ORIGINE GKOGRAPHIQUF. DES ESPECES CULTIVEES.
(les indigènes dans les îles de la nier Paeiiique. Ce sonl des plantes moins
cullivées que spontanées, et (jui ne sont guère ró})andues hors de leur pays
d'origine.
I Allium Cepa, L. —• L'oignon est une des espèces le plus anciennement
cultivées. Son habitation primitive est inconnue, d'après Kunth {Emtm.^
IV, p. 39/i). Voyons s'il est possible de la découvrir au moyen des laits actuellement
constatés. Les Grecs modernes appellent xpoppuát l'Allium Cepa,
qu'ils cultivent beaucoup (Fraas, Syn. FI. class.^ p. 291). C'est une
bonne raison pour croire que le %oóix¡j.-oqv de Théophraste(//¿5¿., 1. vu, c. h )
est lámeme espèce, comme les auteurs du xvi'' siècle le pensaient déjà
(J. Bauh., Ilist.^ Il, p. 5/(8). Pline (1. xix, c. G) traduisait ce mot par
Coepa. Les anciens en connaissaient plusieurs variétés, qu'ils distinguaient
par des noms de pays: Cyprium, Cretense, Samothracisc, etc. On en cultivait
une en Kgypte (Pline, l. c.), si excellente, qu'elle recevait des hommages,
connue une divinité, au grand amusement des Jlomains (Juven.,
Sat.y xv). Les Egyptiens modernes désignent l'A. Cepa sous le nom de
Basai (Forsk,, p. LXV) on Bussul {AinsVieSy Mal. med.Ind.j I, p. 269)3
d'où il est probable que le Betsalim ou Bezalim des Hébreux est bien la
meme espèce, comme le disent les commentateurs (lliller, ïlieroph.^ Il,
p. 36; Uosenmüller, Ilandb. bibl. AUerk,^ iV, p. 96). 11 y a des noms
sanscrits tout à fait différents : Palandu, Laiarka^ Sukandaka (Piddingt.,
Index; Ainslies, l. c.), et une foule de noms indiens modernes. L'espèce
est généralement cultivée dans l'Inde, en Cochinchine et en Chine (lloxb.,
Fl. Ind.j II; Lour., Fl. Coch.^ p. 2Z|9), même au Japon (Thunb., Fl.^
p. 132). Ainsi la culture remonte, dans l'Asie méridionale et dans la région
orientale de la mer Méditerranée, à une époque partout très reculée ;
déplus, les noms chinois, sanscrits, hébreux, grecs et latins n'ont pas de
connexité apparente. De ce dernier fait, on peut déduire l'hypothèse que la
culture aurait été imaginée après la séparation des peuples indo-européens,
l'espèce se trouvant à leur portée dans divers pays à la fois. Ce n'est pourtant
pas l'état actuel des choses, car on trouve à peine des indices vagues
de la qualité spontanée de l'A. Cepa. Je n'en ai point découvert dans les
Flores européennes ou du Caucase; mais llasselquist a dit (Foy. andtrav.^
p, 279) : (( 11 croît dans les plaines près de la mer, aux environs de Jéricho.
» Le docteur Wallich a inséré dans sa Liste de plantes indiennes,
5072, des échantillons qu'il indique avec des localités du Bengale, sans
dire qu'ils fussent cultivés. Cette indication, peu suffisante, j'en conviens,
unie à l'ancienneté des noms sanscrits et hébreux et aux communications
qui existaient entre les peuples de l'Inde et les Égyptiens, me fait présumer
que l'habitation était dans une vaste étendue de l'Asie occidentale, peut-
ORIGINE DES ESPECES LE PLUS GENEUALEMEIST CULTIVEES.
être de la Palestine ù l'Inde. Des espèces voisines, prises quehpiefois pour
le Cepa, existent en Sibérie (Ledeb., Fl, Ross., IV, p. il69).
M. de Humboldt (Nouv.-Esp., 2« édit., vol. II, p. /|76) dit que les Américains
connaissaient de tout tenq3S les oignons, eu mexicain XonacalL
(( Cortès, dit-il, en parlant des comestibles ([m se vendaient sur le marché
de l'ancien Tenochtitlan, cite des oignons, des porreaux et de l'ail. » Je ne
puis croire cependant que ces divers noms s'appliquent à nos espèces cultivées
en Europe. Sloane, dans le xvii" siècle, n'avait vu (¡u'un seul Allium
cultivé à la Jamaïque (A. Cepa), et c'était dans un jardin, avec d'autres
légumes d'Europe ( Jam. , I, p. LXXV). Le mot Xonacall n'est pas dans
Hernandez, et J. Acosta (UisL Ind., trad. Ir., p. 165) dit expressément
que les oignons et les aulx du Pérou sont originaires d'Europe. Les espèces
du genre Allium sont rares en Amérique.
Allium ascalonicum, L. — Le nom vient de la ville d'Ascalon en
Judée, et il s'est conservé sous le nom moderne échalote. Théophraste a
parlé d'un Coepa, ou xpo^puov, sous le nom de ¿cDcaXwvtov x^ó^^uov, et Pline
sous celui de Ascalonia (IL cc.). La traduction et les expressions des auteurs
anciens ont conservé cette désignation pour l'échalote, sans que l'on
fût peut-être bien certain de ridentité. D'après Roxburgh {FL Ind.,
édit. 1832, vol. II, p. l/i2), on cultive beaucoup l'Allium ascalonicum, L.
dans r inde. On lui attribue le nom sanscrit de Pulandoo (prononcez Poulandou),
mot presque identique nyec Palandu, attribué à l'Allium Cepa
(Piddington, Index). Évidennnent la distinction entre ces deux espèces
n'est pas claire dans les ouvrages indiens ou anglo-indiens.
Loureiro dit avoir vu l'Allium ascalonicum cultivé en Cochinchine
( F i . , p. 251), mais il ne cite pas la Chine, et Thunberg n'indique pas
cette espèce au Japon. Ainsi, vers la région orientale de l'Asie, la culture
n'est pas générale. Ce fait et le doute sur le nom sanscrit me font croire
qu'elle n'est pas ancienne dans toute l'Asie méridionale. Malgré le nom de
l'espèce, je ne suis pas persuadé qu'elle existât non plus dans l'Asie occidentale.
Rauwolf, Forskal et Pelile ne l'indiquent pas en Syrie, en Arabie
et en Egypte. Linné (5p., p. /s29), cile llasselquist comme ayant trouvé
l'espèce en Palestine. Malheureusement il ne donne pas de détails sur la
localité ni sur la condition de spontanéité. Dans les voyages de llasselquist
{Vorj. and trav., 1766, p. 281, 282), je vois un Cepa montana croissant
au mont Thabor et sur une montagne voisine ; mais rien ne prouve que
ce soit l'espèce. Dans son article sur les oignons et aulx des Hébreux
(p. 290), il ne mentionne queTAllium Cepa, puis les Porrum et sativum.
Sibthorp ne l'a pas trouvé en Grèce(Prot /r.), et M. Eraas ne l'indique pas
comme cultivé actuellement dans ce pays (Syn. FL class.^ p. 291).
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