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7r)8 r.lIANGKMKNTS DANS l/lIABlïATION DKS ESPÈCES.
rAnu'vi(iue. Il a falhi des élalilissenients agricoles pour ([uc riiilroduclioit
(les espèces pùl coniinencer. La première colonie anglaise en Virginie dale
(le l607.1.es Hollandais s'établirent à Ne\\-York en l()l/i,et les puritains
delà Nouvelle-Angleterre, à IMyinouth, en 1620. Depuis ce moment, une
grande (luantité de graines furent apportées et propagées avec l'activité ((ui
distingue la race anglo-saxonne. Les 18/i espèces i\aturalisées se sont
introduites pendant 230 ans environ, car les espèces signalées depuis
([uelques années seulement sont encore, itour la plupart, à l'état d'épreuve,
et je n'ai pas dû les compter dans le nombre des espèces natin^alisées certainement.
La proportion est de 80 par siècle, chid're bien plus considérable
(|u'en Europe (p. 7hh). Je reviendrai sur les causes d'une ditîéi'ence aussi
sensible. L'abondance avec laquelle l'introduction des espèces s'est laite
a pu varier pendant la durée des deux siècles; mais aucun document
ne permet de s'en faire une idée. Je soupçonne (ju'elle a été i)lus
grande dans les années qui ont précédé l'indépendance des Etats-Unis qu'à
aucune autre époque. Cela me paraît probable, parce que les colonies
avaient alors un couunerce actif avec l'Europe, et que les établissements y
étaient assez nouveaux pour que l'on dût acheter des graines à l'étranger
pour l'horticidture et l'agriculturc. ]\laintenant, le commerce est plus actif,
mais il s'est formé des jardins et des pépinières, qui dispensent de tirer
les gi-aines communes de pays lointains. La manière dont les plantes
étrangères se répandaient encore, de 1813 à 1820, date de plusieurs
Flores américaines ; les traditions toutes vivantes des botanistes de celte
époque sur l'origine de plusieurs espèces me font penser aussi que les
naturalisations étaieid., pour la plupart, peu anciennes.
12. Les Flores américaines indiquent plusieurs espèces naturalisées qui
sont devenues comumnes. Le manipie de Flores locales m'empêche de
constater celles (pii abondent véritablement d'une extrémité à l'autre du
territoire, des Florides au Canada. Quekjues espèces sont devenues aussi
conmiunes dans certains endroits (ju'en Europe, par exemple, l'Echiuiu
vulgare, les Linaria vulgaris, Leucanthemum vulgare, Cirsium arvense,
Yerbascum Thapsus, etc. Elles abondent au point qu'un savant géologue (a)
a pu écrire : « Ces plantes d'Europe, introduites en Amérique, se répandent
et linissent par couvrir le sol, envahissant le terrain occupé jadis par les
plantes indigènes, et les faisant successivement disparaître, à peu près de
la même manière et dans les mêmes proportions que la race indienne cède
le pas à l'homme blanc et disparait devant la civilisation qui s'implante
sur la terre des Peaux-rouges. )) 11 y a probablement de l'exagération dans
l'idée d'une disparition des espèces indigènes devant les antres ; mais on
(éi) An'fi>siz, ììulì. Soc. se. rfp Xeiichâtel, iinvombre 'I8i7.
NATUIIALISATION A (IRANnii DISTANCK. 75 9
voit que l'envahissement est assez marqué dans les régions anciennement
colonisées des Ktats-Unis.
13. Si (pielques espèces sont devenues abondantes, je n'ai pas été moins
iVappé de la rareté actuelle d'autres espèces, et surtout de l'absence,
parmi les plantes naturalisées, de plusieurs plantes très connnunes eu
Europe. Les Uanunculus ai-vensis, l'apaver Uhoeas, Cheiranthus Cheiri,
Geranium molle, (leranium pratense, Bellis perennis, Centaurea Jacea,
Specularla Speculum, Speculari;i hybrida, Borago officinalis, Mercurialis
annua. Verbena ofiicinalis, et bien d'autres plantes communes en Europe,
répandues même ailleurs, n'ont pas encore passé aux Etats-Unis. Le
climat leur serait-il contraire ? Les graines ne se sont-elles pas trouvées
dans les envois de graines pour l'agriculture? La suite mmitrera si ces
espèces ne peuvent pas s'établir en Amérique. Je vois dans ce fait plutôt
un indice que des naturalisations contiimeront à avoir lieu, jusqu'à ce que
toutes les plantes robustes et prolifères des i)ays tempérés se soient casées,
dans quelques districts au moins, du territoire si varié des Etats-Unis.
i h . ici, connue parmi les plantes naturalisées en Europe, la grande
majorité des espèces habitait plusieurs régions avant de se répandre en
Amérique. Presque toutes sont des espèces, non-seulement de l'Europe
tempérée, mais aussi de la région méditerranéenne et de quelques régions
voisines, comme la Sibérie, le Caucase, la Perse, les îles de Madère ou des
Canaries. Je n'essaierai pas d'en calculer exactement le nombre, parce que
les espèces des décombres, des chemins, etc., qui sont si nombreuses
dans la liste, ont évidemment été transportées dans plusieurs pays comme
aux États-Unis. Leur extension est trop factice pour mériter une certaine
importance. Les seules espèces qui n'aient pas le caractère de grande
diffusion géographique, sont : l'Helleborus viridis et le Silene Armeria, qui
s'étendent de l'Angleterre à la Grèce; les Medicago intertexta et Medicago
nigra, qui sont du raidi de l'Europe; le Centaurea nigra, L.,
qui habite l'Europe tempérée; le Symphytum olllcinale, qui est de
l'Europe tempérée et méridionale; le Ligustrum vulgare, quj occupe
une moitié de l'Europe et la région caucasienne; le Kosa liievigata, dont la
patrie, en Chine, est peut-être assez limitée; le Soliva nasturtiifolia, qui est
deBuénos-Ayres, et dont l'extension n'est pas encore bien connue. Ainsi,
sur 166 espèces naturalisées aux États-Unis, il n'y eu a peut-être pas 10
(jui n'eussent, avant leur introduction, une habitation beaucoup plus
grande que la moyenne des Phanérogames, et je doute qu'il y en ait une
seule dont l'habitation fût au-dessous de l'aire moyenne.
15. Les i b h espèces naturalisées aux États-Unis ou au Canada appartiennent
à 120 genres dilTérents, dont 59 sont nouveaux pour le pays
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