'Asie orientale) ; des Labiées- et Caryophyllées, pour la région
méditerranéenne; des Scitaminées, pour les deux presqu'îles de l'Inde, etc.
L'autre mode est bizarre, je dirai même un peu puéril : les régions sont
nommées d'après les auteurs qui ont le plus contribué à la connaissance
de la flore dont il s'agit. Ainsi, la région de la mer Méditerranée porte le
nom de région de Candolle, pourquoi pas de Sibthorp ou de Tournefort?
Celle du nord des Etats-Unis porte le nom de Michaux, pourquoi pas de
Torrey, de Pursh ou d'un autre botaniste américain? Le Cap est la région
de Thunberg, comme s'il était nécessaire de rappeler un botaniste dont
les travaux ont été si médiocres! Assurément, les noms géographiques
ordinaires sont plus commodes, plus clairs et mieux à l'abri de tout reproche.
Plusieurs botanistes ont donné des divisions analogues aux nôtres et à
celles de Schouw. Les uns, MM, Lindley (a) et Bentham par exemple,
avaient en vue certaines familles dont ils s'occupaient, plutôt que la question
générale de division par régions. D'autres ont voulu perfectionner la
division d'après les principes mêmes de Schouw, en donnant, par exemple,
une attention plus grande aux conditions de climat et de configuration
géographique. Je citerai MM. Grisebach (o), à l'occasion des Gentianacées,
Erankenheim, dans ses Mémoires sur la distribution des Rosacées et
des Acanthacées (ri), Hinds (e), dans des mémoires spéciaux de géographie
botanique. Enfin, d'autres botanistes, s'occupant de diverses Flores, ont
(a) Orchideoe, 1 vol. in-8, 1830, p. xvn.
(h) Labiatarum genera et sp.^ 1 vol. in-8, 1836 ; tableau linai.
(c) Gentianeoe, in-8, 1839, p. 35.
id) Linnoea, 1843, XVII, p. 5-48, et 18i8, XXÎ, p. 526.
(e) Hooker's London Jo urn., 1842, i». 312 ; A-nn. andmag. ofnaL IHsL* 1845 ; extrait
en iVun(:ais par Ducharlrc, Hcv. bot.^ I, p. 83.
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