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9 3 0 ORIGINE GKOGRAPIIIQUE DES ESPÈCES CULTIVÉES.
• nourrissantes^ à peu près comme elles le sont aujourd'Imi. Voyons-nous des
peuples barbares essayer la culture des /Egilopset de tant d'autres Graminées
à graines médiocrement farineuses? Les hommes peu civilisés ontils
jamais eu l'idée qu'une longue culture pût améliorer une espèce? Et
s'ils arrivent a celle notion, leur état de société n'est-il pas un obstacle à
une application ellicace du principe? Plus on suppose ragriculture ancienne
et remontant à une époque d'ignorance, plus il est probable que les cullivateurs
avaient choisi des espèces offrant, à l'origine meme, un avantage
incontestable.
7° Le nombre des céréales cultivées du temps des Romains était déjà
assez élevé, on en reconnaît six ou sept qui correspondent aux espèces admises
par les modernes (Loisel., p. 76). Il est vrai que chacune offrait moins
de modifications qu'à présent ; mais n'est-il pas probable que si l'on avait
apporté à Rome, du temps de Pline, les céréales cultivées en Perse, dans
le nord de l'Inde, en Chine, etc., le nombre des formes se serait trouvé
bien plus élevé ?
De toutes ces observations ou réflexions il faut conclure que, selon les
probabilités, la plupart des formes tranchées (espèces ou races bien distinctes)
de céréales, existaient déjà il y a trois ou quatre mille ans, et même
avant qu'on eût essayé de les cultiver. L'opinion de Buffon et de plusieurs
écrivains, que les céréales seraient un produit factice de l'homme, ne paraît
donc nullement vraisemblable. Je croirais plutôt que dans le nombre des
plantes cultivées, ce sont les plus constantes. On doit probablement les
retrouver spontanées, ou si elles ne se retrouvent pas, après des recherches
plus attentives que celles qu'on a faites jusqu'à présent, il faudra
supposer, non que les espèces ont changé d'une manière notable^ mais
plutôt que les localités d'origine ont changé. Elles peuvent, eu effet, avoir
été submergées ou être devenues trop sèches, ou avoir été envahies totalement
par l'agriculture, au point qu'on ne pourrait plus y distinguer les
pieds aborigènes des pieds issus de plantes cultivées.
Après ces considérations préliminaires qui s'appliquent aux plantes de
la catégorie actuelle, plus qu'aux autres plantes cultivées, je vais passer
en revue les espèces de céréales. Il faut bien les étudier une à une, si l'on
veut savoir leur origine et constater celles qui ont été retrouvées à l'état
spontané.
Triticum Tiiigare. — Il comprend les froments d'hiver et d'été
{ T . h y b e r n u m et 2 \ oe s t i v u m de Linné) que les Romains connaissaient
déjà et qui sont à peine des races, car ce n'est qu'en les semant à certaines
époques qu'on parvient à les maintenir.
Il est prouvé que la culture du Froment remonte, dans Fancien mondô^
OnimNE DES ESPÈCES LE PLUS GÉNÉRALEMENT CULTIVÉES. 931
à l'origine même de l'agriculture. MM. Link (a), Reynier (6), Bureau de
la Malle (c) et Loiseleur-Deslonchamps (d) ont réuni tous les faits historiques
sur ce point, avec une érudition qui ne laisse rien à désirer.
En Chine, le blé fut cultivé dès l'année 2822 avant l'ère chrétienne
(Stanislas Julien, dans L o i s e l e t i r , p. 29), et il l'était déjà alors en Palestine
et en Egypte, d'après plusieurs passages des Livres sacrés. Son introduction
dans l'empire chinois est connue. Elle est attribuée à un personnage
réel, l'empereur Chin-nong. Dans l'Occident, au contraire, elle se
rattadie, d'après la Genèse, aux premiers actes de l'homme sur la terre, car
il fut condamné à manger ^ o n p a i n à la sueur de son front ; et, d'après les
traditions païennes, à une divinité plus ou moins fabuleuse, Isis des
Égyptiens, appelée Cérès par les Grecs, ce qui démontre une ancienneté
d^s plus grandes. Je remarque aussi que le blé d'été a un nom en sanscrit
(Roxb., F L \ Pidd., I n d e x ) .
La culture du Froment doit donc être sortie de la région comprise entre
les montagnes de l'Asie centrale et la mer Méditerranée.
C'est aussi dans cette région qu'on a dit souvent autrefois, et de nos
jours, avoir trouvé du blé sauvage. D'après Diodore de Sicile (l. i, cap. 1/|)
c'est à Nysa que (( Osiris trouva le blé et l'orge, croissant au hasard dans
le pays, parmi les autres plantes, » et M. Dureau de la Malle a établi que
Nysa était en Palestine. Isis, femme d'Osiris, aurait transporté le blé en
Égvpte. Moïse YIII) appelle la Palestine (( la terre duFroment, de
ToÎge, de la vigne, où naissent le figuier, le grenadier, l'olivier. » Homère
et Diodore parlent delà Sicile, comme de la patrie du froment. Diodore dit
qu'on y voyait de son temps, du froment qui pousse de lui-même (trad, de
T e r a s s o n , II, p. 186, 190). Les Grecs croyaient aussi que le blé existait
sauvage dans'leur pays, avant que Cérès eût enseigné à le cultiver (Diodore,
i6û/., n , p. 322), mais il ne paraît pas que Tlicophraste elles autres
naturalistes de la Grèce aient eu cette opinion. Strabon dit qu'en Hyrcanie
(Mazanderan) le blé se sème de lui-même (( quod ex spicis decidit renasci »
(édit. 1707, I, p. 12/1, et II, p. 776). l\ est plus affirmatif pour une contrée
de l'Inde septentrionale : (( InMusicani regione frumentum sponte nasci,
tritico persimile ait (Aristobulus) » (II, p. 1017). Bérose dit que dans le
pays entre le Tigre et l'Euphrate, on trouve « frumentum agreste, hordeum,
ochron » (Georgii Syncelli, C h r o n o g r . , fol. 1652, p. 28), C'est
(a) Link, O^eö.r die ./¿ere Gesc/uc/.ie der Geire/de A v i o n ^ n s d^ J ^ ^ l ^ l i n -
aLL iWs., 1SIG,XVU, p.122; 1826, p. 67, Ih e U r w e l t u n d d a s A l t e n h u i i u
édil., licrlin, 1834, p- , • . i- g .Qi^n i\l
( b ) neynier, É c o n o m i e d o s C e l l e s e t d e s G e r m a i n s , i vol ui-S, Iblb, p. Mi.
(c) Bureau de la Malle, Aun. se. nat., IX, 1826.
{ d ) Loiselcur, C o n s i d é r a l i o n s s u r les c é r é a l e s , 184-2, part, i, p. o:
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