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1 2 8 0 VARIÉTÉ DES FORMES VÉGÉTALES DANS LE MONDE ENTIER.
aux vagues cl au soleil. Quelquefois ces Irès petites îles sont des volcaus,
comme les îles Lipari. Dans le nord, elles sont souvent couvertes de glaces,
ou en etc de neige Tondante. En un mot, les causes locales déterminent une
immense diversité dans le nombre des especes, d'une petite île à une autre,
et ordinairement ces memes causes tendent à diminuer le nombre des
espèces plutôt qu'à raugmenter. Dans les grandes îles, certains vallons,
certaines montagnes conservent les espèces, qui de là peuvent repeupler le
littoral; mais dans beaucoup de petites îles, les causes de destruction
agissent toutes seules.
Voyons maintenant les îles très éloignées des autres terres.
Au nord, le Spit^berg, l'Islande, les îles Feroë, ne sont pas plus pauvres
en espèces que des étendues semblables sur les continents voisins,
sous les memes degrés de latitude. Il suffit de comparer dans notre tableau
le Spit/berg avec File Melville, qui est entourée de terres; les îles Feroë
avec le Labrador, qui est plus froid, et avec l'île Mageroe, sur la côte de
Laponie, qui est plus petite. On dira peut-etre que les glaces et les oiseaux
de mer ont transporté les espèces des continents sur ces îles. Je ne veux
pas nier cette possibilité, mais si la végétation des îles dont je parle
était due à des coloiiisations végétales, selon l'expression heureuse de
MM. E. Forbes et Charles Martins, il serait bien singulier qu'on y trouvât
le même nombre d'espèces (jue sur une étendue égale des continents. Dans
cette égalité de nombre, je découvre une preuve d'une égalité d'origine.
Comme toutes ces régions arctiques ont été recouvertes, plus ou moins
complètement par des glaciers ou des mers, à une époque géologique
récente, je suis disposé à expliquer l'uniformité et la pauvreté de leur
végétation par cette cause. A mesure que les glaciers et la mer diminuaient,
les espèces ont pu sortir de quelques anfractuosités de rochers qui les recelaient,
ou venir des pays voisins. Les îles ont pu en fournir, comme les
continents ; mais en tout cas, les circonstances n'étaient pas favorables à
une riche végétation.
Les îles éloignées des terres, situées dans d'autres parages, présententelles
des faits différents? Oui, dans certains cas; mais il semblerait sans
beaucoup d'uniformité, et selon des circonstances propres à chaque île.
Il existe, par exemple, des îles éloignées des terres, fort petites et où
des causes particulières sont un obstacle invincible au développement de
la végétation. Les îles Keeling et beaucoup d'autres îles de la mer des
Indes et du grand Océan, ne sont que des madrépores, émergés à une époque
récente, battus par les vagues et inondés par l'eau de mer, qui forme
des lagunes intérieures. Ces îles ne présentent guère que des espèces
répandues sur le littoral des pays voisins, souvent en petit nombre, et bien
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NOMBRE TOTAL DES ESPÈCES DANS CUAQUE PAVS. 12 8 1
évidemment ce petit nombre s'explique par la nature physique, non par la
seule circonstance de l'éloignement. Des îles semblables, près d'une grande
terre, seraient quelquefois tout aussi pauvres. On peut en dire autant des
petites îles battues par un vent de mer continu, sans abri pour les espèces
ligneuses ou les espèces délicates, et des récifs ou rochers isolés à une
grande distance des terres. Les îles Malouines, quelques rocs isolés dans
la mer Atlantique sont pauvres en espèces ou presque dénudés de végétation,
à peu près comme le sont des îles ou rochers analogues voisins des
continents.
L'île de l'Ascension n'est qu'un volcan à peine éteint, dont les cendres
et les scories se dessèchent sous un ardent soleil. Elle serait à quelques
lieues d'un continent que sa végétation serait nécessairement très peu
variée. Si quelque cliose doit surprendre, c'est qu'une île dans des conditions
pareilles présente deux ou trois espèces qui lui sont propres, et l'on
se demande si plus tard on ne les découvrira pas ailleurs (a). Le volcan
de l'Ascension a été peut-etre en repos pendant une série de siècles.
Une végétation plus ou moins riche, plus ou moins dérivée de terres voisines,'
aurait pu alors s'établir, puis de nouvelles éruptions, en détruisant
des forets et couvrant le terrain de cendres, auraient tout détruit, excepté
quelques espèces. Enfin, à notre époque, une nouvelle végétation est en voie
de s'introduire, principalement sous l'iniluence de l'homme; mais elle ne
pourra durer et devenir plus variée que par l'absence de causes destructrices,
comme des éruptions violentes. L'île d'Amsterdam, qui renferme
seulement trois espèces phanérogames (Hook, f., Fl. aut., I, part, ii,
p. 221) d'après les recherches du lieutenant Smith, est un volcan si actif
que les racines ne peuvent supporter la chaleur du sol à une profondeur
de quelques pouces. Kerguelen, Saint-Paul, Tristan d'Acunha, Sainte-
Hélène, Juan-Fernandez, Auckland et Campbell, Taïti, et la plupart des
petites îles non madréporiques dans le grand Océan, sont aussi des volcans
qui ont été tantôt en activité, tantôt en repos pendant de longues
séries de siècles. L'île de Norfolk a des basaltes (b) qui attestent aussi une
origine ignée. Plusieurs de ces îles ont une végétation très pauvre. Cela
s'explique par des destructions antérieures, combinées avec l'éloignement,
(а) Ce sont les espèces suivantes: Euphorbia orlganoides, Sherardia fruticosa, trouvées
déjà par Osbeck (Reise, p. 390), HedyoUs Adscensionis DC., Prodr,^ ÎV. Les trois
autres phanérogames signalées par Osbeck, ont été retrouvées ailleurs ; deux d'entre elles
sont de ces espèces très répandues qui se naturalisent aisément sur le littoral. On peut
consulter sur cette singulière végétation, toute ou presque toute d'origine étrangère :
Lesson et Richard, Voy, de ¿'Astrolabe, part, n, p. XLIX; d'Urville, Ann, sc. nat., VI,
p. 65;Seemann, dans Hooker's Joitrn.^ 1852, p. 241, et l'extrait que j'en ai donné dans
la Bibl, uniu, de Genève, 1853, v. XXIII, Archiv. sc., p, 93.
(б) Backhouse, dans The Phytologist, 1843, p. 573.
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