1012 DKS KSPKCES DISJOINTKS. PLANTES DE MONTAGNES.
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Lc nombre total do ces espèces partagées entre la Lapoiiie et les Alpes,
sans exister dans le nord de l'Allemagne on dans les monts Carpates, est
de 29. Il y avait, par conséqnent, snr les 108 espèces arctico-alpines de la
Flore (le Laponie, 79 espèces, conmnnies anx régions polaires, anx montagnes
d'Allemagne ou de Hongrie et anx Alpes. Un aussi grand nombre
rend pent-ètre plus extraordinaire l'absence des 29 esi)èces dans les
régions montneuses intermédiaires, il est évident qne les montagnes de
Silésie et les Carpates, malgré une faible élévation (n), (jui ne leur permet
pas d'avoir de véritables neiges i)erpéluelles, sont cependant, par leur position
géographique, très favorables aux ¡¡lantes alpines. Les espèces des
zones les plus élevées y sont abondantes (Sanssureaaipina, Gentiana nivalis,
Bartsia alpina, Saxifraga oppositiiblia, Alcliemilla alpina, Dryas octopetala,
etc.). Je ne chercherai pas s'il existe des causes qui peuvent exclure
les 29 espèces, car peu m'importe dans ce moment. Le fait capital est que
ces espèces manquent dans les 3 ou /lOO lieues qui séparent leurs habitations
alpines et polaire. Si le climat les onq)êche d'y vivre, comment s'arrangent
elles de climats plus septentrionaux et plus méridionaux? Comment
se trouvent-elles à des distances qui excluent l'hypothèse d'un
transport de graines par les causes actuelles, du moins pour toutes les
espèces qui n'ont pas des baies de nature à tenter les oiseaux? Si elles
peuvent supporter le climat des montagnes intermédiaires, pourquoi n'y
sont-elles piis? Dans toutes les hypothèses, le fait mérite là plus sérieuse
attention.
Parmi les 29 espèces arctico-alpines de la Flore de Laponie qui manquent
aux montagnes du nord de l'Allemagne et de la Hongrie, plus de la moitié se
trouvent dans l'Amérique septentrionale, et ont, par conséquent, une aire
très vaste dans leur région polaire. La grande majorité existe simultanément
sur d'autres montagnes que les Alpes, en particulier, aux Pyrénées
et en Ecosse. Les Braya alpina, Alsine biflora, Saxifraga adscendens,
Oxytropis lapponica et Luzula glabra ta, sont les seules qui soient uniquement
arctiques et alpines, c'est-à-dire communes seulement aux régions
circumpolaires et à la chaîne des Alpes.
Les Monocotylédones forment presque la moitié des espèces (13 sur 29).
Dans la liste totale des 108 espèces arctico-alpines, elles formaient environ
le tiers (33 sur 108). Les Monocotylédones ont, en général, une aire plus
vaste que les Dicotylédones. 11 semble (jue le phénomène de disjonc-
. {a) Le Schiieekoppe a 4930 pieds, et le liabia Gora 5080, d'après la Flore de
Silésie de Winiiner (11, p. •;). Le Lomiiitzer des Carpates a 79-42 pieds (Wahl., Carp.,
p. i-iii).
tion est lié à celui d'une grande aire. Tous les deux paraissent remonter
à des causes semblables, ou connexes (a).
La disjonction de plusieurs espèces entre des montagnes et des plaines
fort éloignées, n'est pas un phénomène particulier à l'Europe.
11 se retrouve, i)ar exemple, entre les montagnes Blanches (Wlùte mountains)
du New-llampshire, aux États-Unis, et les régions arctiques de
l'Arnériiiue, à une distance, il est vrai, qui ne dépasse pas 200 lieues.
L'incertitude où l'on est sur les limites méridionales des plantes du Groenland
et du Labrador, m'empêche de donner à ce fait le degré de précision
(jui serait désirable.
M. Cosson a été surpris de trouver sur des plateaux élevés de l'Algérie,
(luelques espèces des régions centrales de l'Europe, par exemple, des
environs de Paris.
Le même botaniste (fase, m , p. 107) a découvert au sommet delà
Serra de Segura, en Espagne, le PUTENUIIA PCNSYIVAMCA, L,., espèce de
Sibérie et de l'Amérique septentrionale, naturalisée autour de Paris
(voy. ci-dessus, p. 7'2l\).
Les montagnes d'Abyssinie ont de l'interôt sous ce point de vue. Elles
sont séparées du Sinai et de l'Atlas par 350 et 500 lieues de plaines
arides, exposées à une chaleur qui exclut les plantes de régions tempérées ;
elles sont plus distantes encore de notre région européenne. Cependant, il
n'est pas sans exemple de trouver en Abyssinie des espèces d'Europe, dont
l'introduction par l'homme n'est pas probable, et dont le transport, par des
moyens naturels, n'est guère possible. Je note les suivantes, d'après le
premier volume de l'ouvrage d'Achille Richard {Tenlamen Floroe Abyssin.),
qm renferme une moitié à peu près des familles phanérogames, et au
plus le quart du nombre probable des espèces du pays.
INDICATION DK QUELQUES ESPÈCES D'EUUOPE OU D'ALGÉUIE QUI SE TROUVENT
DANS LES MONTAGNES DE L'ABYSSINIE ET QUI MANQUENT AUX PAYS INTEUMÉDIAIRES
(b).
K a n u n c u l u s ».luatilis, — Se trouve en Algérie (Munby, Fi.).
o l l î e î n a l e , Br. - En Algérie (Munby, Fi.): dans les îles du
Cap Vert (Webb, dans Fl. Mgr.).
A r a h i s all.ida, Stcv. —Of — Voy. p. 1016.
(a) Je n'ai pas voulu affirmer ici au delà de ce qui résulte dos laits de disjonction,
mais dans le chap. XXVI, ou verra un ensemble d'idées et do faits propre a expliquer
ces phénomènes. , c. • • • -h^
(h) J'ai consulté pour l'Egypte et l'Arabie, Forskal et Delile; pour le Setiegal Guillomin,
Perrottet et Richard, Tenl. FL Seneg. J'ai eu sous les yeux les ouvrages de Hooker,
FL Nigril.; Munby, FL Alg.; Boissier, Voy. Esp.; Decaisne, Fl. Hinat; mna, ¡H.
Sard.-i^ms., Syn. Sic., alin d'indiiiuer les habitations les plu. voismes de 1 Abyssmie.