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1018 DES KS1>KCES DISJOINTES.
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la chaîne des Alpes et aux montagnes de Grèce et d'Italie, tandis qu'elle existe
aux Pyrénées et en Hongrie.
Gemianu moiitana. Forst. — © — Comme les plantes de montagnes ont
peu de chances d'être transportées par mer, je note que celle-ci habite : les
sommités do Van Diémen ; 2« de la Nouvelle-Zélande; 3« (les variétés |3 et y) les
montagnes de la Nouvelle-Galles du sud (voy. Griseb., dans DC., Prodr., IX,
p. 99).
Pcclieularis asplenifolia, Floerke. — ^ _ Alpes autrichiennes;
Himalaya (voy. Benth., Prodr., X, p. 579). L'identité d'espèces entre ces
deux chaînes est extrêmement rare, quoique les genres soient souvent les
mêmes. Elle est d'autant plus remarquable dans le cas actuel que l'espèce
manque à l'Asie Mineure, au Liban, au Caucase et à la Sibérie, d'après les collections
d'Aucher et le volume du Flora Rossica, de Ledebour.
Plcuros:fne carinthiaca, Griseb. ~ D'après M. Grisebach (Prodr.. IX,
p. 1 22), elle existe : 'I ° dans TAItaï ; 2^^ dans la Carniole et la Carinthie ; 3" dans
la vallée deSaas, en Valais.
L'arlicle suivant contient quelques exemples qu'on aurait pu classer ici
(voy. p. 1021).
Il y a peu de conclusions à tirer des faits de cet article, parce qu'ils ne
sont pas nombreux et qu'ils concernent des pays très différents. Si on les
groupe, dans son esprit, avec ceux de nos plantes arctiques communes avec
les Alpes, les Pyrénées, le Caucase, etc., on reconnaît que les phénomènes
de disjonction sont assez fréquents parmi les espèces de montagnes. Ils le
sont bien plus si l'on remarque l'existence de plantes alpines sur des sommités
moins éloignées que celles prises pour exemples, mais encore assez
distantes pour que des transports de graines soient difficiles à admettre.
On arrive ainsi à croire que la présence des espèces sur telle ou telle
montagne est ordinairement un fait antérieur à l'état actuel de globe, un
fait géologique, en même temps que botanique.
Cette opinion m'est suggérée par de longues recherches dans les livres
et les herbiers. Elle m'a semblé aussi la plus probable dans des circonstances
bien différentes, lorsque, parvenu au sommet d'une de nos montagnes,
j e réfléchissais aux lois de la nature, sous l'impression du silence
majestueux de ces hautes régions. Les touffes de Graminées, de Saxifrages,
de Silene acaulis, qui recouvrent ces sommités, existent là depuis des
siècles, car elles sontvivaces, robustes et ramifiées. D'où sont venues leurs
graines? Quelques rares oiseaux, des coups de vent, auraient-ils pu les
transporter d'une immense distance sur ces hauteurs si longtemps couvertes
de neige, où les plantes fructifient rarement, et où l'atmosphère, par l'effet
de sa légèreté, ne dépose pas même les particules impalpables de poussière
dont elle est chargée dans les plaines? J e l'avoue, en considérant ce gazon
ESPÈCES PARTAGÉES DANS L'ÏÏÉMISPIIÈRE BORÉAL. 10 1 9
serré des hautes montagnes où une plante étrangère aurait tant de peine à
parvenir et à s'établir, j'ai toujours été conduit à le considérer comme une
végétation primitive, pure de tout mélange, et alors j e remontais degénération
en génération, de siècle en siècle, aux grandes questions de la distribution
première des êtres organisés. Dans un temps, je ne connaissais que la
théorie de Schouw, sur la multiplicité des individus de chaque espèce à
l'origine, qui pût expliquer ces faits. Maintenant, les opinions des géologues
sur l'ancienne étendue des glaciers et sur des transports par des
glaces flottantes, à une époque moins reculée que l'origine de nos espèces,
mais antérieure à l'état actuel de l'Europe, jettent un jour tout nouveau sur
la question. Lorsque les vallées entre les Alpes et le Jura étaient couvertes
d'immenses glaciers, il est évident que les mêmes espèces devaient se
répandre sur les moraines et sur les hauteurs qui les entouraient ou qui
formaient des îles analogues au Jardin de la mer de glace; et quand les
blocs erratiques se déposaient par l'effet des glaces flottantes sur la Russie
et l'Allemagne, des graines pouvaient bien être portées aussi à de grandes
distances sur les rivages de la mer qui a disparu, comme aujourd'hui du
Groenland au Labrador, ou d'un côté à l'autre de la baie de Baflin. En tout
cas il devait y avoir une température froide, humide et uniforme^ autour
de cette mer, par conséquent une végétation assez semblable sur ses
rivages et ses îles. La disjonction actuelle des plantes alpines, comme celle
des plantes aquatiques, devient donc un phénomène important à considérer
en géologie. Elle cesse de confondre notre imagination, elle n'oblige plus à
remonter à l'origine même des êtres; mais elle devient un genre de preuve
essentiel à recueillir pour arrivera comprendre un état de choses antérieur
au nôtre. Je reviendrai, du reste, sur ces questions dans le chapitre suivant,
et surtout dans le chapitre xxvi.
ARTICLE Y.
ESPÈCES ORDINAIRES PARTAGÉES ENTRE DES POINTS ÉLOIGNÉS
DE L'UÈMISPHÈRE BORÉAL.
Les plantes non aquatiques, habitant les plaines ou les collines, présentent
quelquefois le phénomène de disjonction. Je ne citerai que des cas
dans lesquels il me paraît impossible de supposer un transport de graines
par les causes actuellement existantes.
Il y a quelques espèces, comme l'observait déjà M. Boissier (Fo^/. bot.
en Esp.^ I, p. 23/i), qui sont partagées entre les deux extrémités, occidentale
et orientale, de la région méditerranéo-caucasienne, sans exister dans
les îles et pays intermédiaires, dont le climat paraît extrêmement semblable.
Un petit nombre d'entre elles ont été observées récemment en