9/i2 ORIGINE GKOGRAPHIQUK DES ESPÈCES CULTIVÉES.
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sw les céréales, part, i, p. 29). Klle s'est répandue depuis long((¡mps
dans l'Afrique orientale. Les Grecs ne connaissaient le Riz que comme cultivé
dans l'Inde (Link, Urweit, 2" édit., p. Iil2). Le mot Oryza des
Grecs ne ressemble pas mal au mot sanscrit Arimya (Piddington, Index,
p. 63) et au mot cingali Ooruwee (ib.), prononcé Oiiroui.
Du temps de Strabon, le Riz était cultivé en Rabylonie, dans la Bactriane,
la Susiane et la Syrie (Strab., Geogr., 1. xv; Reynier, Écon. des
Arabes et des Juifs, p. /|50). Ce sont les Arabes qui l'ont propagé dans le
bassin de la mer Méditerranée, en particulier dans la Sicile (Reynier, Êcon.
des Arabes, p. 9/i). Les modernes l'ont porté en Amérique.
On trouve assez souvent le Riz spontané dans l'Inde. Comme il a une
grande disposition à se naturaliser dans les pays chauds et humides (Nees,
dans Martius, FI. Bras., in-S", II, p. 518), il se pourrait bien que ces
pieds spontanés fussent tout simplement le produit de grains dispersés par
l'homme, les oiseaux, le vent ou les rivières. La localité primitive a dû
être le bord des fleuves, qui sont justement les endroits les plus peuplés,
ceux où le riz cultivé peut se répandre le plus aisément. Quelle que soit
l'origine, il est certain que des pieds de riz se trouvent hors des cultures,
et que ces pieds sont regardés par les auteurs les plus exacts comme appartenant
à la même espèce. M. Link en a examiné plusieurs dans l'herbier
royal de Rerlin (/Jie Urweit, 2^ édit., p. Zil3). Quelques-uns venaient
de lagunes au bord de la mer. Ils étaient identiques avec la race de Riz
cultivé qui a un grain allongé. Roxburgh parle avec beaucoup de détails
{FL Ind., édit. 4832, II, p. 200) du Riz sauvage appelé Newaree par
les Telingas, qui se trouve en abondance au bord des lacs, dans le pays
des Circars. Le grain en est recherché par les riches indous. Cependant
on ne le cultive pas, parce qu'il produit moins que le Riz ordinaire. Roxburgh
ne doute pas que ce ne soit la plante originelle. Dans ce même pays
des Circars, on cultive le Riz en grande quantité.
Kea Mays, !.. _ Le Maïs est Originaire d'Amérique et n'a été introduit
dans l'ancien monde que depuis la découverte du nouveau. Je regarde ces
deux assertions comme positives, malgré l'opinion contraire de quelques
auteurs et le doute émis par le célèbre agronome Ronafous, auquel nous
devons le Traité le plus complet sur le Maïs (a).
Au moment où cet ouvrage parut, j'en rendis compte dans un journal,
et combattis par de forts arguments l'hypothèse d'une origine asiatique (6).
La question me semblait résolue. Je n'en aurais plus parlé si je n'avais
(a) Histoire naturelle, agrie, el éconorn. du Maïs, 1 vol. în-folio, Paris et Turin,
1836.
[b) BiblioUéque universelle de Genève, août 1836.
ORIGINE DES ESPÈCES LE PLUS GÉNÉRALEMENT CULTIVÉES. 9/ | 3
appris indirectement qu'un auteur se propose de soutenir de nouveau l'origine
asiatique, et si je n'avais des motifs à ajouter à ceux qui sont connus.
On verra, je l'espère, combien les arguments en faveur d'une origine de
l'ancien monde sont faibles, combien ceux d'une origine américaine ont
une force prépondérante.
Il est certain que le Maïs manquait autrefois à l'Europe; mais ce qui est
contesté, c'est la manière dont il s'y est introduit.
On s'est appuyé souvent sur une charte du xiii» siècle, publiée par Molinari
(Storia d'Incisa, etc., I, Asti, 1810), pour soutenir que le Maïs
avait été apporté alors de l'Asie Mineure à Incisa, dans le Haut-Montferrat,
par deux croisés, compagnons d'armes de Roniface III, marquis de Montferrat.
L'historien des croisades, Michaud, et ensuite Daru et de Sismondi,
ont beaucoup insisté sur cette charte d'Incisa; mais Bonafous a démontré
qu'elle ne parle pas du Maïs. Que dit, en effet, cette pièce? « Qu'en
l'année 120/i, au mois d'août, dans l'église de... en présence de... deux
officiers au service de Boniface, de retour du siège de Constantinople, ont
rapporté et donnent à la ville... un morceau de la vraie croix..., plus une
bourse pleine d'une sorte de graines ou de grains de couleur d'or et en
partie blancs (a), inconnus auparavant dans le pays; ils disent les avoir
apportés d'une province d'Asie appelée Natolie, oû ils faisaient des incursions
avec leurs cavaliers, pendant le siège de Constantinople, que ces grains se
nommaient Meliga, qu'ils rapporteraient beaucoup dans la suite, et seraient
d'un grand avantage au pays, etc., etc. »
Comme il y aune foule de graines de couleur dorée et un peu blanches,
Bonafous n'admet pas, d'après cela seulement, qu'il s'agisse du Maïs; il
cherche le sens du mol Meliga. l\ le trouve, de même que ceux de Melica
et de Melya, dans plusieurs documents authentiques du moyen âge. Ainsi,
un compte de Uberto de Lucerna, seigneur de Moretta, en date de 1298,
conservé dans les archives de Turin, mentionne le prix de diverses céréales,
en particulier, du setier di Meliga (et ailleurs Melya). Mnratori cite également
le prix de ce grain dans une occasion. Crescenzio, un siècle avant
Colomb, explique la manière de cultiver le Milica, et celte manière est la
même, dit Bonafous, que celle usitée aujourd'hui pour le Maïs. Belile, dans
sa Flore d'Ègyple, a déjà fait remarquer que le sorgho ou millet d'Inde
(Holcus Sorghum), cultivé de toute ancienneté dans l'Orient, a aussi des
grains dont on peut dire de colore aureo et partini albo, attendu que,
sur le même épi, il y en a de jaunes et de blancs. Cardan, au xvF siècle
{Desuhlililate libriW, Basileoe, 1553, p. 389), dit que le blé cultivé en
(a) Bursam unam plenum de semine, ^eu granis de colore aureo, et pariim albo.
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