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 que  les  limites imposées par  le climat n'avaient  pas  encore  pu être  atteintes.  
 Les  moyens  de  transport  pour  ce  genre  de  naturalisation  sont  nombreux  
 et  variés.  On  ne  saurait  dire  si  les  causes  naturelles,  comme  le  vent,  les  
 rivières,  les  courants,  les  animaux,  jouent  ici  un  rôle  plus  important  que  
 l'homme  par  ses  voyages,  ses  jardins,  ses  champs  et  ses  relations  multipliées. 
   Pour  les  naturalisations  dont  je  vais  parler,  son  influence  dépassera  
 de  beaucoup  celle  des  autres  agents.  
 §  ML  AU  DELA  D'UN  RUAS  DE  MER.  
 Le  meilleur moyen,  pour  connaître  le  mode  de  transport  des  espèces  au  
 travers  d'un  bras de  mer,  est d'examiner  ce  qui  se  passe  dans  les  îles  Britanniques, 
   depuis  que  des  observateurs nombreux  et  attentifs ont  enregistré  
 l'apparition  de  nouvelles  plantes.  Les  auteurs  de  VEnglish  Bolany^  et  
 MM.  H.-C.  Watson,  Babington,  Bromfield,  etc.,  ont  distingué  avec  beaucoup  
 de  soin  les  espèces  qu'on  peut  soupçonner  d'origine  étrangère,  et  
 celles  qui  le sont  certainement.  La  comparaison  de  leurs  opinions,  les  faits  
 qu'ils  citent,  quelques  rapprochements  avec  les  Flores du  continent,  l'étude  
 de  certains  noms  vulgaires,  fournissent  un  ensemble  précieux  pour  constater  
 le  mode  et l'importance  réelle  des  naturalisations,  ainsi  que  la  marche  
 de  plusieurs de  nos  plantes  européennes  de  Test  à  l'ouest,  sous  l'influence  
 de  l'homme.  
 Je  passerai  donc  en  revue  les  Phanérogames  que  M.  Babington  {Man.  
 of  Brit,  bot.,  édit.  18/|7),  M.  H.-G.  Watson  (Cybele  Brit,,  1,18/|7;  II,  
 18/|9;  111,1852),  le  docteur  Bromfield  18/i8  à  1850)  et  
 quelques  autres  botanistes  anglais  mentionnent,  tantôt  avec  certitude,  
 tantôt  avec  probabilité,  comme  d'origine  étrangère  et  comme  devenues  
 spontanées  dans  Tîle  de  la  Grande-Bretagne.  Pour  éviter  toute  équivoque, 
   il  faut  d'abord  que  j'établisse  la  concordance  entre  certains  termes  
 usités  dans  leurs  ouvrages  et  les  définitions  posées  ci-dessus  dans  l'article  
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 Les  espèces  qui  habitent  dans  un  pays  se  subdivisent, à  mon  point  de  
 vue,  de  la  manière  suivante  :  
 Elles  sont  premièrement  Ou  cultivées  ou  spontanées.  
 Les  espèces  CULTIVÉES  sont  de  deux  sortes  :  
 Cultivées  volontairement.  
 2o  Cultivées  involontairement  (mm\ixhes  herbes,  certaines  parasites).  
 Je  parle  ici  des  espèces  qui  n'existent  absolument  que  dans  les  champs,  
 jardins,  etc.,  sans  se  trouver  en  rase  campagne  à  l'état  spontané,  car  on  
 cultive  aussi  des  plantes  indigènes,  et  il  y  a  des  espèces  ordinairement  
 IS'ATLÎUALISATIONS  A  PKTrfE  DISTANCE.  6/Ì3  
 spontanées  qui  se  voient  quelquefois  dans  les  terrains  cultivés  de  leur  
 propre  pays.  
 Les  espèces  SPONTANÉES,  c'est-à-dire  qui  vivent  et  se  propagent  sans  le  
 secours  de  l'homme,  appartiennent  à  diverses  catégories,  que  je  vais  énumérer, 
   en  commençant  par  les  moins  importantes  et  par  celles  qui  ont  le  
 plus de  rapport  avec  les plantes  cultivées.  Ces  plantes  sont  ou  :  
 Adventices,  c'est-à-dire  étrangères  d'origine,  mais  mal  établies,  pouvant  
 disparaître  d'une  année  à  l'autre.  
 2°  Certainement  naturalisées,  et  par  abréviation,  naturalisées.  Elles  
 sont  bien  établies  dans  le  pays, mais  on  a  des  preuves  positives  d'une  origine  
 étrangère.  
 3"  Probablement  d'origine  étrangère.  Espèces  bien  établies;  mais  
 d'après  de  forts  indices,  on a  plus  de  motifs  de  les  croire  d'origine  étrangères  
 que  primitives  dans  le  pays.  En  d'autres  termes,  pour  rendre  clairement  
 mon  idée,  on  pourrait  parier  plus  de un  contre  un,  en  faveur  d'une  
 origine  étrangère.  
 h'  Peut-être  d'origine  étrangère.  Il  y a  dans  ce  cas  quelques  indices  
 d'une  origine  étrangère,  quoique  les  espèces  soient  bien  établies  depuis  
 longtemps  dans  le  pays.  Par  un  motif,  ou  par  un  autre,  on  peut  élever  
 quelque  doute  sur  leur  indigénat.  
 Indigènes,  aborigènes,  natives  (expression  à  la  fois  anglaise  et  
 française).  Toutes  les espèces  spontanées  dont  l'origine  n'est  pas  douteuse,  
 qui  paraissent  exister  dans  le  pays  depuis  une  époque  antérieure  à  l'in- 
 Iluence  de  l'homme,  probablement  depuis  une  époque  géologique  et  non  
 historique,  par exemple,  s'il s'agit  de  la  Grande-Bretagne,  depuis un  temps  
 plus  ancien  que  la  séparation  de  cette  île  d'avec  le  continent.  
 Ces  distinctions  ne  cadrent  pas  avec  celles  des  auteurs  anglais,  qui,  
 cependant,  de  tous  les  botanistes,  se  sont  le  plus  occupés  de  ces  sortes  de  
 questions.  Je  ne  parle  pas  seulement  des  divisions  incomplètes  et  mal définies, 
   antérieures  aux  travaux  de M.  Watson  (a),  mais  de  celles  même  du  
 Cybele  Britannica,  ouvrage  où les faits relatifs  à  l'origine des  espèces  de  la  
 Grande-Bretagne  sont  exposés  et discutés  d'une  manière  très  judicieuse.  
 L'auteur  emploie  quatre  expressions  :  colonist,  alien,  denizen  et  
 native.  Cette dernière  est  la  seule  qui  réponde  exactement  à  l'une  de  mes  
 catégories,  celle  des  espèces  indigènes.  Les  autres  ne  concordent'pas  
 précisément.  
 (a)  Le docteur  Bromfield,  le  plus  attentif  avec  M.  Watson,  et  son  prédécesseur  immédiat, 
   n'employait,  encore  en  1848,  que  deux  signes,  Fun  pour  les  espèces  certainement  
 introduites,  l'autre  pour  les  espèces  qui  ne sont  peut-tHre pas  indigènes  {PhytoL,  HJ  >  
 p.  205).