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6/18 CHANGEMENTS DANS L'HABITATION DES ESPÈCES.
Sicile (Guss., Syn,), à laSardaigne (Moris, Fl,), àTAlgérie (Munby, Fi.), c'està
dire aux pays d'où les Romains tiraient Je plus de blé. En Grèce, en Italie,
comme au nord des Alpes, on l'indique ordinairement dans les champs ; mais vers
l'Asie Mineure et le Caucase, les expressions des auteurs de Flores indiqueraient
parfois quelque chose de plus sauvage. Bieberstein (FI, Cauc.,U, p. 12) dit : In
agris et campis; Grisebach {SpiciL, I, p. 319): In campis littoralibus ditionis
Kalameria Chalcidices, Serait-ce une plante primitivement de ces régions?
* Aconituml\iapellus, L. — if — Tix)uvé depuis 1819 près de la rivière
Tame, dans le comté de Hereford (Hook., Enql, Fl, III, p. 81 ) ; lannéesuivante
dans celui de Somerset [Engl. Bot., t. 2730); ensuite dans le comté de Monmouth
(Watson, Cyb., I, p. 98), de Denbigh (Wats., ib.), le midi du pays de
Galles (Wats., î7>.), le Devonshire {EngL Bot., t. 2730); partout avec Tapparence
d'une plante sauvage, au bord des ruisseaux, dans les endroits frais, évitant
cependant les endroits inondés. D'après la multiplicité de ces localités, plusieurs
auteurs doutent que l'Aconit soit d'origine étrangère. MM. Babington et Watson
lui donnent le titre de plante qui pourrait être dans ce cas [denizen, Wats.).
M. Newman (Wats., Cijb.) le regarde comme essentiellement indigène. M. Bromfield(
P/iî/ioZ., 1 8 4 8 , p. 207) se borne à dire qu'il est naturalisé dans quelques
points do l'île de Wight, et que, certainement, cette plante alpine n'est indigène
(native) nulle part dans le comté. Voici mon opinion :
Plus les localités observées seulement dans ce siècle sont nombreuses, plus on
voit la plante abondante et bien établie dans ces localités, moins il me paraît
probable qu'une espèce aussi remarquable, formant le seul exemple du genre
Aconit en Angleterre, eût échappé à Ray, à Dillenius et à tous les botanistes du
siècle dernier. Cela serait d'autant plus extraordinaire que le Napel était universellement
cultivé dans les jardins, à Londres, du temps de Gerarde {Engl. Bot,,
I . e . ) , et que ses propriétés vénéneuses auraient attiré sur lui l'attention des herboristes,
s'il avait existé hors des jardins. L'Aconit Napel est une plante sociale
dans les endroits où on la trouve aujourd'hui en Angleterre. Ses feuilles et ses
fleurs la feraient remarquer par le paysan le plus grossier. Le nom anglais
Monk's hood (capuchon de moine) peut faire supposer l'espèce moins ancienne
que les ordres monastiques. Le nom Wolfs bane (mort des loups), qui lui est aussi
donné, ferait croire, d'un autre côté, à une certaine ancienneté, puisque les loups
ont été détruits en Angleterre il y a quelques siècles ; mais lorsqu'on chassait
encore ces animaux, l'Aconit était cuUivé dans les jardins, et l'on pouvait avoir
eu l'idée de s'en servir comme de poison. La plante n'existant pas dans Tîle
d'Anglesea, et n'ayant pas été supposée, en 1 81 3, exister sauvage en Angleterre,
n'est pas mentionnée par Davies (Welsh Botanology), je ne puis donc savoir si
elle porte un nom gallois. Les médecins de la célèbre famille de Myddfai, qui exercèrent
leur art dès le xni" siècle sous la protection des princes du pays de Galles,
et qui continuèrent jusqu'en 1740 (a), devaient bien connaître l'Aconit et le cultivaient
probablement. Il serait curieux de savoir sous quel nom les livres gallois en
parlent, notamment le Botanologium du premier Davies, en 1632. Malheureusement,
j e ne possède ni les ouvrages, ni les cormaissances linguistiques nécessaires
pour cette recherche.
La distribution de TAconitum Napellus hors de la Grande-Bretagne me fait
(a) Ci-dessusj p. 627.
NATURALISATIONS A PETITE DISTANCE. 649
croire aussi qu'il est naturalisé en Angleterre. Il manque à la péninsule Scandinave,
au nord-ouest de l'Allemagne, à la Hollande (Miq.. Disq.; Prodr, FL BaiaD.,''
1850), à l'Irlande; c'est-à-dire à plusieurs des pays qui ont reçu d'origine
la végétation la plus semblable à celle de la Grande-Bretagne. 11 est commun
dans la région de lAllemagne orientale, des Alpes. Il s'avance, dans les endroits
frais, jusque dans les montagnes de l'Eiffel (Lej., Ren. Fi. Spa;Koch, Syn.),
dans quelques forêts des environs de Paris (Coss. et Germ., FL, p. 20), d'Abbeville
(Boqcher dans Pauquy, Fl. Somme, p. 15). du Calvados (Hard., Ren., LecL,
Cat., p. 76); mais il est rare dans cette direction. En Belgique, M. Lestiboqdois
l'indique seulement comme naturalisé dans les lieux cultivés, sur les remparts,
etc. {Bot. Belg., 18'27. H, p. 363). Il va donc en se raréfiant vers le
Pas-de-Calais, et il manque près du détroit. Comment peut-on supposer qu'il se
trouve plus commun au delà, en Angleterre, i\ titre de plante indigène ?
Le Papaveî' somniferim paraît fréquemment en Angleterre ; mais, de même
que dans la plupart des localités sur le continent, il disparaît, à moins de graines
de jardins qui le renouvellent. Il est donc advenlif.
Papaver hybridum, L. — P . Argemone, L. — P. dubium, L. — P. Bhoeas, L.
— Tous dans les champs de la Grande-Bretagne, avant Fépoque de Gerarde, et
probablement depuis l'origine de l'agriculture dans ce pays, mais non dans les
localités incultes. M. Watson les appelle colonists, et moi des plantes cultivées
contre la volonté de l'homme. Elles disparaîtraient comme le seigle ou l'avoine, si
l'on cessait de leur préparer des terrains. On ne peut guère douter de leur origine
étrangère;cependant, je dois citer au sujet du Papaver Rhoeasl'observation
curieuse publiée par M. Johnstpn {Bot. of easl. borders, 1853, p. 30). Lorsqu'on
a ouvert les chemins de fer près deBerwick,les coupures se sont immédiatement
couvertes de pavots, spécialement lorsqu'pn a attaqué les rognons de graviers que
])lusieurs géologues estiment avoir été déposés à la fin de Fépoque glaciale. Peutêtre,
dit M. Johnston, cette plante avait-elle existé anciennement à la surface de
ces graviers, et les graines enfouies par acçident viennent-elles à germer lorsqu'on
les déterre? Il est fâcheux qu'on ne sache pas à quelle profondeur les tranchées
étaient ouvertes et d'où sortaient les graines. 11 a pu y avoir une culture à
la surface, du temps des Romains.
On peut entrevoir l'origine de plusieurs des pavots répandus dans nos champs
depuis un temps immémorial.
Le P. hijbridum, L., est sauvage au bord de la mer Égée et de la Propontide
(Griseb., SpiciL, I, p. 293), à Zante {in campis et pratis, Reut. et Margot, FL,
p. 27), ainsi qu'en Crimée (Bieb., Fi, Cauc., II, p. 3). Le premier de ces auteurs
pst très affirmatif sur ce point, et personne ne mérite plus de confiance.
Le P.Argemone, L., croît dans les sables maritimes delà Crimée (Bieb., L c.).
Le P. dubium, L., est sur les collines et les montagnes de la Grèce(Fraas, Syn.
Fl^ class., p. 127), sur les collines herbeuses de la Dalmatie (Vis., FL Daim.,
IU,p. 99)_et dansles plaines de Crimée (in agris et campis,IMeb., L c.).
Le P. Rhoeas, L., est indiqué en Grèce, depuis Dioscoride (hvre IV, ch. LXIV)
jusqu'à nos jours (Fraas, Syn. FL class., p. 127), seulementdans les champs.
M. Grisebach ne l'a trouvé aussi, au nord-est de la Grèce, que dans les champs
[SpiciL, I, p. 293), et Bieberstein, en Crimée, dans les cultures et les décombres.
Au sud-ouest de la Grèce, il en est autrement. M. Margot l'indique à Zante, m
campis et pratis, dansles plaines et les prés (Reut. et Margot, FL). M. de Visiani,
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