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1166 DES CARACTERES DE VEGETATION.
Je rappellerai, de plus, que la fréquence des individus et leur effet dans
la végétation d'un pays, n'est pas en rapport avec le nombre des espèces
de chaque groupe (p. 115/i, Zi57).
La proportion des espèces monocotylédones et dicotylédones est donc,
par tous ces motifs, une chose abstraite, qui se calcule d'après les Flores,
mais qui ne se voit pas. Je défie le botaniste le plus exercé de deviner
au premier coup d'oeil quelle est la proportion des deux classes, même
dans un district de peu d'étendue. Il est aisé, au contraire, de dire à la
simple vue si les Composées, si les Légumineuses, ou les plantes à feuilles
persistantes, prédominent dans une région, parce que ces groupes sont
plus homogènes, plus faciles à saisir dans leur ensemble et à comparer
entre eux. Il faudrait au moins pour qu'on pût attacher de l'importance à
la proportion des deux grandes classes, avoir toujours le soin d'ajouter de
quoi se compose chacune d'elles, en particulier la classe des Monocotylédones,
dont les formes sont si disparates entre elles.
Proportion des groupes naturels supérieurs aux familles et inférieurs
aux classes. — Les botanistes s'évertuent à associer les familles
en groupes inférieurs aux grandes divisions du règne, et cependant fondés
sur des caractères positifs ; mais ces tentatives sont encore trop récentes,
trop imparfaites, pour pouvoir être utilisées en géographie botanique. Il
serait prématuré de calculer les proportions d'espèces de ces groupes qui
ne sont que provisoires, ou du moins mal définis. D'autres associations
d'une valeur botanique plutôt faible, mais qui répondent à des caractères
très apparents, méritent de fixer davantage l'attention du botaniste
géographe.
La proportion des espèces ligneuses et herbacées; celle des espèces
annuelles, bisannuelles, vivaces el ligneuses, soit Monocarpiennes ei
Pohjcarpiennes ; la proportion des espèces à feuilles ou tiges charnues,
soit plantes grasses ; celle des espèces à feuilles composées, des espèces à
feuilles persistantes ou caduques, voilà des éléments à constater dans tout
assemblage de végétaux. Chacun de ces groupes renferme des plantes de
diverses familles ou classes, mais leur importance dans la nature est évidente.
Le nombre des espèces ligneuses, des arbres surtout, a une valeur
bien réelle, à cause de l'aspect des forêts et de leur action positive sur les
plantes non ligneuses. Sous ce point de vue, les informations de statistique
sur l'étendue des forêts dans un pays ne sont point à dédaigner. Je dirai
même qu'un tableau statistique montrant la proportion des forêts, terres
cultivées, prairies, marais, etc., en apprend plus à l'égard delà végétation
générale d'un pays que certaines Flores extrêmement savantes, dont les
botanistes font le plus grand cas.
NATURE DE CES CARACTÈRES CONSIDÉRÉS ISOLÉMENT. 1167
On a essaye quelquefois de classer les formes des plantes en certaines
catégories répondant à l'aspect, au port, qu'elles présentent dans la nature.
M. de Humboldt (a), et ensuite Meyen (b), ont distingué de cette manière
15 à 20 groupes, on peut dire physiognomiques, des végétaux. C'est un
moyen de faciliter les descriptions des voyageurs. Toutefois, un grand
nombre de formes ne sont pas assez tranchées pour rentrer dans une de
ces catégories, ou plutôt il y a des formes tellement abondantes et vulgaires
qu'elles renferment la grande majorité des espèces dans la plupart des Flores,
De là peut-être le peu d'emploi de ces subdivisions.
2" Caraclères relatifs aux familles.
proportion des espèces de différentes familles relativement aux
Phanérogames. — Le calcul qu'on fait ordinairement pour exprimer la
proportion des familles dans un pays, suppose implicitement, ce qui n'est
pas exact, que les espèces de différentes familles sont également abondantes
en individus dans le même pays. On aurait une idée plus juste, peut-être,
en cherchant quelles sont les espèces les plus communes et en calculant
la proportion des familles sur ces espèces. Malheureusement, les données
sur le degré de fréquence sont difficiles à recueillir, assez vagues en ellesmêmes
; et pour la plupart des pays, elles manquent totalement.
En outre, l'aire moyenne des espèces varie suivant les familles et suivant
les régions (p. 500, òhh) . Ainsi, toutes choses d'ailleurs semblables, plus
on considère un espace étendu, plus par cela même on additionne d'espèces
différentes dans certaines familles où les aires spécifiques sont limitées,
comparativement à d'autres familles où les aires sont vastes. Dans une
région centrale de l'Europe, par exemple, on trouvera une petite partie
de^ Légumineuses, Labiées ou Composées qui existent dans toute l 'Europe,
mais une forte proportion des Cypéracées, Joncées ou Graminées ;
par conséquent, la proportion de ces familles ressortira différente suivant
qu'on envisagera, ou la région centrale supposée, ou l'ensemble de l'Europe.
Les premières de ces familles auront un chiffre plus fort dans l'ensemble
de l'Europe; cependant, sur le terrain, elles ne seront pas plus importantes
qu'il ne semble d'après les Flores locales. Voyons jusqu'à quel
point cette cause d'erreur peut devenir grave. Nous ne pouvons guère l'apprécier
qu'en Europe , les énumérations d'espèces pour des pays compris
les uns dans les autres, étant ailleurs nulles ou défectueuses.
(a) Essai sur la géogr. des plantes, in-i, p. 31 ; Tableaux de la nature, edit. 1851,
ÎI, p. 22. .
{b) Grundrissder Pflnnzen fieogr., v^rt. m, p. 11
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