652 CHANGEMENTS DANS L'iïABITATIOrt DES ESPÈCES. NATURALISATIONS A PETITE DISTANCE. 663
Thlaspi arvense, L. M. Watson {Cyb., I, p. ] 18) l'appelle colonist, ce qui suppose
d'une manière plus ou moins absolue une station dans les champs et une
origine étrangère. Les auteurs anglais, depuis Gerarde,en \ 597 {Herbal, 206),
jusqu'à nos jours (Smith, FL, III, p. /I70 ; Bab., Man.^ r édit., p. 29), disent
pourtant que lespèce existe au bord des chemins, dans les lieux stériles, incultes,
même près de la mer dans un endroit du Suffolk (Sm., L c.). Est-ce par naturalisation
à la suite des cultures? ou serait-ce, au contraire, la patrie primitive de
l'espèce, d'où elle se serait répandue dans les champs? Je crois plutôt à cette
dernière hypothèse, selon laquelle la plante serait originaire de l'Europe tempérée,
et aussi bien d'Angleterre que du nord de la France, du midi de l'Allemagne,
etc. En effet, elle est indiquée plus régulièrement comme arvìcole
dans les Flores d'Italie et de la région caucasienne que dans celles de l'Europe
tempérée occidentale; elle manque aux champs de pays plus méridionaux d'où
sont venues d'autres mauvaises herbes, par exemple, à l'Algérie (Munby, Fl,
Alg.), à la Sardaigne (Moris, FL), l'île deZant e (Reut. et Marg., Fi.), peut-être
à la Sicile (Guss., Syn.). 'Évidemment, c'est une espèce qui craint la chaleur òU
la sécheresse du midi.
Iberis amara, L. Ne sort pas des terrains cultivés.
Lepidium lati folium, L. Pourquoi douter de son indigénat, puisque l'espèce est
sauvage dans des pays analogues, et l'était en Angleterre du temps de Gerarde
[Herb., p. i 87) comme elle l'est aujourd'hui.
Lepidium Draba, Br. En Angleterre, il est rare, même dans les terrains cultivés,
et c'est à peine si on le trouve accidentellement au bord des chemins ou
dans les décombres [Eiigl. Bot., t. 2683 ; Wats. , Cyb., I, p. 124 ; III, p. 581).
Il en est de même sur le continent, près de l'Angleterre. Je le crois originaire
du sud-est de l'Europe et des environs du Caucase. En effet, il est indiqué
dans les prairies en Sardaigne (Moris, FL), mais il manquait à Alger en 1847,
même dans les champs (Munby), et pour l'Espagne méridionale M. Boissier l'indique
dans les cultures ; il semblecommun en Italie hors des champs (Bertol., Fl.),
demême enRoumélie (Griseb.) et autour du Caucase fBieb., C.-A. Mey., Hohen.).
* A l j ^ s um mar i t imum, L. ~ — Trouvé depuis le commencement du
siècle actuel sur divers points du littoral de l'Angleterre méridionale et, d'une
manière plus adventive, en Écosse, près d'Aberdeen. Les auteurs anglais ne
doutent pas de son introduction par le fait d'une culture assez fréquente dans
les jardins. M.Watson {Cyb,, I, p. 1 34) semble mémecroire la naturalisation peu
assurée. L'espèce manque au littoral de la France occidentale et à l'Irlande. Elle
existe en Portugal (Brot., Fi.), et aux Açores (Wats., Lond. Journ, of bot., 1844,
p. 584), Si c'était une plante primitivement occidentale, on la trouverait en
Irlande, pays intermédiaire entre les Açores et la Grande-Bretagne.
Sisymbrium Irio, L. M. Watson {Cyb., I, p. 150) le nomme denizen (voyez
ci-dessus, p. 644). M. Babington (i/an. , édit., p. 23) n'émet aucun doutë sur
son origine. On le trouve dans les décombres, sur les talus, bords de routes, etc,
principalement autour des villes anciennes. Quelquefois, il se montre en abori
dance, puis disparaît. On sait qu'il parut en quantité sur les ruines du grand
incendie de Londres, en 1667 (Ray, édit. 1704, p. 297). Récemment, un fait
analogue est arrivé, selon M. Johnston [Bot. of east, borders, p. 34) : en 1847,
on prit de la terre dans un champ où le Sisymbrium Irio n'était pas connu, pour
construire le chemin de fer du Nord, près de Berwick, et il parut en masse ; mais
en 1851 déjà, il avait [disparu. Ces faits, de même que la présence en Irlande,
me font croire Tespèce ancienne et plus commune autrefois qu'à présent. Ce
serait le contraire d'une introduction.
Erysimum cheiranthoides, L. A peu près dans les mêmes conditions que le
Sisymbrium Irio; mais, en outre, Gerarde {Herb., p. 21 3) le dit sauvage de son
temps en Angleterre, et il est plus répandu dans le centre et le nord de l'Europe.
On le voit dans les haies, les broussailles. Je le regarde comme une mauvaise
herbe indigène de nos régions tempérées, dont les stations se seraient
multipUées par l'effet des cultures.
Erysimum virgatum, Roth. Adventif (Wats., Cyb,^ III, p. 384).
Erysimum orientale, Br. Adventif {id., I, p. 154).
Brassica campestris, L. (B. campestris et Rapa, DC., et B. Napus, L.), En
traitant plus loin de l'origine des espèces cultivées (chap, ix, p. 826), je prouverai
que la patrie primitive doit avoir été la région entre la Baltique et le Caucase. Je
doute qu elle s'étendît en Écosse et en Angleterre ; mais les méthodes ordinaires ne
prouvent rien dans le cas actuel, à cause de la culture excessivement ancienne.
Ainsi, des noms gallois ou irlandais, tout à fait celtes, ne prouveraient pas l'indigénat.
A présent,l'espèce est à peine sauvage (Wats., Ctjb., I, p. 158), et si elle
paraît Tètre, on peut toujours soupçonner un semis provenant de pieds cultivés.
Brassica oleracea, L. Je ne vois pas pourquoi il n'aurait pas été spontané, avant
l'homme, en quelques points de l'Angleterre, puisque sa patrie doit être, d'après
divers indices linguistiques (chap, ix, p. 839), l'Europe occidentale tempérée, et
qu'on le trouve sur des falaises en Angleterre et en Irlande (Mackay, FL Hib,^
p . 28).
Sinapis alba, L. M, Watson {Cijb., I, p. 162 ; III, p. 385) a des doutes sur
l'origine, quoique, suivant lui, l'espèce soit parfaitement établie dans les champs
et les haies. M. Babington l'indique dans les terres cultivées et les terrains
vagues. Elle est en Irlande et en Normandie, dans les mêmes stations. Ray la
mentionnait déjà, mais sans préciser sa manière de vivre. Je ne puis avoir que
des soupçons, et la probabilité semble plutôt en faveur de l'indigénat.
Diplotaxis tenuifolia, DC. Commun sur les vieux murs du temps de Gerarde
(1597, Herbal, p. 192), comme à présent (Sm., Fi.; Bab., etc.); M. Watson
soupçonne une origine étrangère {Cyb., I, p. 163). Il est en Normandie et en
Hollande, même dans les sables (Breb., Fl, ; Prodr. FL Bat.)-, mais sa présence
en Irlande est douteuse (Mackay ; Power, FL Corft.). Jusqu'à preuves contraires,
je le croirai plutôt indigène en Angleterre.
De même pour Diplotaxis muralis, DC., qui paraît encore plus spontané
dans la Grande-Bretagne.
Raphanus Raphanistrum, L. Ne sort pas des cultures en Angleterre, en Normandie,
en Hollande; ainsi, il n'est pas même spontané dans ces pays, d'après
l'acception stricte du mot. En parcourant plusieurs Flores, je n'ai vu l'espèce
indiquée hors des champs que dans deux pays : la Dalmatia(?/i herbidis marilimis,
Vis., F/., III, p. 103), et le midi de l'Espagne (m arenosis et pascuis, Boiss.,
Voy., II, p. 42). BroLero dit aussi in campis en parlant du Portugal. En Sardaigne
(Moris), en Sicile (Guss., Syn.), et le plus souvent en Italie, il est dans les cultures,
d'une manière plus ou moins exclusive. L'espèce n'a pas encore pénétré,
mêmedans les champs, au midi du Caucase, ni en Algérie (Munby, FL, en 1847).
* 8 e n e M e r a p inimt i f ida, DC. — © — D'Amérique (voy. p. 723). Hudson