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1 3 1 / 1 VÉGÉTAUX DE DIVERS PAYS AU POINT DE VUE DES ORIGINES.
nique; elle repose sur des données de géologie nombreuses et chaque
jour mieux établies. On peut contester certains détails (l'étendue de la
mer, sa durée, le transport des glaces, etc.); mais on ne peut nier les
dépôts analogues à ceux des glaciers, les vestiges mêmes des glaciers tout
autour de l'espace indiqué, et les preuves de la submersion dans le centre.
Ceci se passait pendant une partie de l'époque quaternaire. Au commencement
de l'époque tertiaire (éocène), les fossiles d'Angleterre et d'Allemagne
indiquent d'autres espèces, de climats plus chauds ; à la fin de
répo(|ue tertiaire (pliocène), les fossiles végétaux étaient encore différents
de notre llore actuelle , mais appartenaient aux familles qui dominent
aujourd'hui dans l'Amérique septentrionale. Malgré cette analogie croissante,
comme les espèces sont encore toutes différentes, il ne s'agit pas
de remonter aussi haut pour considérer les origines de nos espèces actuelles
en Europe. On peut borner son attention à l'époque quaternaire, dont la
durée a été longue et les incidents variés. Lorsque les sciences seront plus
avancées, il faudra peut-être considérer aussi les époques tertiaires, mais
nous n'en sommes pas encore là (a).
Les idées de Forbes sur l'origine des plantes alpines de la Grande-
Bretagne ont le mérite assurément de ne pas être une pure hypothèse,
mais une probabilité. En eiîet, l'existence de la mer indiquée est démontrée,
et, d'un autre côté, aucun fait, aucun indice, ne peuvent faire penser
que la végétation ait été détruite depuis cette époque sur les portions
émergées des îles Britanniques. Les plantes vivant alors en Ecosse ont dû
être souvent semblables à celles des Alpes, à celles de Scandinavie, du
Labrador, etc. Il a pu s'en éteindre, il a pu en arriver d'autres, mais
aucune cause ne semble avoir du les anéantir en masse. Pourquoi donc un
certain nombre des espèces actuelles arctiques ou alpines ne seraient-elles
pas tout simplement le reste de celles qui existaient alors ?
Ceci expliquerait à merveille la présence si extraordinaire de deux ou
trois espèces phanérogames dans les îles Britanniques et dans le nord-est
du continent américain, par exemple, de YE7nocaiilo7i septangulare des
îles Hébrides (p. 122B), et du Spiranlhes cernua de l'Irlande méridionale
(p. I22/|). Plusieurs espèces devaient s'étendre autrefois de
TEurope à l'Amérique, du côté de Terre-Neuve, autour de la mer indiquée,
et les événements subséquents auraient détruit une partie considé-
(a) Je ne veux point prétendre que Ton ne trouvera aucune de nos espèces actuelles
dans les terrains pliocènes, miocènes et même éocènes de l'époque tertiaire. Le nombre
des fossUes végétaux connus jusqu'à présent est peu de chose, relativement aux milliers
d'espèces qui ont dû passer sur le sol de TEurope pendant la formation de ces terrains.
D'ailleurs, les fruits accumulés dans quelques localités, comme Sheppey, viennent peutêtre
d'anciens courants qui les apportaient de loin, et ne représenteraient pas, dans cette
hypothèse, la végétation européenne à leur époque. (Voy. la note, p. i067.)
ORIGINES PROBAiiLKS DES ESPÈCES EUROPÉENNES ACTUELLES. 1315
rable de leur habitation. Les espèces disjointes entre les sommets de nos
Alpes, des Pyrénées, des montagnes de Silésie, de Scandinavie, et les
plaines arctiques, ne peuvent guère s'expliquer que par les hypothèses dont
nous parlons, puisque l'identité de climat ne produit pas l'identité des
espèces, et que des créations des mêmes espèces à des distances immenses
sont improbables.
Pendant l'existence de la grande mer du nord de l'Allemagne et de la
Russie, le canal de la Manche n'existait pas. Il s'est formé par des dépressions
successives, à mesure que des mouvements inverses faisaient diminuer
la mer voisine et émerger les plaines entre les Alpes, l'Oural et la
Scandinavie. Les preuves en sont positives, car on a retrouvé sur plusieurs
points des côtes de Normandie et du midi de l'Angleterre, et même au
milieu du Pas-de-Calais, des forêts submergées, implantées dans des terrains
quaternaires que l'on voit continuer sur la terre ferme voisine. Ce
sont des forêts de Conifères, principalement de notre Pinus sxjlveslris
actuel, commun en Angleterre et sur le continent. M. Austen, auquel on
doit des recherches très intéressantes sur les variations de niveau des terrains
quaternaires dans le canal de la Manche, a publié une carte où ces
faits sont détaillés (a). Il note aussi l'existence en Angleterre, pendant une
partie au moins de la période quaternaire, de forêts iVAbies cxcelsa,
espèce qui a disparu des îles Britanniques dans un moment où le climat ne
lui convenait plus, et qui maintenant peut y vivre (ci-dessus p. 193). La
séparation complète de la Grande-Bretagne et du continent a été un des
derniers phénomènes de l'époque quaternaire, quoique peut-être il soit
arrivé plusieurs.milliers d'années avant la présence de l'homme en Europe.
Ainsi, pendant une série de siècles, les espèces ont pu s'étendre de France
en Angleterre, comme aujourd'hui d'un département de France à un autre.
Les parties orientales de la Grande-Bretagne qui s'étaient accrues en même
temps que l'Allemagne et la Hollande sortaient de la mer, ont pu recevoir
les espèces des contrées adjacentes. Celles-ci devaient être des espèces
arctico-alpines et de nouvelles espèces venant de l'est ; mais comme le climat
devenait contraire aux premières et favorable aux secondes, les espèces de
l'est ont pu s'emparer du terrain en majorité.
Sur ce point, je modifierai un peu les idées énoncées par Forbes et
autres auteurs. Les espèces qui demandent un climat froid ou le voisinage
de la glace fondante ont dû se retirer peu à peu sur les montagnes de
l'Écosse, de la Scandinavie et sur les sommets des Alpes et des Pyrénées,
à mesure que le climat de la plaine leur devenait contraire. En même
temps, plusieurs espèces de la même origine, qui craignaient moins le cli-
(a) Quarterly journ, of the geoL Soc,, VI, 1850, p. 97.
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