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8Ù8 ORIGINE GÉOGP.APHIQÜE DES ESPÈCES CÛLTIVÉËS.
Les anciens Grecs le cultivaient sous le nom de Updaoy, confirmé par le
mot ra Tlpoccra fles Grecs modernes (Fraas, S p t . F I . class., p. 290), et ils
le distinguaient de l'Allium Ampeloprasum, qu'ils appelaient Áfxná¿v:pa^ryj.
Les Latins employaient le mot Porrum (Pline, xx, c. 6, De Porro sectivo
et capilato et de Allio). Ce mol, duquel sont dérivés nos noms modernes
européens, est assez voisin du nom arabe Korrdt (Forsk., Delile) ou Kurrâlh
(Ebn Baithar, auteur du xine siècle, T, p. 363). Hasselquist (Voij.
and Irav., p. 290) le voyant cultivé partout dans l'Orient, ne doute pas
qu'il ne fut déjà chez les Égyptiens de l'antiquité. Hiller (¡lieroph., Il,
p. 36) dit que c'est le Chalsir des Hébreux, et que le nom vient d'un mot
qui signifie couper, comme les Latins disaient Porrum sectile. Selon RosenmiUler
{Uandh. hihJ. AUert., IV, p. 9/i), ce nom, qu'il écrit Chazir,
signifiait en hébreu de la verdure, de l'herbe, et s'appliquait à l'espèce actuelle.
On ne connaît pas de nom sanscrit (Roxb., Fl. ind., édit. 1832,
II, p. l/i2; Pidd., Indeoc^, et la culture de l'Allium Porrum n'est pas
indiquée en Cochinchine, en Chine et au Japon, par Loureiro et Thunberg.
Le nom bengali est notre nom arabe et latin Ptiroii (Pidd., i n d e x , p. 3),
ear le nom de Gtmdana, indiqué par Roxburgh, s'applique à une autfe
espèce, selon Piddington.
On ne peut douter, d'après ces faits, que la culture de l'Allium Porrum
ne soit sortie de la région de la mer Méditerranée : ainsi la plante cultivée
est issue de la région de l'Allium Ampeloprasum, ce qui confirme l'opinion
de M. Gay, fondée sur l'examen purement botanique des formes, opinion
déjà confirmée par l'étude géographique de l'Allium Ampeloprasum dans
les îles Britanniques. (Voy. p. 693.)
3° Feuilles employées à divers usages.
i^iicotiana Tabaciim, L. — Il est bien certain que l'espèce est originaire
du nouveau monde. Les circonstances de son introduction en Europe
sont si connues, elles se trouvent dans un si grand nombre d'ouvrages,
qu'il est inutile de les rappeler ici. En revanche, il y a de l'intérêt à savoir
si la plante existe spontanée en Amérique, et dans quelle partie de ce vaste
continent. Sur ces questions j'ai consulté une foule d'ouvrages anciens et
modernes sans découvrir de faits précis. La plupart des auteurs ne distinguent
pas sullisamment les échantillons cultivés et spontanés, soit par négligence,
soit parce que les graines s'échappent souvent des cultures et naturalisent
la plante d'une manière plus ou moins durable dans presque
toutes les régions chaudes de l'Amérique et d'autres pays. Hernandez, Piso,
Sloane, Ruiz et Pavón, M. de Humboldt, donnent des détails intéressants
ORIGINE DÉS ESPÈCES LE PLUS GÉNÉRALEMENT CULTIVÉES. 8Á9
sur les noms primitifs, sur l'extension de la culture en Amérique avant
les Européens, etc.; mais ils ne disent pas avoir vu la plante spontanée.
M. de Martius regarde l'espèce comme introduite au Brésil ( S y s t .
mat. med. Bras., p. 120 ; Sendtn., dans F l . Bras., M, Solan., p. 166).
Dans mon herbier je vois quelques échantillons vérifiés par M. Dunal qui
peuvent avoir été spontanés, mais les preuves positives manquent. Le
n« 3223, A, recueilli par Blanchot dans la partie méridionale de la province
de Bahia, est celui qui, d'après la localité, semble le plus spontané.
micotiana rustica, L. — D'origine américaine, comme le précédent, il
était plus souvent cultivé chez les anciens Mexicains (Humb., Nouv.-
Esp., édit., III, p. 50). Au contraire, dans l'Amérique méridionale,
c'est le Nicotiana Tabacum qui est surtout employé, car Ruiz et Pavon
(FL, II, p. 16) ne mentionnent pas le Nicotiana rustica au Pérou, ni M. de
Martius ( M a t . med. Jiras., p. 120) au Brésil.
Aucun auteur, à ma connaissance, ne dit l'avoir trouvé vraiment spontané.
Je possède un échantillon recueilli dans la Nouvelle-Californie par
Douglas en 1833, époque où le pays était bien peu habité. Rien ne prouve
que cet échantillon ne provienne pas de graines échappées d'une plante
cultivée-, mais la probabilité est bien en faveur d'une origine mexicaine.
M. Bertoloni (Fl. II., H, p. 617) croit cette espèce originaire de l'ancien
monde, probablement des bords de la mer Méditerranée. Son principal
argument est que Csesalpinus, en 1583, décrivait cette plante sous le nom
de Quoedam congener Tornabonoe (lib. vin, cap. M), et la disait de
l'ancien monde. Csesalpin ajoute cependant : « Apud nos peregrina. » On
peut hésiter sur la partie de l'Amérique d'où l'espèce est originaire,
mais non, ce me semble, sur l'origine au nouveau monde.
ivicotiana chincnsîs, Fîsch. Duii. (Prodr., XHI, part. I, p. 559), et
Mcotiana persica, »un. (Prodr., XHI, part. I, p. 567). — A l'occasion
de ces deux espèces, il faut examiner une question curieuse, controversée
depuis longtemps, celle de savoir s'il y a des tabacs d'origine asiatique.
A l'époque de l'introduction en Europe des N. rustica et N. Tabacum, dont
l'origine était évidemment américaine, on ne pensait pas à cette question.
Rumphius (^mfe., V, p. 225) a émis, le premier peut-être, des doutes
fondés sur l'ancienneté de divers noms de tabac cultivés dans les îles de
l'archipel indien et sur l'opinion de quelques habitants âgés de ce pays.
Loureiro ( F l . Coch., p. 136) a présumé également que son N. fruticosa
rapporté aujourd'hui (avec doute) au N. chinensis serait originaire d'Asie.
M. Brown laissa tomber incidemment la phrase suivante dans son Mémoire
sur le Congo (p. 53), et de sa part je ne pense pas que ce fût sans examen
: (( Toutes les espèces de Nicotiana paraissent être d'Amérique, ex-
.ji.
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