772 CHANGEMENTS DANS L'IIABITATION DES ESPÈCES.
NATURALISATION A GRANDE DISTANCE. 773
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peut pas savoir exactement si elle se maintient d'elle-même hors des jardins. Les
espèces de la section Ternatea sont du vieux monde, les autres d'Amérique.
C a s s i a occUlcntalîs, I - — ® — Amérique, Afrique, Asie, Australasia
(Br., Congo, p. 58 et 6'! ; Vogel, Ccm., p. 21 : Hook. f. et Benth., Fi. Nigr.,
p. 324). Espèce officinale, souvent cultivée, notamment en Afrique, spontanée
surtout dans les terrains cultivés, près des habitations, etc. On ne peut guère
douter de son transport dans plusieurs pays. Quant à l'origine, c'est plus délicat.
Je penche pour l'Amérique, parce que l'espèce y semble plus commune, surtout
aux Antilles. Elle n'a pas de nom sanscrit (Piddington, Mo t ) , ce qui éloigne
l'hypothèse d'une origine asiatique. M. R. Brown dit que les nègres pourraient
l'avoir portée d'Afrique en Amérique. On peut croire aussi que les courants,
dont le principal marche en sens contraire, l'auraient apportée en Afrique.
C a s s i a fìstiila, ï^. — § —Très répandue dans l'Inde et en Égypte ; introduite
par les Espagnols en Amérique, d'après les détails que donne Sloane (/am., II,
p. 42).
? Crotalar i a iiicana, l i . '—® — 1 ° Commime dans l'Amérique intertropicale
sur les collines arides (Jacq., Obs., IV, t. 82), du Mexique au Brésil et au
Pérou (Benlh., in Eook., Lond. Journ., II, p. 588); 2° Afrique tropicale occidentale
(id., FI. Nigr., p. 292, et l. c.) ; 3° Inde orientale, dans le Doab (Benth, in
Lond. .Journ., II, p. 588, d'après un échantillon de Edgeworth, qui le dit spontané).
MM. Wight et Arnott (Prodr. Fl. pen.) ne l'ont vue dans l'Inde que cultivée.
M. Bentham soupçonne la plante d'origine américaine, peut-être parce que
les autres espèces de la section sont principalement d'Amérique, ou qu'elle est
moins répandue dans l'ancien que dans le nouveau monde. Les légumes sont très
velus, ce qui peut déterminer un transport par adhérence, indépendamment des
courants. L'absence de noms sanscrits et indiens (Piddington, Index) et la rareté
dans l'Inde, excluent l'hypothèse d'ime origine asiatique. Gardner (yoi/r?i. Hort.
Soc., IV, p. 40) dit l'espèce naturalisée dans l'île de Ceylan.
C r o t a l a r i a retïisa, ï^- — @ ® — '1° Inde, OÙ elle est commune, au moins
dans le midi (Roxb., FL, 2" édit., p. 272; Wall., list, 5405) et dans l'archipel
indien (Rumph.); 2° îles Mascarenhes, où elle est bien spontanée, dans lesmontagnes(
Boj., H. Maur., p. 86) ; 3° aux Antilles ; mais d'après monherbier, naturahsée
à la Dominique, etd'après Macfadyen, naturahsée àia Jamaïque (FI., p. 239).
Il est probable d'après cela qu'elle est d'origine étrangère aux Barbades (Maycock,
FI., p. 291 ), à Saint-Thomas (Schlecht., Linn., 1 830, p. \ 77), quoique les auteurs
citent la plante sans réflexion. Elle n'a pas de nom sanscrit connu; mais si elle
manque au nord de l'Inde, cela ne prouve rien. Le légume est glabre. Je ne vois
pas de cause de transport.
C r o t a l a r i a verrucosa, li, — ® — Exactement dans le même cas que le
Crotalaria retusa. Originaire dans l'Asie méridionale et l'archipel indieh; originaire,
ou du moins spontané aux îles Mascarenhes : naturalisé à la Jamaïque
(Macfadyen), dans les cultures; trouvé aussi à Saint-Thomas.
K h i z o p h o r a Mangle, !.. — 5 — Embouchure des fleuves, marais maritimes:
'1 ° Océanie orientale aux îles des Amis, de la Société, des Nouvelles-Hébrides, de
la Nouvelle-Calédonie (Endl., Fl. Sudseeins., dans ylnn. Mus. Wien, I, p. 181);
2° Amérique occidentale aux Galapagos (Hook. f., Trans. Linn. Soc., XX,
p. 225), et sur la côte jusqu'au 24°38' latitude nord en Californie (Benth., Bol.
Sulph., p. 14); 3" Amérique tropicale orientale, du Brésil aux Antilles;
4° Afrique tropique occidentale (Hook. f. et Benth., Fl. Nigr., p. 341). On sait que
les graines germent dans leau salée et peuvent être portées par les courants.
Cela explique bien la présence des deux côtés de l'Atlantique, mais sur la côte
occidentale d'Amérique l Peut-on supposer que les graines auraient doublé le
cap Horn, ou que des oiseaux les auraient transportées au travers de l'isthme de
Panama? Je ne puis croire à des faits aussi extraordinaires, car l'espèce aurait
dû venir du Brésil jusqu'au Pérou, sans pouvoir s'établir dans les régions froides
ou tempérées des deux côtes australes de l'Amérique, et quant aux oiseaux, je ne
sais ce qui pourrait les tenter dans les fruits coriaces des Rhizophora ; je ne vois
pas non plus comment ils les emporteraient. L'hypothèse la moins improbable
paraît celle-ci L'espèce serait d'origine américaine ; elle aurait traversé l'isthme
de Panama, par l'eiîet de quelque grande inondation, après s'être établie assez
avant dans les terres sur les rives de fleuves remontés par la marée ou dans des
lacs saumâtres. De la côte orientale d'Amérique, elle aurait gagné la côte occidentale
d'Afrique par les courants, et, semblablement, de la côte occidentale d'Amérique,
les courants l'auraient portée dans les îles de la mer Pacifique.
Le R h i z o p h o r a racemos a offre probablement les mêmes circonstances, en
particulier, le fait d'exister des deux côtés de l'Amérique ; mais sa synonymie
n'est pas assez bien constatée (voyez chap. X, article iv). Les Rhizophora des
mers indo-africaines sont différents.
A g e r a t um cony^oîclcs, L . - ® — M . R. Brown [Congo, p. 61) l'indique
parmi les espèces où la nature des péricarpes pourrait faire supposer des transports.
D'un autre côté, pourquoi cette Composée, dont l'aigrette manque quelquefois,
serait-elle plus facile à transporter que deux ou trois mille espèces
munies constamment d'une aigrette, qui sont abondantes dans les pays mtertropicaux,
plusieurs dans les jardins, sur les côtes, etc.? J'ai prouvé (p. 702) que
les aisrettes ne favorisent pas extrêmement le transport, même avec l'action concomitante
de l'homme. Les quatre autres espèces d'Ageratum bien connues, sont
d'Amérique et n'ont pas une grande extension. Celle-ci croît souvent dans les cultures,
les décombres, etc. Étant plus répandue dans le nouveau monde que dans
l'ancien, n'ayant dans l'Inde que des noms en langues modernes (Roxb., FL,
2" édit., V. III, p. 415, Ageratum cor di folium), et passant pour naturalisée à lîle
Maurice (Bojer,'i/. Maur.) et à Ceylan (Gardn., Journ. Horlic. Soc., IV, p. 40), je
suis disposé à la croire d'origine américaine.
» i d e n s pilosa, L. — Plante commune dans les terrains cultivés. Elle
y devient incommode par la manière dont ses akènes, terminées par des poils en
hameçon, s'accrochent aux personnes qui passent (Webb, dans FL Mgr., p. 1 42).
Évidemment, elle a dû être transportée par adhérence aux hommes et aux marchandises
On la connaît actuellement : 1° dans les parties tempérées ou chaudes
des États-Unis, aux Antilles, à la Guyane (Maycock, FL Barb.), à la Guyane
(Aubl p 794); 2° en Afrique, aux îles du cap Vert (Webb, ib.), des Canaries
h DC i)'sur la'côte de Guinée [FL Nigr., p. 435), à l'île Maurice (DC., Prodr.)-.
3» à la Nouvelle-Zélande (Forst., Lesson) et aux îles des Amis (Forst.). Sur
68 espèces du genre, la grande majorité est d'Amérique, et quelques-unes d'Asie.
Celle-ci est plus répandue en Amérique, et elle n'a pas encore pénétré dans 1 Asie
proprement dite. „ T, T.
S p h e n o c l e a Pongat i««. , DC. {Prodr., VII, p. 548). - ® - M.R. Brown
[Bol. Congo, p. 58) signalait déjà cette plante comme répandue entre les tro