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S ' / J 8 OKIGINK GÉOGHAPHIUUE DKS ESPÈCES CULTIVÉES.
idées religieuses, se reirouver dans toutes les catacombes, comme ou y
retrouve le blé, l'orge, le millet et la plupart des productions importantes
de l'Egypte ancienne et moderne. Ce qui est arrivé en Amérique chez les
Péruviens et les Mexicains, serait arrivé en Egypte, et il n'aurait pas fallu
exploiter pendant des siècles ce pays couvert de monuments, pour y trouver
une seule l'ois un seul épi de Maïs anlique. Si les anciens Égyptiens l'avaient
possédé, ils l'auraient laissé perdre, car Prosper Alpin, qui décrivit l'agriculture
de ce pays en i 592, ne parle nullement du Maïs. A la fin du siècle
dernier, cette plante était encore peu cultivée en Egypte (Forsk., p. LUI)
et n'avait pas de nom distinct des Sorgbo. Ebn Baithar, médecin arabe du
xiii*^ siècle,, qui avait visité les pays entre l'Espagne et le golfe Persique,
ne parle d'aucune plante qui semble être le Maïs (trad, allem. de Sondtheimer).
« Ne pourrait-on pas entrevoir le Maïs, dit Bonafous, dans un passage
de Diodorede Sicile, où cet historien raconte qu'un aventurier grec, nommé
Jambol, visita, dans la mer des Indes, une île où croissait une espèce de
roseau qui portait en abondance un grain précieux, semblable par sa
forme à celui de l'orobe... » — « On le recueille, dit Jambol,et on le fait
macérer dans l'eau jusqu'à ce qu'il ait atteint la grosseur d'un oeuf de
colombe; ensuite, après l'avoir pilé et pétri avec les mains, on en apprête
des pains que l'on fait cuire au four, et ces pains sont d'une saveur très
douce. » — « Ce grain, inconnu à Diodore, dit Bonafous, pouvait être le
Maïs, et l'île où Jambol l'observa, était la Taprobane des Anciens, aujourd'hui
Ceylan, suivant les uns, ou Sumatra suivant les autres. )>
Je ne reconnais guère le Maïs dans cette description insignifiante de Diodore
de Sicile; mais, ajoute Bonafous, « ce qui peut donner du poids à
l'opinion qu'il s'agit de cette plante, c'est qu'elle est cultivée d'une manière
générale, depuis un temps indéterminé, dans les îles de Java, Sumatra et
autres de l'archipel indien. M. J. Crawford, qui a résidé neuf ans à Java,
dit que le Maïs est, dans cette île, la production la plus importante après le
riz ; qu'on le nomme Janmcj^ mot qu'il croit indigène et qui est répandu
d'un bout à l'autre de l'archipel. Il s'appuie sur ce que les productions
que l'on sait être d'une origine étrangère portent ordinairement des noms
qui l'indiquent {History of the Indian archipelago^Édimhonrg, 1820,
vol. 1). » Or l'espèce est, au contraire, d'une introduction si récente dans
ces îles que Piumphius n'en parlait pas !
Le Maïs est peu cultivé sur le continent indien. Il l'était surtout très
peu dans le siècle dernier. Boxburgh, en effet, dans sa Flora Indica (a),
écrite il y a quarante ou cinquante ans, dit en parlant du Zea Maïs : « cul-
(a) Roxb., Flor. Ind.y eil. Seratnpore, 1832, vol. lil, p. 568.
ORIGINE DES ESPÈCES LE PLUS GÉNÉRALEMENT CULTIVÉES. 9/L9
tivé dans différentes parties de l'Inde dans les jardins, et seulement comme
objet de luxe; mais nulle part, à ma connaissance, sur le continent indien
comme objet de culture en grand. » Bonafous mentionne des cultures
observées par l'évêque Heber au pied de l'Himalaya; mais il est probable
que c'était une introduction récente dans le pays. Le Maïs n'a pas de nom
en sanscrit; du moins les botanistes anglais Roxburgh et Tiddington, si
exacts à rapporter les noms de plantes dans les langues asiatiques, n'en
citent aucun (a). En bengali, le nom est illokka, en hindustani Bhotta
et Bhuta, en telinga Mokajuna. Il serait intéressant de chercher si ces
noms indiquent quelque chose relativement à l'histoire de la plante. A
Ceylan, le nom est Muwa, d'après Moon {Cat., 1821, p. 61), qui n'hésite
pas à dire le Maïs d'origine américaine.
Le Maïs est cultivé en Chine {b) probablement d'une manière peu générale,
et Bonafous a découvert un livre chinois qui en parle, quoique la date
de sa publication soit de peu d'années postérieure à la découverte de l'Amérique.
Le titre de l'ouvrage est Phen-thsao'lmng-mou ( traité général
d'histoire naturelle), par Li-chi-tchin, 9 vol. in-8". c( Il fut commencé,
dit Bonafous, en 1552 et terminé en 1578. » L'édition qu'il en a consultée
est de 1637; elle se trouvait dans la bibliothèque de Huzard. On y voit la figure
du Maïs avec son nom chinois. Bonafous a copié la planche et en fait le
frontispice du chapitre sur la patrie du Maïs. La ressemblance est assez
grande. L'auteur demande si le peu d'années écoulées entre la découverte
de l'Amérique et l'époque où ce livre parut, ne permet pas de croire que
l'mtroduction du Maïs en Chine était antérieure à cette découverte. Il s'appuie
sur l'isolement des Chinois et sur la lenteur de leurs progrès agricoles.
Il soupçonne que le Maïs aurait été porté, avant la découverte de l'Amérique,
de l'archipel indien en Chine» J'avoue qu'avant de me ranger à cette
opinion, je voudrais voir la première édition du livre chinois, car il se
pourrait qu'on eût introduit dans la seconde (1637), une plante qui aurait
été transportée depuis peu dans l'Asie orientale. Il serait à désirer aussi
qu'un érudit en chinois voulût bien traduire le nom et la description de
Li-chi-tchin, s'il en a donné une. Il faudrait encore constater l'époque de
la rédaction de ce livre, et chercher dans d'autres ouvrages du même pays
une confirmation de la découverte de Bonafous.
En général, les sinologues ne parlent point du Maïs. Il n'est pas mentionné
parmi les cinq espèces alimentaires dont l'empereur Chin-nong in-
(a) Piddington, English index to plants of India, in-S, Calcutta, 1832.
(b) M. Duchêne le nie dans son histoire du Maïs, et, en effet, la plupart des voyageurs
n ' e n ' ibnt pas mention. Cependant Macartney en parle, vol. III, p. 38 de la traduction
f r a n ç a i s e .