
8 8 / | ORIGINE GÉOGRAPHIQUE DES ESPÈCES CULTIVÉES,
Les indices botaniques ne sont pas aussi clairs. Le Pêcher a été trouvé
spontané dans plusieurs points de l'Asie; mais on peut toujours se demander
s'il y était d'origine primitive, ou par le fait de la dispersion des noyaux
provenant de pieds cultivés. La question est d'autant plus nécessaire
(|ue ces noyaux germent facilement et que plusieurs des moditications
du Pêcher sont héréditaires (iVoisette, Junl, fr., p. 77; Traits, Soc,
liorlic. Lond., IV, p. 5'IB). Des pieds en apparence spontanés ont été
ti'ouvcs fréquemment autour du Caucase. Pallas (F/ . Ross., p. 13) en a
vu sur les bords du ïerek, où les habitants lui donnent un nom qu'il dit
persan, Scheptala (a). Les fruits en sont velus, âpres {austeri), peu
charnus, à peine plus gros que ceux du noyer; la plante petite. Pallas
soupçonne (jue cet arbuste provient de Pêchers cultivés. Il ajoute qu'on le
trouve en Crimée, au midi du Caucase et en Perse; mais Marshall Bieberstein,
C.-A. Meyer et Hobenacker n'indiquent pas de Pêcher sauvage
autour du Caucase. D'anciens voyageurs, Gmelin, Gûldenstadt et Georgi,
cités par Ledebour, en ont parlé. M. C. Koch (Ledeb., Fl, Ross,, I,p. 3)
est le seul botaniste moderne qui dise avoir trouvé le Pêcher en abondance
dans les provinces caucasiennes. Ledebour ajoute cependant, avec prudence,
an sponte? Les noyaux que Bruguière et Olivier avaient apportés
d'Ispahan, qui ont été semés à Paris et ont donné une bonne pêche velue,
ne venaient pas, commele disait Bosc {Diet, d'agric,, IX, p. Zi81), d'un
Pêcher sauvage en Perse, mais d'un Pêcher des jardins d'Ispahan (Thouin,
Ann. Mus., VIII, p. /i33). Je ne connais pas de preuve d'un Pêcher trouvé
sauvage en Perse, et si des voyageurs en indiquent, on peut toujours
craindre qu'il ne s'agisse d'arbres semés. Le docteur Boyle {Ul. Him.,
p. 20/|) dit que le Pêcher croît sauvage dans plusieurs endroits du midi de
l'Himalaya, notamment près de Mussouri; mais nous avons vu que dans
ces régions la culture n'en est pas ancienne, et ni Boxburgh, ni le Flora
Nepalensisde Don, n'indiquent de Pêcher sauvage. M. Bunge {Enum.pl.
Chin., p. 23) n'a trouvé dans le nord de la Chine que des pieds cultivés.
Ce pays n'a guère été exploré, et les légendes chinoises semblent indiquer
quelquefois des Pêchers spontanés. Ainsi, le Chou-y-ki, d'après l'auteur
cité précédemment, porte : « Quiconque mange des pêches de la montagne
de Kouoliou, obtient une vie éternelle. » Timnherg {Fl. Jap., p. 199)
d i t : <i Crescit uhique vulgaris, proecifue juxta Nagasaki. In omni
horto colilur oh elegantiam florum. » Il semble, d'après ce passage,
que l'espèce croît hors des jardins et dans les jardins; mais peut-être
s'agit-il seulement, dans le premier cas, de Pêchers cultivés en plein vent.
(a) Shuft-aloo (prononcez Schouft-alou), est le nom persan de la pêche lisse, d'après
le docteur r.oyle {lU. Him., p. 20i).
ORIGINE DES ESPÈCES LE PLUS GÉNÉRALEMENT CULTIVÉES. 885
Je n'ai rien dit encore de la distinction à établir entre les diliérentes
variétés ou espèces de pêchers. C'est que la plupart sont cultivées dans tous
les pays, au moins les catégories bien tranchées que l'on pourrait considérer
comme des espèces botaniques. Ainsi la grande distinction des peches
velues et des pêches lisses, sur laquelle on a proposé deux especes {Pérsica
vulgaris, Mill., et P. loevis, DC.) se trouve au Japon (Thunb., Fl
n 199) et en Europe, ainsi que dans la plupart des pays intermédiaires (a).
L accLe moins d'importance aux distinctions fondées sur adherence ou
non-adhérence du noyau à la chair, sur l'adhérence ou non-adherence c e la
peau superficielle, sur la couleur blanche, jaune ou rouge de la chair et sur
la forme générale du fruit. Les deux grandes catégories de peches velues et
lisses offrent la plupart de ces modifications, et cela en Europe dans l Asie
oTcid^ntale et probablement en Chine. Il est certain que dans ce dermer pays
la forme varie plus qu'ailleurs, car on y voit, comme en Europe, des peches
allongées, et de plus des pêches dont je parlais tout à l'heure, qm sont entièrement
déprimées, où le sommet du noyau n'est pas même recouvert de cha.
TNoisette Le.; 5oc. hort., IV, p. 512, tab. 19). La couleur y varie
u eaucoup (Lindl., hort.Soc.,N, p. 122). En Europe les vales
plus cUstinctes, en particulier les pêches lisses et velues a noyau
adhérent ou non adhérent, existaient déjà il y a trois siecles, car J. Bauhm
avec beaucoup de clarté {His,, I, p. 162 et 16 ), et avan ui
Dalechamp, en 1587, indiquait aussi les principales {msL, l , p ^Jt)).
A te é oque les pêches lisses étaient appelées ^ . a p e r . c a , a cause
de leur ressemblance de forme, de grosseur et de couleur avec e fruit
du noyer. C'est dans le même sens que les Italiens l'appellent encore
~ rché inutilement la preuve que cette pêche lisse e - t â t chez l .
anciens Romains. Pline (l. xv, c. 12 et 13), qui mélange dans sa omp -
ation des pêchers, des pruniers, le Laurus Persea et d'autres arbr s peute
ne dit rien qui puisse s'entendre d'un fruit pareil. On a cru quelquefois
reconnaître dans L Inheres dont parle Pline (D. .nalomn
" 0 U) . C'était un arbre fruitier apporté de Syrie du temps d'Augu t
li avJi d s blanches et de rouges. D'autres (Tuberes7 ou Mala?)
les el^ons de Vérone étaient velues. Le reste du chapitre paraît Conner
les Mala seulement. Des vers élégants de Pétrone, cites par Dalec
Z (T p. 358) prouvent clairement que les Tuberes des Romains du
mp c e Lron étaient un fruit glabre, mais ce pouvait être le pjubier
S p h u s ) , le Diospyros, ou quelque Crat.gus, aussi bien que le Pecher a