760 CHANGEMENTS HANS L'HAIUTATION DES ESPÈCES.
d'iiilroduclion, et 56 nouveaux pour l'Amérique seplenlrionale toul enUt're.
l'anni ces genres, il y en a qui sont nombreux en espèces dans d'auli'es
régions, par exemple, les Fumaria , Sinapis, Altiiiipa, Citrus, Medicago,
(lenista, Inula, Verbascum, Thymus, Lamium, Marrubium , Pbloniis,
Echium, Kchinospermum, Clienopodium, Ornithogalnm, llolcus, Selaria.
Les espèces naturalisées appartiennent à 38 lanìilles dilTéreutos, dont
deux, celle des Méliacées et les Aurantiacées, n'étaient pas représentées
auparavant.
Dans los contrées analogues au midi de l'Europe et aux Etats-Unis, les
faits de naturalisations seront probablement un jour aussi nombreux. 11 i'uil
seulement que l'espèce humaine ait eu le temps d'y déployer la même
activité et que des botanistes sédentaires y observent l'introduction des
plantes nouvelles. Déjà, dans les environs de Buénos-Ayres et de Montevideo,
au Chili, sur la côte occidentale de l'Amérique du nord, on a remar-
(jué plusieurs espèces introduites, surtout des espèces de nos champs, de
nos routes et de nos villages d'Europe. Le nombre en est impossible à constater.
Espérons qu'il paraîtra bientôt des Flores de ces pays, afin que
l'invasion d'espèces étrangères puisse à l'avenir être constatée.
Les régions intertropicales ne sont point défavorables aux naturalisalions.
Elles y sont rares aujom^d'hui; mais cela tient au genre de communications
de ces pays, qui ont lieu avec l'Europe et les Etats-Unis, bien plus
((u'avec des pays ayant une végétation analogue à la leur. Les plantes
d'Europe et du nord de l'Amérique, jetées par une multitude de vaisseaux
dans les ports du Brésil, de la Guyane, de Java, de l'Inde, ont bien peu de
chance de réussir, de même que nos i)lantes des régions tempérées dont on
essaie la culture dans les jardins des pays équatoriaux ; mais lorsque le
commerce deviendra plus actif entre les pays intertropicaux eux-mêmes;
lorsque leurs jardins seront mieux pourvus de plantes des pays chauds, on
verra, je pense, une multitude d'espèces nouvelles devenir spontanées,
(iardner, qui connaissait si bien le Brésil et l'ile de Ceylan, où il a malheureusement
terminé ses jours, remarquait la facilité avec laquelle plusieurs
plantes américaines ou africaines se sont répandues à Ceylan, les
unes sans cause, et d'autres échappées d'une manière certaine des jardins
botaniques (a). Plusieurs de celles qu'il indique sont ligneuses (Opuntia,
Vinca rosea, Allamanda catliartica, Lantana, Buddleia madagascariensis),
de sorte que l'abondance des espèces de cette catégorie, dans les pays
chauds, n'empêche pas le phénomène des naturalisations. La Flore de
l'Inde de lioxburgh et Wallich, mentionne plusieurs plantes naturalisées ;
fa) Bol. mag., ISi^, npromliN, p. 14 \ .Inumai of Ihe iiorlie. Soc., IV, p. -40-
NATUUA14SAT1UN A unANDE DISTANCE. 76 1
mais de tous les ouvrages sur la botanique des pays tropicaux ou subtropicaux,
le plus concluant à cet égard est Vllorlus Mauriiianus, de
M. Bojer. Dans ce volume, publié en 1837, l'auteur énumère toutes les
espèces qu'il connaissait alors dans l'île Maurice (a), comme spontanées ou
comme cultivées. Il dit d'un grand nombre qu'elles se sont naturalisées.
J'en relèverais la liste, si je ne pensais que maintenant elle est devenue
incomplète, et si la détermination de l'origine des espèces ne présentait
(luelquefois des questions insolubles, à cause des espèces de l'Inde et du
Cap, qui peuvent se trouver, sur la côte d'Afrique et à Madagascar, et,
par conséquent, n'avoir pas été introduites à Maurice, du moins à titre do
plante venant de pays éloignés,
La question la plus abordable et la plus intéressante dans ce genre, est
de savoir quelles sont les espèces intertropicales du nouveau monde,
naturalisées dans l'ancien, et vice versa, de l'ancien monde, naturalisées
dans le nouveau, abstraction faite des espèces qui sont sorties récemment
des jardins et qui se sont naturalisées d'une manière toute locale et bien
connue, dans quelques points comme l'île Maurice, l'île de Ceylan, etc. En
d'autres termes, c'est un problème digne d'attention de chercher quelles
sont les espèces assez généralement répandues dans les deux mondes, en
apparence originaires de chacun des deux, et qui, cependant, ont été
apportées et naturalisées par divers agents, soit d'Amérique, soit de l'ancien
monde. Je vais en donner la liste aussi complète que j'ai pu le
faire.
§ t t r . LISTE DES ESPÈCES INTERTROPICALES SPONTANÉES, EN APPARENCE ORIGINAIRES
DE l/ANCIEN ET DU NOUVEAU MONDE, QUI O.NT PROBABLEMENT ÉTIv NATURALISÉES
PAR TRANSPORT DE L'UN A L'AUTRE.
Les recherches contenues dans les articles et paragraphes ])récédents,
sur des naturalisations bien constatées, nous permettent d'estimer, sans
trop de défiance, le degré de probabilité de plusieurs naturalisations douteuses,
de celles, par exemple, qui ont eu lieu entre l'ancien et le nouveau
monde, avant le siècle actuel. Toutefois, il faut le reconnaître, quelquesuns
des indices dont nous avons fait usage pour les naturalisations en Europe
et aux États-Unis, ne peuvent pas se rencontrer ici. On manque de
Flores locales, de Flores faites à des époques successives, et surtout de
Flores complètes etbien travaillées. D'un autre côté, à défaut de ces moyens
d'investigation, il y a quelques arguments, quelques indices, appropriés
(a) .l'emploie ce nom plutôt que celui de île de France, parce qu'il est le plus ancien ;
,a règle (le j)riorité est aussi juste, aussi commode, en s'éoft-rapiiie (ju'en botanique.