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1)7:2 ORIGINE GEOGRAPHIQUE DES ESPÈCES CULTIVÉES.
je n'ai à parler des noms que pour éclaircir certaines origines de cultures
ou d'espèces, et à cet égard, le problème est différent de ceux dont l'illustre
géographe s'est occupé.
La langue sanscrite avait un nom très ancien pour le Cotonnier, celui
de Karpclsî (Ritter, p. 11), ou Karpassee (orthographe anglaise). Ceci
nous prouve l'existence d'un Gossypium dans l'Inde septentrionale, probablement
du Gossypium herbacewn.^ehn des indices dont je parlerai plus
loin.
L'espèce connue des anciens Persans, déjà mentionnée dans le Z&nd
Àvesia, sous le nom de Pemheh (Ritter, p. 9), venait cependant d'un
arbre, d'après le texte primitif, ce qui supposerait une espèce plus ligneuse
que le Gossypium herbacenm. Théoplu^aste (1. iv, c. 9) parle aussi d'un
Cotonnier de l'île de ïylos, dans le golfe Persique (Malte-Brun, i^eo^r., Ill,
p. 205 ; Ritter, /. c.), qui était un arbre, et Pline (1. xii, c. 10) dénaturant
ce passage, et confondant peut-être avec un Bombax, ajoute que le
fruit est de la grosseur d'une courge.
Les livres hébreux parlent d'étoffes de Carpas, de Schesch et de Buz,
sur lesquelles on a beaucoup discuté pour savoir si c'était du coton (voy.
Ritter, L c.) Pour nous, la question est indifférente, puisque les Juifs
pouvaient recevoir, ou d'Orient, ou d'Egypte, des tissus de diverses natures,
et que les livres sacrés ne décrivent pas les plantes d'où provenaient les
lils.
l\ serait plus important de savoir si les anciens Égyptiens employaientle
coton. On n'en découvre aucune trace dans leurs peintures; mais les
archéologues ont souvent cru le reconnaître dans le tissu qui enveloppe les
momies. L'apparence est peut-être favorable à cette opinion ; cependant le
meilleur critère, celui d'une observation des fils sous le microscope, a été
dans le sens opposé. Le chimiste Thomson eut le premier l'idée de
faire cette recherche, et ayant réuni des fragments de bandelettes de
momies déposées dans plusieurs collections, il les soumit à Bauer, l'homme
le plus qualifié de son temps pour résoudre une question de cette nature.
Après examen, Bauer aflirma de la manière la plus positive que tous les
lils étaient du lin. Pour moi, qui ai connu l'exactitude et la persévérance
de Bauer, cela me suiïit. Du reste, Dutrochet a confirmé (Acad. se. Paris,
1 8 3 7 , s e m . , p. 7/|0), ainsi que plusieurs micrographes allemands, cités
par M. Ritter. On a trouvé cependant des graines d'un Gossypium dans le
cercueil d'une momie, extraite par Rosellini lui-même et déposée au Musée
de Florence (Ritter, p. ¿o). Ce serait en opposition avec les faits déduits
de l'étude des tissus sous le microscope, si des Gossypium n'existaient
réellement, à l'état spontané, dans la haute Egypte.
OmOINE DES ESPÈCES LE PLUS GÉNÉRALEiMENT CULTIVÉES. 973
Pline avait déjà dit : « Super i 07^ pm^s /Egypti, in Arairiam verr/ois
giynit fruiiccm^ guein aliijui Gossypion vacant^ plures xylon cl ideo
Una inde facta xylina. Parvus est simihmque barbatoe micis deferí
fractum, cujus ex interiore bombyce lanugo netur. Nec ulla sunt eis
candare molitiave proeferunda. Vestes inde sacerdolibus /Eyypti gratissimoe.
» Or, les voyageurs modernes ont constaté que TAbyssinie produit
spontanément deux espèces du genre Gossypium, dont une appelée
dans le pays. Dut ou Houi, ressemble beaucoup au Gossypium herbaceuniy
mais en paraît vraiment distincte par son involucre, par ses feuilles
ponctuées et sa durée plus grande. C'est le Gossypium punctatum,
Schum. et Thonn. (FL Gutn.)y qui s'étend d'Abyssinie (A. Rich., Tent.
FL Abyss., I, p. 63) jusqu'en Guinée (Thonn.) et dans le Sénégal (Guillem.
et Perrott., FL Seneg., I, p. 63 ; Aolic. statist, colon, franç.,
III, p. 263). Il est certainement spontané et cultivé dans ce dernier pays.
Le nom arabe du coton est Qutn, Kuln, soit, selon notre prononciation,
Koutn, qui ne ressemble pas mal au mot vulgaire abyssinien, et qui,
par l'effet d'une transposition ou d'une coïncidence fortuite, se trouve aussi
ressembler au nom arabe et persan du lin (voyez ci-dessus p. 83/i). Notre
mot Coton vient du nom arabe qui se trouva appliqué au vrai Gossypium
herbacenm, introduit par les Arabes en Espagne. On peut croire que le
Gossypium herbaceum, cultivé d'ancienne date en Asie, s'était répandu
vers la Syrie et l'Arabie, et se mélangeait peut-être, dans les cultures du
nord de l'Afrique, avec le Gossypium punctatum, d'origine africaine, qui
lui ressemble beaucoup. A l'époque de Mahomet, les Arabes étaient généralement
vêtus de coton (Schouw, Nat. Schild., p. l/i9), tandis que dans
les temps anciens, cette substance paraît avoir été rare dans toute la région
de la mer Méditeri^anée. Au dire de Pline, les prêtres seuls, en Égypte,
s'habillaient d'étoffes de coton. Pour les Romains, c'était aussi un grand
luxe, en admettant que certains tissus, dont le nom est l'objet de controverses,
fussent bien de coton. Tout cela est aisé à concilier, car les Gossypium
de l'Inde ne pouvaient pas parvenir sans de grands frais sur les bords
de la Méditerranée, et ceux spontanés dans la haute Égypte pouvaient
n'avoir pas été mis en culture. Les expressions de Pline indiqueraient
plutôt une espèce spontanée dont on recueillait les produits avec une certaine
peine. Si la culture s'était introduite dans les temps anciens en
Égypte, surtout dans la basse Égypte, elle aurait passé de là dans d'autres
provinces romaines, et l'antiquité latine s'en serait beaucoup occupée. Ce
doit donc être depuis les premiers temps de l'ère chrétienne, et avant
Mahomet, que la culture s'est répandue en Égypte.
Le docteur Wallich indique le Gossypimn herbaceum comme croissant