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680 CHANGEMENTS DANS L'IIABITATION DES ESPÈCES,
synonyme dans les ouvrages des anciens (J. Bauh., ff/si., III, p. 3''21 ; Sm. et
Sibth/, Prodr. ; Fraas, Syn. Fl. claims ), et que l'espèce n a pas encore pénétré
dans plusieurs localités du monde gréco-romain. Elle n'est pas indiquée dans le
Péloponnèse (Sibth., Expéd. de Mojw), àZante (Reut. et Margot, FL), en Algérie
(Munby, Fl.), et il est douteux qu'elle existe en Sicile (Guss., Syn.). On diraitune
plante du Caucase ou de Sibérie qui aurait fait invasion en liurope dans le moyen
îige, avec les peuplades asiatiques. Elle a des nomshongrois et russes qui semblent
pîns originaux que les noms français, allemands, etc., tirés de la forme de la
feuille ou des propriétés supposées. Les stations au Caucase et en Sibérie peuvent
être suspectes, comme en Europe; mais c'est probablement une nécessité pour
l'espèce de vivre près des matières azotées.
^Slachys annua, L.— (t) — Trouvé, depuis -1830, dans les champs de blé du
comté do Kent {Ëngl. Bot., t. 2660 ; Bab., Man., édit., p. 252). A cette
occasion, je me suis demandé quel est le pays d'origine, car en France, en Allemagne,
en Russie, le Stachys annua est donné pour une plante arvicole. Elle
étaft déjà dans les champs de l'Europe centrale à l'époque des Bauhin {Pin.,
p. 233, herbier Bauh., vérif. par DC.) ; mais elle n'a pas encore pénétré en
Sicile (Guss., Syn.), en Algérie (Munby, Fi.), ni même en Grèce (Sibth., Fraas,
Margot), ou cependant elle pourrait bien vivre autour des villages, dans les districts
élevés. Les noms italiens indiquent plutôt une origine étrangère ou récente :
hcrba turca (Targ., Diet.), herlm stregona{ih.), c'est-à-dire sorcière. M. Berto-
Ioni [FI. It., VI, p. '159) mentionne une ou deux locahlés italiennes hors des
champs; mais ce' peut être le résultat d'une dispersion accidentelle de graines.
Autour du Caucase, les indications ne sont guère plus précises. Marshall Bieberst.
ein dit pour la Crimée: «dans les lieux incultes et les moissons. » C.-A. Meyer
l'a trouvée sur les monts Talysch, dans les champs.
Stachy.s germanica, L. M. Watson {Cyb., II, p. 262; III, p. 482) a des
doutes sur la qualité indigène, parce que les localités sont rares et suspectes.
L'espèce est moins rare en Hollande {Prodr. Fl. Bat.) et en Normandie (Hard.,
Ken., Led., Cat. Calv.) ; mais là, comme dans plusieurs autres pays, elle existe
au bord des chemins, dans les terres vagues, près des villages, etc. Ray l'admettait
comme spontanée. Avant lui, Gerarde ne la connaissait pas en Angleterre,
ce qui ne prouve pas grand'chose pour une espèce aussi rare. Les probabiHtés les
plus fortes sont peut-être dans le sens qu'elle serait en Angleterre près de sa
limite naturelle, par conséquent plus rare qu'ailleurs.
* L ami u m niacnlatum, L. — ^ — Trouvé depuis le siècle actuel, près de
Bristol et de Londres {Engl. Bot., iSlS, t. 2550), plus récemment en Écosse
(Bab Man., 2'^ édit., p. 250). Répandu sur le continent de Suède à Alger et
d a n s i'Altaï(Be.nth, Prodr., XII, p. 510). Il est en Hollande (Miq., Distr. pl.
regn. Bni.), mais non dans les Flores de la Somme (Pauquy) et du Calvados
(Hard. Ren. Led. ), ce qui ne laisse guère supposer un transport direct au travers
du Pas-de-Calais. On cultivait autrefms cette plante en Angleterre (Wats., Cyb.,
II, p. 254), assez fréquemment, drconstance qui indique la cause de la diffusion.
Elle manque à l'Irlande (Mackay, Fl. ; Power, Guide Cork), nouvdle confirmation
de la qualité étrangère dans la Grande- Bretagne.
Il peut s'dever des doutes sur d'autres Lamiam ; mais comment les résoudre?
Leur distinction spédfique est diffidle, et leur station dans les endroits azotés est
une condition de leur nature.
NATURALISATION A PETITE DISTANCE. 681
Ifyssopus officinalis, L. — — Complètement et abondamment naturalisé sur
les ruines de l'abbaye de Beaulieu, dans la Nouvdle-Forêt, en- particulier, sur les
murailles et dans l'étendue du cloître (Bromfield, Phytol.,Y. III, p. 688). Voilà un
fait embarrassant à classer : la naturalisation est ancienne, en dehors de toute
influence humaine, depuis longtemps ; mais la plante ne s'est pas répandue dans
les locahtés analogues, et cdle-ci est de nature à se détruire à la longue. On ne
peut pas dire que l'espèce soit acquise déOnitivement.
Salvia pratensis, L. Depuis l'époque de Ray {Hist., I, p. 545, Syn., 3' édit.,
p. 237) jusqu'à nos jours (Wats., Cyb., II, p. 234 ; III, p. 476), on a émis des
doutes sur l'indigénat de cette espèce en Angleterre. Tantôt die avait été confondue
avec le Salvia Verbenaca, tantôt sa qualité spontanée est douteuse. La
locahté près de Cobham est cependant constatée depuis près de trois siècles.
Comme l'espèce existe, bien spontanée, en Hollande {Prodr. Fl. Bat., I, p. -189),
et dans le Calvados (Hard.,Ren., Led., Cal., p. 208), je ne vois pas de preuve
qu'dle ait manqué une fois à l'Angleterre ; d ie devient rare dans cette direction,
puisqu'on ne la voit pas dans les îles de Guernesey et .Jersey (Bab., Prim. Sarn. ;
Piquet, Phytol., 1853, p. 1093) ; mais tout en devenant plus rare, elle pourrait
bien avoir existé çà et là, en Angleterre, dans les temps anciens.
Mentha viridis, L. Il y aurait qudques motifs de plus pour accorder à M. Watson
{Cyb., II, p. 237) que cette plante est naturalisée en Angleterre, quoique Ray
et Dillenius n'en aient pas eu l'idée. D'un autre côté, l'absence d'une patrie bien
constatée ailleurs, me fait indiner à l'opinion de Koch {Syn.) et de MM. Cosson
et Germain {Fl. Par., I, p. 315), que ce serait une race du Mentha sylvestris,
déterminée, ou tout au moins répandue par la culture
Teucrium Botrys, L. — ® — On le trouve de temps en temps, depuis qudciues
années, près de Boxhill, dans le Surrey (Wats., Cyb., Ill, p. 365). Onne sait s'il
est indigène. En Hollande, les mêmes doutes se présentent {Prodr. Fl. Bat.,
p. 205); mais en Normandie, l'espèce est abondante dans les champs pierreux
calcaires (Breb., FL, p. 203 ; Hard., Ren., Led., Cat. Calv., p. 216). Elle
manque aux îles de la Manche (Bab., Prim. ; Piquet, PM/toL, 1 853) et à l'Irlande.
La localité anglaise est excentrique. Si l'espèce y était d'origine, pourquoi
ne se serait-dle pas répandue? Je la crois plutôt importée et encore mal établie.
Teucrium Chamoedrys, L. D'après MM. Wa t s o n {Syn., II, p. 248; III, p. 480 et
Power, Guide Cork, ly. 51), les localités de la Grande-Bretagne et de l'Irlande sont
toutes artifiddles ou suspectes. On retrouve i d presque les mêmes faits que ceux
du Salvia pratensis, et l'on pourrait appliquer les mêmes raisonnements; seulement,
on ne cite pas une seule locahté dans laquelle l'espèce soit bien spontanée,
hors des murs etdu voisinagedes habitations. D'un autre côté, die est assez commune
en Normandie (Haid., Ren.,Led., Cat. Calv., p. 216) ; mais à Jersey, elle
n'a été trouvée que dans une localité suspecte (Piquet, P/uji., 1853, p. 1093).Ray
{Syn., 3" édit., p. 231) l'indiquait seulement sur les murs d'un vieux château,
et le'nom anglais Wall Germander, montre assez ce qu'on en pense. Je suis
disposé àia croire étrangère, non parvenue à une véritable naturahsation.
Melissa officinalis. Elle commence, dit-on, à s'établir dans le midi de l'Angleterre
(Bab. ; Wats. , Cyb., II, p. 246) ; mais comme on l'a cultivée depuis longtemps
et qu'dle ne s'est pas étabhe et propagée définitivement, je crois qu'dle
restera encore dans cette catégorie de plantes plutôt adventives, sans cesse
répandues par les jardins et sans cesse détruites par les variations du climat,
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