m
I' iiISi
tU
• V ;
m
If
7 2 0 CHAiNGEMENTS DANS L'HABITATION DES ESPÈCES.
(jalUii, le Leonurus Cardiaco, un de nos Chenopodiuin, se soni presque
naturaliséesclans les environs de Uio-Janeiro. La quantité d'espèces venant
d'Europe est déjà plus considérable autour des villes situées dans les parties
élevées de la province des Mines: ainsi, par exemple, on retrouve à
Villa-Rica, notre Verveine, une de no?>Meiithes, le Poa annua, etc., et l'on
voit à Tejuco le Verhascum Blaltaria, VUrlica dioica, un de nos Xanthium,
etc. Le nombre des plantes d'Europe augmente encore dans les
environs de Saint-Paul ; le Marriihium commune et le Conium maculatum
croissent jusque dans les rues de cette ville; le Polycarpon, sur
les murs des jardins qui l'entourent. Plus reculé vers le midi, Porto-Alegre
a reçu plusieurs de nos espèces : ainsi, on voit communément, dans quelques
unes de ses rues les moins fréquentées, VAlsine media, le Rumex
pulcher, le Geranium Robertianum, le Conium macuïatum, VUrtica
dioica; mais nulle part, les plantes d'Europe ne se sont multipliées avec
autant d'abondance que dans les campagnes qui s'étendent entre Sainte-
Thérèse et Montevideo, et de cette ville jusqu'au Rio-Negro. Déjà la Violette,
la Bourrache, quelques Geranium, YAnetlium foeniculum, etc.,
se sont naturalisés autour de Sainte-Thérèse. Des plantes qui, dans leur
pays natal, ne se trouvent qu'isolées, vivent en société dans les environs
de Montevideo ; elles s'attachent, pour ainsi dire, aux pas de l'homme,
entourent ses habitations et s'emparent des pâturages qu'il parcourt le
phis. Les chemins sont bordés de deux larges bandes de fleurs d'un bleu
pourpre, celles de V Echium maritimum. VAvena saliva est aussi commun
dans quelques pâturages que si on l'avait semé; on retrouve partout
nos Mauves, nos Anthémis, un de nos Erysimum, notre Marrube commun,
etc. ; un de nos Myagrum, dont le premier pied parut il y a dix
ans sous les murs de Montevideo, couvre aujourd'hui presque à lui seul
tout l'espace qui s'étend de cette ville à son faubourg. J'espérais trouver
beaucoup de plantes sur le Cerro de Montevideo, la seule m.ontagne qui
avoisine cette ville; mais on a bâti un fort sur son sommet, des soldats la
parcourent sans cesse, et sa végétation actuelle, presque artificielle, appartient
en très grande partie à la flore d'Europe. Cependant aucune
espèce ne s'est répandue dans les campagnes du rio de la Plata et de l'Uruguay,
bien au delà de Rio-Negro, autant que le Chardon Marie {Cardials
marianus), et surtout notre Cardon (Cynara Cardunculus).
Depuis que les troupeaux ont été exterminés, cette plante se multiplie avec
une rapidité eflrayante; elle couvre aujourd'hui des terrains immenses et
les rend inutiles, etc. »
Le Leonurus sihiricus, L., a été introduit, selon le docteur Ildefonso
Gomez, il y a trente ans, dit Gardner (Hook., Lond. Jnurn. of Bot.,
NATURALISATION A GRANDE DISTANCE. 721
1, p. 183), par des graines venues accidentellement de Chine. 11 s'est
naturalisé si bien que je l'ai rencontré dans toutes les parties du Brésil où
j'ai été. »
Bertero (Ann. sc. nat., XXI, p. 350) reconnut à l'île de Juan-Fernandez
plusieurs espèces étrangères qui sont devenues très abondantes.
Je citerai parmi celles qu'il indique le Melissa officinalis, Y Avena saliva,
le pêcher ordinaire, qui certainement sont des plantes de régions
fort éloignées. « Le pêcher, dit-il, est si abondant, qu'on ne peut se foire
une idée de la quantité de fruits qu'on récolte; ils sont en général très
bons, malgré l'état sauvage dans lequel il sont retombés. »
M. James Drummond, dont les herborisations dans le sud-ouest de l'Australie
ont été si fructueuses, n'a pas négligé de remarquer certaines espèces
dont la naturalisation, bien authentique, a été rapide aux environs de Swan-
River. 11 mentionne (Hook., ./oz/m. of Bot., 18/iO, v. H, p. 3/|7) le Loliuni
temulentum, plante indiquée en Europe, dans l'Asie occidentale et
au Brésil (Kunlh, Enum., v. HI); le liriza minor, qui est plus répandu
dans le monde, mais qui manquait à la Nouvelle-Hollande ; le Phalaris
aquatica, connu jusqu'alors en Europe et en Algérie (Kunlh, Enum., Hl,
p. 32), )) J'ai moi-même introduit, dit-il, les premiers pieds de Physalis
•peruviana et de Solanum capense, et dans le laps de dix ans ils sont devenus
complètement naturalisés. Le Sonchus oleraceus, qui est à présent
la mauvaise herbe la plus nuisible, même jusqu'au district de York, était
inconnu totalement quand nous arrivâmes dans le pays (a). »
Des faits analogues se sont manifestés sans doute aux environs de Sidney
et dans tous les établissements de la côte orientale quand on a commencé
à les coloniser, même à visiter le pays, avant de s'y établir. Comme preuve
de la complète naturalisation de quelques espèces dans cette contrée, je
citerai une observation de M. Th. Corder, conteime dans le Phytologist
de novembre 18/|5. Ce botaniste est établi dans le sud-est de l'Australie,
dans un district intérieur, élevé de 1200 pieds au-dessus de la mer. Il remarque
la présence de plusieurs plantes européennes qu'il croit indigènes
parce qu'à l'époque de son arrivée le pays était encore dans l'état de nature.
Mais comme ces espèces ne sont pas dans la liste d'espèces primitivement
communes à l'Europe et à la Nouvelle-Galles, donnée avec soin par
M. Brown {Gen. rem., p. 58 et 60], il faut qu'elles aient été naturalisées
aux environs de Sidney ou des établissements les plus nouveaux de la côte
(a) M. P.rown {Gen. rem., p. 58 et 60) mentionne le Sonchus oleraceus comme existant
à la Nouvelle-Galles du Sud, sans avoir été introduit. Sa propagation rapide à Swan-
River me fait croire qu'il s'était plutôt naturalisé à la Nouvelle-Galles par les premiers
colons ou navigateurs européens.
" 1 1 .
f"
fr: