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l O d l l ORIGINE PROBABLE DES ESPÈCES SPONTANÉES ACTUELLES.
del Ulé, au Mexique (a), a, disous, trois mille ans, et c'est peut-être le
minimum qu'on puisse lui supposer, ce Taxodium est né de la graine
d'un arbre qui était probablement d'une certaine vétusté. Quelques générations
font ainsi remonter bien haut. Plusieurs espèces annuelles de
l'Egypte se sont conservées seml)lables pendant trois mille générations
au moins. Supposez un nombre égal de générations d'une espèce ligneuse,
et une durée moyenne de chaque génération d'arbre de cent ans seulement,
c'est une durée totale de trois cent mille ans; supposez seulement cent
générations d'arbres de cent ans, cela produit une durée de dix mille ans.
Ainsi l'ancienneté des espèces, et l'ancienneté sous les formes actuelles,
sont choses extrêmement probables pour la majorité des plantes de notre
époque. Voici encore quelques faits fendant à la même conclusion.
Les géologues ont découvert dans des dépôts de tourbe très anciens, des
ossements de mammifères qui ont cessé d'exister avant l'époque historique.
L'exemple le plus remarquable est celui du cerf (Cervus hibernicus) des
tourbières d'Irlande et de l'île de Man. Dans ces mêmes tourbières, on
trouve des troncs d'arbres, des fruits et des graines ; mais il ne paraît pas
qu'on ait jamais hésité à les rapporter a des espèces actuellement existantes,
du pays même ou de pays voisins. Ce sont, dans les tourbières
d'Ecosse et d'Irlande, des chênes et des pins, qui paraissent de même nature
à toutes les profondeurs, et qu'on dit appartenir aux espèces européennes
actuelles (p. 807, et plus loin, chap. XXVI). Sir Charles Lyell a compté
sur un de ces chênes 800 couches annuelles (h). Les mêmes faits se présentent
dans tout le nord-ouest de l'Europe. Ils ont de l'importance toutes
les fois que les couches de tourbe sont très anciennes, par exemple, antérieures
à la présence de l'homme dans nos régions.
Les forêts sous-marines, observées en plusieurs points des côtes de
France et d'Angleterre, remontent à une époque récente au point de vue
géologique, mais ancienne au point de vue des années, car aucune tradition,
aucun document historique n'en ont fait mention. Cependant elles se
composent de bouleaux, de noisetiers, de chênes, de sapins, etc., appartenant
souvent aux espèces actuelles (c). Dans la Nouvelle-Angleterre, les
phénomènes de ce genre se montrent sur une plus grande échelle. Entre
Boston et Portsmouth, il existe des marais, submergés même pendant les
basses eaux de la mer. On y trouve des troncs encore verticaux du
(a) A. de CandoUe, Bibliothèque imiversGlle de Genève, avril 1831 ; Hartweg, Trans.
Hortic. Soc., série, v. III, p. 134 ; A. Gray, American journ. of sc., juillet 1844.
ib) Le fait est cité dans son second voyage aux États-Unis, vol. II, p. 36. L'auteur ne
dit pas si la tourbière était une des plus anciennes.
(c) Beudant, Cours élém. dlnsl. nat.. Géologie, p. 125; Austen, Quart, jour n, of
the geoL Soc., 1850-1852.
PREUVES DE l'ANCIENNETÉ DES ESPÈCES. 1065
Cupressus tbuyoides, qui croît sur terre ferme, dans le voisinage. L'époque
de la submersion est inconnue. (( Elle est géologiquement de la date la
plus moderne, dit sir Charles L^eW {Second visit to the Un.-St., 18/|9, I,
p. 31), mais elle peut être d'une grande antiquité, relativement à Tbistoire
de l'homme. » A Textréniité méridionale de l'État de New-Jersey, à Test
de la baie de Delaware, des marais submergés de même nature sont remplis
d'arbres jusqu'à une profondeur inconnue (Lyell, ibid.), et l'on a
l'habitude d'en sonder la vase pour y découvrir les pièces de bois. Quand on
les trouve, la vase est enlevée et le bois scié pour des poutres, etc. Les
troncs de 4 à 5 pieds, même 6 pieds de diamètre, sont en place sur leurs
racines, et les plus âgés se trouvent dans toutes les positions possibles,
quelquefois horizontalement sous les racines des arbres verticaux. Le docteur
Bresley, de Dennis-Creek, a compté 1080 couches de croissance
annuelle du centre à la circonférence d'un tronc de 6 pieds de diamètre,
et sous celui-ci se trouvait un arbre couché, qui était tombé et avait été
enseveli, avant que l'autre eût poussé. Ce tronc inférieur avait cinq cents
ans, de sorte que plus de quinze cents ans était évidemment l'âge d'une
partie du marais, dont la profondeur est inconnue (a).
Le même géologue, dont l'esprit d'observation est si remarquable, décrit
et figure (Second visit to the IJn.-St., II, p. 2/i) d'immenses ravins qui
se sont formés en Géorgie, près de Milledgeville, depuis l'époque toute
récente de la destruction des forêts par l'homme. Le dessèchement produit
par l'exposition au soleil, et l'action des eaux sur un terrain argileux
ainsi exposé, ont produit dans un endroit une fissure, d'abord de 3 pieds
de profondeur, puis de 55 pieds sur 300 yards de longueur et sur 20 à
180 pieds de largeur. « Cette rapidité montre, dit sir Charles Lyell, que
précédemment les forêts avaient toujours couvert le sol, depuis qu'il s'était
élevé au-dessus des eaux salées. » Or, depuis quand ce terrain marin
est-il hors de l'eau? C'est ce qu'on ne peut pas dire, mêmé approximativement;
mais il est clair que l'époque en est ancienne, quand on la mesure
par des années et non par des phénomènes géologiques (6).
(a) L'auteur désigne les arbres de cette forêt sous le nom vulgaire de Cedar, qui s'applique
dans le pays au Cupressus thuyoides et au Thuya occidentalis (Gray, Bot. of N'.-St.).
Il ne paraît pas douter que Tespèce submergée n'appartienne à Tune des espèces actuelles.
Cependant on aimerait en avoir la preuve, par les cônes, qui doivent se retrouver quelquefois
dans la vase.
(b) M. Agassiz {Lake superior, p. 150) fait observer que les espèces actuelles de la partie
orientale de l'Amérique du Nord sont analogues à celles de l'époque tertiaire en Europe
(par exemple d'OElningen) ; ainsi cette végétation a un caractère, dit-il, d'ancienneté, de
môme que celle du Japon. « Particularité qui s'accorde avec l'aspect général du nord de
l'Amérique, pays qui, d'après sa structure géologique, a dû être un grand continent longtemps
avant Fépoque où de vastes étendues de terrains ont été soulevées au-dessus de la
mer dans d'autres régions du globe. » 11 ajoute (p. 152) : « Ce qui est vrai des plantes
l'est aussi des animaux. » Je reviendrai sur ce genre de raisonnement dans le cliap. XWl .
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