lOOG DES ESPECES DISJOINTES.
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ment semblables dans les îles el sur les continents, ou sur des terres éloignées,
ou encore d'un côté et de l'autre des grandes chaînes de montagnes!
Si la température leur permet d'exister dans une île, ou dans un
bassin séparé par des montagnes et par la mer des autres bassins du même
continent, ou est presque sûr de les y trouver. Donc, ou elles ont été
créées sur place, avec similitude de formes, d'un endroit à l'autre, ou elles
ont eu jadis des aires plus vastes et ont été transportées d'un point à l'autre,
lorsque la forme des terres était différente, lorsque certains continents
étaient contigus, n'offraient pas les chaînes de montagnes actuelles, ou
étaient ravagés par d'immenses inondations, qui pouvaient porter les graines
à de grandes dislances.
J'avoue que cette dernière hypothèse me paraît peu probable, à cause de
la présence des mers et du mélange inévitable des eaux douces avec l'eau
salée, qui doit, ce me semble, faire périr la plupart des plantes aquatiques.
Nous ne voyons pas qu'elles vivent dans les eaux salées ou même saumàtres
du bord de la mer. Les Nymphéacées, par exemple, en sont certainement
exclues. Or, la quantité d'eau douce a dû être inihiiment moindre que
celle des mers, dans le cas d'une submersion soit générale, soit très
étendue des continents. Des submersions partielles d'eau douce, avec de
grands courants, seraient plus plausibles, ou des submersions momentanées.
Celles-là du moins n'auraient pas détruit les germes des plantes
aquatiques. D'un autre côté, le phénomène de disjonction est général pour
ces espèces. On l'observe sur tous les continents, à l'égard de toutes les
îles, pourvu qu'elles contiennent aujourd'hui des lacs ou des marais. Il
faudrait donc supposer qu'il y a eu partout des déluges d'eau douce, ou
des déluges, très courts, d'eau salée, ou enfin que ces déluges n'ont jamais
été simultanés. La première hypothèse, celle des origines multiples pour
chaque espèce, paraîtra peut-être moins compliquée (a).
Il serait à désirer, que, dans le but de résoudre ces grandes questions,
on fît des expériences exactes sur la durée des graines de plantes aquatiques
et sur la possibilité de \ivre de ces plantes, lorsqu'elles sont immergées
dans de l'eau salée ou dans un mélange d'eau douce et d'eau salée.
Il est possible qu'une couche de vase protège la vie des graines et des
tubercules ou racines, contre l'eau de mer. Cependant si la submersion se
prolongeait, et si les jeunes plantes devaient lever dans de l'eau salée, pourraient
elles vivre? J'en doute infiniment d'après ce qui se passe dans les
régions maritimes, notamment à l'embouchure des fleuves où l'eau est
un peu salée,
(a) Le chapitre suivant et le cliap. xwi sont consacrés à ce i^-enre de questions.
PLANTES DE MONTAGNES. 10 0 7
A i n î C L E IV.
PLANTES DE MONTAGNES DIVISKES ENTRK DES SOMMITÉS ÉLOIGNÉES, OU ENTRE
DES PLAINES ET LES MONTAGNES DE REGIONS ELOIGNEES PLUS CHAUDES.
La présence des mêmes espèces sur des montagnes très éloignées, ou à
la fois sur des montagnes et dans des plaines situées à quelque distance,
est un (le ces phénomènes si souvent remarqués, je dirai rncme si
communs, que l'on me dispensera sans doute d'en émmiérer beaucoup
d'exemples.
Je n'irai donc pas rechercher toutes les espèces (pii sont partagées entre
les régions polaires et les montagnes de l'Ecosse, les Pyrénées, les Alpes,
le Caucase, ou enfin, les montagnes de l'Amérique septentrionale. Il suffit
d'ouvrir les Flores et de consulter les ouvrages généraux, poiu^ se convaincre
qu'il en existe un grand nombre. Dernièrement encore, un auteur
qui s'occupe des plantes de La])onie, M. Andersson (Conspcclus Floroe
Lapponicoe, dans Ilornschuch, Archiv. Skandin, Beifr., Theil ii,
Ileft Tii, p. 397) récapitule combien il y a d'espèces de cette catégorie
parmi les plantes de sa Flore, il trouve ^08 ¡dianérogames communes
avec les Alpes suisses, et 18 connnunes spécialement avec les montagnes
d'Ecosse, sans exister dans les Alpes. Je retranche du nombre le Salix
glauca, L., qui est représenté dans les Alpes par une variété, tandis que
pour la question actuelle nous demandons l'identité complète, et j'ajoute
l'Arenaria cibata, omise dans la liste. Le nombre de 108 balance, à peu
près, celui des plantes purement arctiques, do)it M. Andersson com])te
12/i dans la Flore de Laponie, Il est remarquable sur mi total de 085
phanérogames seulement, qui existent dans le pays.
Plusieurs des plantes arctico-alpines se retrouvent, il est vrai, sur les
monts Carpates, ou sur les montagnes de la Saxe et de la Silésie, c'est-àdire
a une distance de 2 à 300 lieues des montagnes do Scandinavie, distance
qui peut avoir été franchie par des oiseaux. Cette cause de transport
est plus difficile à admettre des montagnes d'Ecosse aux Pyrénées, ou de
la Scandinavie aux Alpes directement. D'ailleurs une infinité de ces plantes
n'ont pas de baies que les oiseaux reclierchent; elles n'ont pas non plus
des graines à aigrettes, à poils crochus, etc., favorables aux transports.
Voici les espèces de la liste de M. Andersson, qui manquent aux pays
intermédiaires du continent, tels que le nord de l'Allemagne et les monts
Carpates,
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