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8 3 2 ORIGINE GÉOGRAPHIQUE DES ESPÈCES CULTIVÉES.
(édit. 4629, [). /|70) décrit aussi Jbrt bien la ikt.terave rouge qu'on cultive
aujourd'hui en grand pour les bestiaux; il en parle comme d'un légume
introduit récemment d'Italie en France. Si, connue le pense M. Moquin,
toutes les bettes, cardes et betteraves proviennent d'une seule espèce, la
culture aurait fait varier beaucoup cette espèce ; mais on peut conserver
des doutes sur l'identité spécifique. Toulelbis, si la Betterave, par exemple,
est une esjiece distincte, elle ne pourrait être originaire que tlu midi de
l'Europe ou de régions très voisines qui sont bien explorées, et dans lesquelles
on ne l'a jamais trouvée à l'état sauvage ; par consé(iuent, la dérivation
d'un autre état spécifique est plus probable. — Les transitions
nombreuses de couleur et de forme sont en faveur de l'espèce unique.
J'ajouterai que la Betterave est une des plantes les plus ilexibles, une de
celles où les modifications deviennent le plus vite héréditaires, d'îqjrès des
expériences dont M. L. Vilmorin a bien voulu m'entretenir.
R u b i a tinctorum, L — Les botanistes ne sont pas d'accord sui' la
limite de l'espèce et sur le nombre des espèces du genre Rubia en général,
imais il n'est pas douteux que la Garance cultivée ne soit sauvage en Italie
(Bert., FL It.^ 11, p. en Grèce (Decaisne, Rech. Garance, p. 58),
sans parler de quelques pays voisins, de l'Orient et du midi de l'Europe, où
elle peut avoir été introduite et où l'espèce n'a pas toujours été vérifiée
Suffisamment au point de vue botanique. L'identité de la plante cultivée
et de la plante spontanée est intéressante parce que la culture de la Gai
ance est déjà ancienne. Les Romains la pratiquaient (Pline, 1. XiX, c. 3),
Reynier {Econ. Cell., p. 318) pensait que le nom de Varantia, delà basse
latinité, employé dans les Gapitulaires, nom différent du nom latin Rubia,
montre une ancienne culture chez les Gaulois. 11 est possible cependant
que l'usage fût de chercher les racines de la plante spontanée. La Garance
est mentionnée assez souvent dans les actes français du moyen âge
(de Gasparin, Traité d'agric., IV, p. 453) , ce qui confirme l'idée d'une
Culture ancietme dans le pays. Plus tard elle y fut pour ainsi dire abandonnée,
jusqu'à l'époque où Althen l'introduisit de nouveau dans le comté
d'Avignon, ail milieu du xviit" siècle. Elle avait fleuri davantage en Hollande,
en Allemagne, et surtout dans la Grèce, l'Asie Mineure et la Syrie,
d'où l'exportation était considérable. Le Rubia tinctorum n'Cst pas connu
dans l'Inde. Lés noms sanscrits Vikusa, Arouna et Urouna^ qui, par
parenthèse, ont un Certain air d'affinité avec les noms Varantia et Garance,
s'appliquent au Rubia Munjistha, Roxb., espèce spontanée, non
Cultivée, du nord dé linde»
OIUGINE DES ESPÈCES LE PLUS GÉNÉUALEiMENT CULTIVÉES.
R. Plantes cultivées 'pour leurs tiges.
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C a n n a b i s « s a t i v a , I,, La culture du Ghanvre est anciemie dans
l'Inde, surtout dans les provinces septentrionales, soit comme plante textile,
soit pour les propriétés exhilarantes des feuilles, fieurs et graines. Les
noms saJiscrits étaient Banga et Gavjika (Roxb., Fl. Ind., 2" édii.,
Ill, p. 772), Bhanga et Gunjika (Piddington, Index). La racine de
ces noms ang, hang ou an, se retrouve dans toutes les langues asiaticoeui'opéeimes;
Bang en hindou et en persan (Koxb., l. c.), Ganga en l)engali
(id., î7k), Jíancífc dans la langue des Celtes (Reynier, Econ. Cell.,
p. Zi/i8) el en breton (Legon, Did.), Cannabis en grec et en latin, ¡îanf
en allemand, i /emp en anglais, Chanvre en français, Cannah en arabe (o).
La culture du Chanvre existait chez les nations celtiques (Reynier, l. c.),
qui avaient tiré de KanabÏQ mot camisia, chemise. Les Scythes, d'après
Hérodote, les Grecs et les Romains cultivaient le chanvre. Au contraire, les
Hébreux et les anciens Égyptiens ne le connaissaient pas, car on n'en découvre
aucune trace, dans les livres sacrés (Rosenmuller, ilandb. bibl.
Alterth., lY), ni dans les enveloppes de momies (Dutrocliet, Comptes rend.
Acad. s i , 1837, sem., p. 7Z|1). Encore, à la fin du siècle dernier,
on ne cultivait le Chanvre en Egypte que pour le hachich, préparation
enivrante (EorsK'., Delile). Le recueil des lois judaïques, intitulé Michna^
fait sous la domination romaine, parle du Chanvre, mais en cNnliquant ses
propriétés textiles, comme une chose pen connue (Reynier, Econ. des
Arab., p. /|o/i).
Le Chativre est spontané dans le nord de l'Inde (Roxb., L c.) et en
Sibérie (Ledeb., Fl. Ross.,m, p. 63Z¡). Bieberstein (F/., 1, p. /iU)),
Hohenacker {Pl. Talysch, p. 31), C.-A. Meyer (Verz., p. /|5), l'indi-^
quent aussi au midi du Caucase, mais dans les décombres, autour des villages.
M. Runge l'a trouvé au nord de la Chine dans les mêmes localités,
l/origine sanscrite des noms et le témoignage des botanistes concordent à
établir que le pays primitif est l'Asie tempérée, probablement vers la mer
Caspienne, et qu"une culture fréquente, répandue de tous côtés, naturalise
(iuel(¡neíbis l'espèce dans le voisinage des habitations.
L î n u m « s i t a t i s s îmum, Mill. — Lcs momics des ancienS Kgyidiens sont
enveloppées d'étofl'es de lin, et les peintures des Catacombes ne laissent
pas de doute sur la culture de cette plante en Egypte desune époque extrê-
(«) Ayaul ville uom arabe écrit de différentes manieres, j'avais consulté feu mon collègue
J. Humbert, professeur d'arabe, qui m' a indiqué Kan-nai, comme le plus répandu^
et aussi Kon-nab, Han-nab, Ken-nah, Kaneâir, suivant les localités.