782 CHANGEMENTS DANS L IIABITATÎON DES ESPÈCES,
NATURALISATION A (ÎRANDE DISTANCE. 783
Amérique, aux Antilles, au Mexique, à la Guyane (DC., Prodr., II, p. 420);
2" en Guinée et au Sénégal (J3r., Congo, p. 59; Hook. f. et Benlli., Fi. Nigr,,
p. :M5). — Sur douze espèces du genre énumérées par Steudel, j'en vois dix
d'Amérique seulement, une du Sénégal, et la présente partagée entre les deux
régions. — Les légumes coriaces et recourbés de cette plante paraissent devoir
Hotter assez bien dans les courants, et, grâce à la vitalité des graines de légumineuses
et à la station de celle-ci sur les côtes, l'introduction d'Amérique en
Afrique paraît probable. Les arguments botaniques et la direction des courants
(p. 763) me font croire à lorigine américaine.
EcastaphylliimBroAviici, l»crs. ~ 5 — Antilles, continent américain,
jusqu'au Brésil(DC. ! Prodr., II, p. 420; Hook. f. et Bentli., Nigr., p. 31 4);
Guinée (h. DG.! Benth., FL Mgr.) et Sénégal (DC.! L c.). — Les onze autrès
espèces du genre sont d'Amérique. — Mes échantillons des deux régions
concordent bien.— Le légume est plat, monosperme, membraneux. Gomme
l'espèce croît dans les taillis près de la mer et que les Légumineuses conservent
longtemps leur faculté de germer, je regarde un transport par les courants comme
probable. Le principal va d'Amérique en Afrique (p. 7G3), et c'est justement
l'Amérique qui est le pays des autres espèces du genre.
IVIiicunu i ircns, »C. — j — On le connaissait aux Antilles et sur le continent
de l'Amérique méridionale; mais, en outre, il paraît se trouver en Guinée.
MM. Hooker fils et Bentham [FI. A7i/r.,p. 307) le citent à FernandoPo, à Accra
et en Guinée, cc en apparence identique avec la plante des Indes occidentales
figurée par Plumier. » L'assertion, on le voit, n'est pas complète, peut-être à
cause de l'état des échantillons. Daprès Sloane {Jam.^ 1, p. i79), les graines
de cette Légumineuse sont portées souvent par les fleuves dans la mer, et. de là
rejetées sur les côtes ou transportées au loin, par exemple sur la côte d'Écosse.
D'après Jacquin {Amer., p. 203\ on attribue à ces graines, appelées vulgairement
yeux de bourrique, toutes sortes d'idées superstitieuses, et eu général la
plante est officinale. Par ces divers motifs, elle peut avoir été portée en Afrique
par les courants ou par l'homme.
S c h r a n c k i a Icptocarpa, DC. — — T Saint-Domingue (DC., ProdrX
Brésil septentrional et méridional (Benth. in Hook., Journ. of Bot., IV, 1841,
p. 4'l5) ; 2« Guinée (Benth., FL Mgr,, p. 33 I). — Les sept autres espèces sont
d'Amérique. Celle-ci n'a pas les aiguillons du légume crochus commele Schranckia
uncinata, mais ils sont étalés, nombreux, et je ne serais pas surpris que par leur
moyen des légumes aient été transportés sur des vêtements ou des ballots. L'extension
est plus grande en Amérique. On sait que les Légumineuses, en particulier
les Mimosées, conservent longtemps la faculté de germer.
iviimosa a sperata, L. — 5 — Amérique, du Venezuela au Brésil méridional
(Benth. in Hook., Journ, of Bot., 1841, v. IV, p. 400); Afrique
tropicale occidentale et orientale [id. elFL Mgr., p. 330). Mes échantillons des
deux continents s'accordent. Les légumes se coupent transversalement et sont
« undique setoso-hispidissima. » Les poils n'en sont pas crochus ni en hameçon,
mais ils peuvent bien se fixer dans des corps extérieurs. Le genre existe sur les
deux continents. — L'espèce a été introduite du continent américain à la Jamaïque,
d'après P. Browne, et aujourd'hui M. Macfadyen [FL Jam., p. 305)
déclare ne l'avoir trouvée que dans les jardins de cette île. Elle existe sur la côte
orientale d'Afrique [FL Nigr., 1. c.)? et cependant elle n'est que cultivée à Maurice
(Boj., II. Maur.), L'origine est donc incertaine; mais je soupçonne un
transport d'un continent à l'autre par adhérence (a).
Dcsmodiuui înc anum, DC. — 5 — Commun aux Antilles, dans les broussailles,
les pâturages et au bord des chemins (Macfadyen, FL Jam., p. 266) ;
existe aussi dans l'Afrique tropicale occidentale (Benth., FL Nigr., p. 303), et
peut-être à Maurice(DC., iVodr. ; Benth., l. c.). Il y a des Desmodium en Afrique
et en Amérique, mais celui-ci a des poils crochus sur son légume : « Mauvaise
herbe, désagréable, dit M. Macfadyen, parce que les articles des légumes se
rompent et adhèrent aux vêtements. » Le transport est donc très probable.
I l c s m o d i um tortuosum, WC. — 5 — Antilles (Hedysarum triphyllum,
etc.; Sloane, Jam., I, p. 184, t. 116, f. 9; Macfad., Jam., p. 267; DC.,
Prodr., II, p. 333), sur les bords de la Magdalena (H. B. et Kunth) ; 2^ aux îles
du Cap Vert, au Sénégal, en Abyssinie (Webb, FL Nigr., p. 122, où il affirme
l'identité par comparaison avec des échantillons américains). — Le genre est
partagé entre l'Afrique et l'Amérique. — L'espèce actuelle semble aussi répandue
sur l'un dos continents que sur l'autre. Ses légumes ont des poils crochus qui les
font adhérer aux vêtements. D'ailleurs, l'espèce habite assez ordinairement les
terrains cultivés (Sloane, Macfad.).
C a s s i a obtusifolîa, f.. — (?) — D'après les auteurs du Flora Nigriii'ana,
cette espèce croît en Afrique et en Amérique, savoir : l^aux Antilles
(Vogel, S^jn. Cass., p. 24; Sloane,/am., II, p. 47, sous le nom deSma minor),
dans le midi des États-Unis (Torr. et Gray, FL, I, p. 394) et dans l'Amériqu^
méridionale (Vogel, L c.); 2« au Sénégal, dans les sables (Perr. et Guill., Tent.
FL Seneg., p. 260), auxilesdu Cap Vert (Webb, in. Nigr., p. 126), en Guinée
(Benth. et Hook, f.. Fi. Nigr.,ip. 324). Vogel indique le Sénégal avec doute,
dans son Sijnopsis; mais alors il n'avait pas vu d'échantillons africains. Ceux des
îles du Cap Vert et de Guinée paraissent avoir été comparés avec des échantillons
d'Amérique, séparément, par M. Webb et par M. Bentham. L'espèce est spontanée
dans les deux mondes ; cependant, je vois qu'en Guinée elle a été trouvée
près des habitations. Elle est officinale. Les graines de Légumineuses se conservent
longtemps.
fifiidens leucantha, Wîud. - - 0 — Espèce des décombres, lieux humides
cultivés, etc., qui s'accroche et se transporte par les poils en hameçon de ses
fruits. Elle est très répandue en Amérique, du Chili aux Antilles, du Brésil au
Mexique (DC., Prodr., V, p. 398). Si on la trouve à Madère (Lowe, ib.), aux
îles du Cap Vert (Webb, FL Nigr.,ip. 1 42), au Cap (Drège ! h. DC.), on ne peut
guère douter de l'introduction dans ces pays. A l'île Maurice, où la plante est
devenue commune, on l'appelle he^^be à Sornet, du nom d'un intendant auquel on
attribue sa naturalisation, sans doute involontaire (Bory, h. DC.).
Le Bidens bipinnata, L., originaire d'Amérique, s'est naturalisé en Europe
(p. 728). On le trouve aussi en Guinée {Fi. Nigr,); mais son origine étrangère
n'est presque pas douteuse, et d'ailleurs il est plutôt extratropical.
(a) Je suis surpris que le Mimosa pudica, dont les légumes s'accrochent si aisément aux
habits et qui est cultive partout comme curiosité, ne se soit pas naturalisé hors d'Amérique.
Il n'est indiqué ni dans le Flora Nigritianay ni dans Wight et Arnott, Prodr, FL
peyi. Ind., ni dansBojer (Hort. Mmir.), comme plante spontanée. Il s'est cependant introduit
a Ceylan (p. 722).
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