•
> î
8 7 8 ORIGINE GÉOGRAPHIQUE DES ESPÈCES CULTIVÉES.
mot français Guigne^ Guinie, vient du celle. En Bretagne la cerise douce
se nomme Kignez (Le Gall^ lettre). De là aussi le mot Guinder des Espagnols,
Guingeira des Portugais. Du reste les noms s'appliquent ici à une
variété, là à une autre.
Les cerisiers à fruits mangeables ne croissent pas dans la chaîne de
rilimalaya, mais on cultive dans le Cachemir sous le nom de Alou-balou
{Aloo'halooy orthographe anglaise), un cerisier que le docteur Lindley
regarde comme l'espèce commune, sans dire laquelle (Royle, / / / . , p. 85).
Ce nom Balou est presque celui appliqué au cerisier par les peuples au
midi du Caucase, Bali (Moritzi, Diet. inéd. noms vulg.). Le nom hiiidustani
Padamy que Piddington attribue au Prunus Cerasus, doit être le
Cerasus Puddum, DC., qui n'en a pas le bon goût, et dont la fleur est rose-
J e doute beaucoup que le cerisier spontané et cultivé au Japon, désigné par
Thunberg (FI-y p. 201) sous le nom de Prunus Cerasus soit vraiment le
cerisier ordinaire. Selon lui, les feuilles en sont très acuminées. M. Bunge
ne mentionne pas de cerisier dans le nord de la Chine, ni Ledebour (FL
Ross.) dans la Sibérie orientale ou la Daourie.
P r u n i e r s . — Toutes les variétés de prunes et pruneaux cultivés sont
rapportées par Linné au P n m u s domcst&ca et par quelques modernes
(Kocb, Syn. FL Germ.; Ledeb., FL Ross.) au Pr- domestica et au
P r . insititia, L. La classification des variétés nous importe peu, car on
s'accorde à dire que le Pr. domeslica est spontané autour du Caucase et
des monts Talysch (Pali., FI. Ross.^ I, p. 18; Ledeb., FL Ross.^ II,
p. 5), et le P r . insititia dans le Caucase (^W.), la Grèce (Fraas, Syn*
FL class.^ p. 69), et l'Europe tempérée (Linn.; Sm., EngL Bot.;
BertoL, FL It.^ V, p. 133) . Il est souvent difficile, en Europe, de savoir
si les pruniers sauvages sont vraiment d'origine spontanée, ou proviennent
de noyaux jetés dans la campagne. Pline (1. xv, c. 13) dit déjà que le
nombre des variétés était immense « ingens turba prunorum. » Ainsi la
naturalisation dans quelques parties de l'Europe peut remonter bien haut-
La multiplicité et la diversité des noms vulgaires anciens indiqueraient
plutôt une existence primitive assez étendue, en Europe et dans l'Asie occidentale.
Si j e consulte le dictionnaire où nous avons fait relever par Moritzi
les noms vulgaires de toutes les Flores, voici ce que j e trouve: l'^ la
grande majorité des noms dérive du tv^ouv// des Grecs dans les langues latines,
germaniques et même en lettonien (Pluhine)] les langues slaves ont
tiré leurs noms d'une racine très différente, car on dit Sliva en Boheme,
Slivonik en russe, etc.; 3Mes Tartares et les Turcs disent Erik et llruh^
pour prune, et, chose très remarquable, c'est presque le mot celle des Gallois,
Eirin (Davies, Welsh Botan.^ p. Û7) ; quelques noms viennent
OUIGINE DES ESPÈCES LE PLUS GENERALEMENT CULTIVÉES. 8 7 9
de l'épithète prune de Damas^ comme Damson en anglais, Darmassin
en piémontais ; le nom grec Koxxu^vjAea n'a laissé pour ainsi dire aucune
trace dans les langues modernes; les noms arabes Barkouk (Forsk.,
p. 67 et 1 1 3 ) et (Munby, FL Alg.) sont entièrement distincts, si ce
n'est que la fin du premier ressemble au commencement du nom grec
Koxx'JfJtyîXea 7° les Bretons (M. Le Gall, lettre) emploient le nom de Prun,
qui est le mot grec et latin. Ils ont d'autres noms, Bolosse ou Belasse, pour
le fruit sauvage du Prunus insititia, et Ilirin ou Irin pour celui du
Pr. spinosa. Dans la Suisse française nous avons le mot Belasse pour le
fruit du Prunus spinosa. Le mot anglais BuUace, pour prune, a la même
origine. Les Gallois ont conservé le vieux mot celte Hiriu (Eirin), en le
transposant peut-être d'une prune sauvage à une espèce cultivée. Tout cela
démontre l'ancienneté des pruniers dans toute l'Europe tempérée et autour
de la mer Méditerranée. Nos pruniers ne paraissent pas s'être répandus anciennement
du côté de l'Asie orientale. M. BnngeÇEnum. pl. Chinoe hor.)
rapporte, avec doute, au Pr. domestica, un prunier cultivé rarement dans
le nord delà Chine, 11 est plus que douteux que lePr . domestica, Thunb.,
nommé par Kämpfer Malus persica, soit un de nos pruniers. Enfin, on
ne connaît aucun nom sanscrit pour la prune ou le pruneau (Pidd., Index).
A b r i c o t i e r . — L e P runus armeiiîaca, !.. {Armeniacavulgaris^ Lam.)
croît spontanément en Arménie, et en général autour du Caucase, soit au
nord, soit surtout aumidide cette chaîne (PalL, Fl. Ross.^^. 16; Ledeb.,
FL Ross.y II, p. 3, qui a vu des échantillons et cite Güldenst, et Hohen.j.
M. W. J. Hamilton dit l'avoir trouvé sauvage près de Ourgou et Outch-
Hisar, dans l'Anatolie {Nauv. ann. des voy., février 1 8 3 9 , p. 176), mais
j'ignore si cette assertion a été vérifiée par un botaniste. Il en est d'elle,
peut-être, comme de celle de M. Eusèbe de Salle (Voyagey I, p. ihO)
qui dit avoir trouvé l'Abricotier sauvage autour des ruines de Balbeck,
mais qui décrit l'arbuste comme ayant 1 pied 1/2 de hauteur, les feuilles
linéaires, et le fruit de la grosseur d'une noisette, avec un goût austère,
d'où il résulte que c'est une autre espèce. Beynier (Êcan. des Egypt.^
p. 371) , qui était botaniste, a trouvé l'Abricotier « presque sauvage » dans
les oasis de la haute Egypte. M. Munby l'indique en Algérie spontané et
cultivé ( F L Alg., p. A9). Ce sont probablement des naturalisations par
suite d'une culture très générale. Il en est de même au midi de l'Himalaya,
car l'Abricotier ne s'y trouve sauvage que sur l'emplacement de villages
abandonnés (Royle, FIL Him., p. 205). Le témoignage des botanistes
Pallas, Guldenstädt, Hohenacker et Ledebour en faveur de la région du
Caucase est bien plus sûr, d'autant qu'il s'accorde avec la tradition selon
laquelle la p^iU àppivta^a des Grecs, le Malum armeniacum et le Proe-
56