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i m DES CARACTÈRES DE VÉCÉTATION.
chiffres que l'on donne aussi souvent en géographie botanique ; cependant
cette proportion n'est ordinairement ni exacte, ni bien importante à
connaître en elle-même.
Elle n'est pas toujours exacte, attendu que les Cypéracées et les Graminées,
qui constituent la majeure partie des Monocotylédones dans la plupart
des pays, et les Orchidées dans quelques régions chaudes et humides,
sont les dernières familles dont on connaisse le nombre précis. Il y a une
grande quantité de Flores, même pour l'Europe, où le nombre des Cypéracées
est très incomplet. En général, plus une Flore de ville ou de province
est près d'être complète, plus la proportion des Monocotylédones augmente,
ce qui n'est probablement pas vrai pour les Flores de pays très étendus,
par suite d'une autre cause dont je vais parler, cause à laquelle des auteurs
ordinairement très judicieux n'ont pas fait attention. Les chiffres ne doivent
pas être comparés entre pays d'inégale grandeur, puisque l'aire
moyenne des espèces de Monocotylédones est plus vaste que celle des
Dicotylédones, au moins pour nos régions tempérées et boréales. Dans la
Flore d'une province, on trouve la plupart des Graminées, Cypéracées et
Joncées qui existent dans une grande région autour de cette même province.
Plus on étend l'espace, plus aussi on ajoute à la Flore des-espèces
locales, et ce sont le plus souvent des Dicotylédones qui ont ce caractère.
Les faits indiqués plus haut (chap. VII, p. Ii99) ne permettent pas d'en
douter. Voici quelques exemples qui le confirment.
La Flore du département de Maine-et-Loire, de M. Guépin (3^ édit.),
offre un rapport des Monocotylédones aux Dicotylédones comme 1 : 3,2.
La Flore du même département, avec plusieurs autres du centre de la
France, par M. Boreau, donne, le rapport = 1 : 3, 5 ; celle de toute la
France, d'après leBotanicon de M. Duby, == 1 : /|,3. Pour donner des
fractions plus complètes et sous une forme plus logique, je dirai qu'il y a
sur '100 Phanérogames, dans le département de Maine-et-Loire, 23,7 Monocotylédones
; dans les départements du centre (compris le précédent),
2 2 , 2 ; dans la France entière, 18,8 (a).
Mêmes différences en prenant des parties distinctes, et l'ensemble des
Flores de l'Allemagne, entre l'Adriatique et la Baltique. Ainsi, en Dalmatie,
le rapport est — 1 :3,5, d'après la Flore de M. de Visiani (v. IH,
p. 390); dans l'Autriche inférieure 1 : 3,7 (Neilr., Fl. fVien,
p. XXXI); en Wurtemberg = 1 : 3, 1 (Schubler et Martens, p. xv); dans
le royaume de Saxe = 1 : 3,5 (Reichb., Fl. Sax., édit. 18Zi/i); dans la
Silésie (Wimm. et Grab., FL, II, p. 95) = 1 : 3,2; dans la province de
ia) Dans mes relevés de chiffres, les espèces volontairement cultivées ont été exclues.
NATURE DE CES CARACTÈRES CONSIDÉRÉS ISOLÉMENT. 1165
Prusse (E. Mey., Fl.) = 1 : 3,2. Pour l'Allemagne entière, le rapport
est, d'après Fûrnrohr {Fl. de Ratish.,ii. xxxi), = 1 : 3.7, et en comprenant
les possessions de l'Autriche sur les bords de l'Adriatique (Koch,
5 i / n . , I , p . LX), — 1 : 3,8.
Si l'on pouvait s'étendre à toute l'Europe, on trouverait probablement
une proportion plus forte d'espèces Dicotylédones, car, sans parler de
familles secondaires, il y a bien plus de Graminées et de Cypéracées communes
aux deux extrémités de cette vaste région que de Composées ou de
Légumineuses. Il est vrai qu'en prenant la proportion sur les Flores tout à
fait locales, autour d'une ville, par exemple, on trouve quelquefois une
quantité île Dicotylédones presque aussi forte, ou même plus forte, que
dans la province entière où est située cette ville (a) ; mais les environs
d'une ville ne présentent pas ordinairement toutes les variétés de stations
qui sont indispensables aux espèces, et de là des causes accidentelles qui
empêchent la loi de se vérifier. Une ville entourée de colUnes ou de montagnes
aura plus de Dicotylédones, une ville entourée de prairies humides
plus de Monocotylédones que l'ensemble des conditions de la région ne le
ferait supposer.
De ces deux causes d'inexactitude dont j e viens de parler, la première, la
connaissance imparfaite des Monocotylédones dans les pays peu explorés,
est ordinairement la plus grave. La seconde, l'inégale extension des
espèces, est moins importante ; elle peut, d'ailleurs, être éludée, en ayant
soin de comparer seulement des pays d'étendue à peu près semblable.
Mais il y a des objections plus sérieuses aux calculs dont il s'agit.
Les Monocotylédones sont loin d'être homogènes. Quelles conclusions
tirer d'un chiffre qui englobe des Orchidées ou Iridées, des Palmiers, des
Graminées, Cypéracées ou Joncées, en quantités très différentes suivant
les pays, pour ensuite les comparer aux Dicotylédones? Les milliers d'Orchidées
ou les centaines de Palmiers du Brésil, sont-ils analogues aux
Cypéracées et Liliacées de nos régions? Et cependant, c'est à cela que,
sous le nom commun de Monocotylédones, on compare les Dicotylédones
de divers pays. L'illusion est augmentée encore par l'usage de prendre le
chiffre des Monocotylédones pour unité relativement à celui des Dicotylédones,
car cette unité apparente varie, et les éléments qui la composent
ont, dans certaines régions, la valeur de plantes à organisation simple,
ailleurs, de plantes à organisation compliquée; ici, de plantes herbacées
insignifiantes, là, de plantes ligneuses, et même de grands arbres.
(a) Autour de Ratisbonne le rapport est = 1 : 3,5 (Fûrnrohr, FL, p. xxxi); autour de
Vienne 1 • 3,6 (Neilreich, FL, p. xxxi) ; autour de Strasbourg, = 1 : 3,4 (Kn-schl.,
dans Fiora, 1843, v. I, p. 196) ; de Wurzburg, = 1 : 3, 3 (Schenk, Flora, 1849, p. 61).
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