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CO ne lui rorigiiiedo la plante, niais M. Bosc lui écrivit plus lard qu'ayant
reconnu les qualités de cette graniinée connue fourrage, il avait rapporté
(TAmérique un boisseau de ses graines et en avait donné en 1802 à
M. Dupuis, jardinier du jardin botanique de Bordeaux, pour les semer
dans les champs, sables, landes, etc., afin d^eii propager l'espèce. Il est
l)ossible qu'elle se fût répandue alors, sans avoir été remarquée à
cause de sa ressemblance avec le Panicum sanguinale. Depuis 1S2/| ,
M. Des Moulins et M. Laterrade Font vue spontanée dans plusieurs localités
des environs de Bordeaux. Elle devient très abondante dans les terrains de
sable, dans la vase, près des canaux, fossés, etc. Ei leen chasse quelque-
Ibis les plantes indigènes; elle a supporté —15« R. de froid en 1829-30.
Les bateaux plats la font remonter le long de la Garonne et du canal latéral
de la Dordogne. Il y a plus de dix ans que M. Duchartre l'avait déjà trouvée
près de Toulouse. M. Nonlet (FL hass. sous-Pyr,, p. 682) dit que c'est
près du jardin botani([ue. Elle est devenue si commune entre Bordeaux et
Toulouse que certainement elle doit être regardée comme naturalisée.
J'emprunte ces détails à M. Ch. Des Moulins, qui a suivi la succession des
faits avec beaucoup de sagacité et de précision (a).
j u s s i s e a g randi f iora, lUiciix. — Un ancien jardinier en chef du jardin
botanique de Montpellier, Millois, jeta souvent des fragments de cette
plante dans la petite rivière du Lez (Chapel, dans Bull, agi^ic, de VHérault,
avril 1838). En peu d'aimées, elle y est devenue abondante, au
point d'obstruer les écluses des moulins, ce qui m'a été attesté à Monlpellier
môme, en 1737. M. Delile ne paraissait pas croire, dans ce temps, à une
vraie naturalisation, parce que la plante ne donnait pas de graines (6), et que
le courant Fentrahiait sans cesse vers la mer sans qu'aucune cause naturelle
la ramenât vers la source. Toutefois, comme le Jussia3a est doué
d'une multiplication par division très facile, il s'est maintenu jusqu'à présent
dans le Lez (Godron, FL Jiiv,, '185Zi). M. Bequien en mit dans les
fossés d'Avignon, au bord du Bhône et de la Sorgue ; il en apporta à Tonnelle,
chez MM. Audibert ; elle s'est tellement multipliée dans ces diverses
localités, dit M. d'Hombres-Firmas, que les botanistes seuls la reconnaissent
pour étrangère (d'Hombr.-Firm., Opusc,, v, 11, p. 235,
ann. 18/|8). Le Jussia^a grandiilora est originaire de la Caroline et de la
Géorgie.
i § t r a t f i o t c s a ï o i d e s , !.. —Cette plante aquatique a été placée dans les
(а) Ch. Des Moulins, Documents relatifs à la 7ialura!isalîon en France dit Panicimi
Digilaria,hr. in-8, Bordeaux, 1848; extr. des Act, Soc. linn. Bord.^ \ o l . XV.
(б) C'est ce qui arrive souvent en Amérique, voy. Torr et iiray, Fl. N. Amer., I,
[.,->21.
étangs de Marly, près Paris, et s'y est très bien naturalisée, ainsi qu'à
Meudon (Cosson, Not. plant, crit., fasc. 1, IS/iS, p. 16). Tous les pieds
sont d'un .vê^/î? sexe, d'après le témoignage de M. Adrien de Jussieu, qui
îu'a dit s'être efforcé en vain de trouver un embryon. Le Stratiotes
aloides, L. , croît naturellement aux Moluques^ à Java et au Malabar (Kuntli.
En.,m, p. 8).
Aux ÉlaU-Unis.
I.es faits de naturalisation dans l'Amérique septentrionale sont nombreux.
Ils sont même si récents et si généralement admis, que les botanistes américains
se sont donné peu de peine pour les constater. MM. Torrev et
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Gray, dans l'excellente Flore qu'ils publient actuellement, indiquent une
foule de plantes comme introduites, naturalisées ; mais j e ne vois aucune
date, aucune recherche pour constater le mode d'introduction et celui de
propagation au travers de l'immense territoire de l'Union. Celte lacune
n'est pas remarquée aujourd'hui, surtout en Amérique. On la regrettera
dans un siècle, lorsque les plantes qu'on croit d'origine étrangère se seront
naturalisées au point qu'elles auront toute l'apparence de plantes indigènes.
M. Darlington, un des vétérans de la science aux États-Unis, est peutêtre
le botaniste qui a accordé le plus d'attention aux faits de ce genre. Je
remarque dans son ouvrage, intitulé : Agricultural Botany {1 vol. in-] 2,
Philadelphie, i8/i7), des renseignements d'autant plus précieux que Tage
de l'auteur, sa résidence prolongée en Pensylvanie et son esprit naturel
d'observation, leur donnent une valeur incontestable. J'en citerai quelques
passages. Il ne faut pas oublier que M. Darlington ne s'adresse pas, dans
ce livre, aux botanistes, mais aux fermiers, spécialement à la jeunesse de
la classe agricole, et que, par conséquent, il se borne à des observations
d'une nature pratique et populaire. Il signale les « mauvaises herbes, »
presque toutes d'origine européenne. Par son moyen, on est mis sm' la
trace de leurs envahissements.
X a o t h î um spinoMum, !.. — (( Cette exécrable mauvaise herbe étrangère
se naturalise, dit M. Darlington, dans plusieurs districts de notre
pays, surtout dans les États méridionaux. On peut la voir fréquemment le
long des chemins et dans les terres vagues, dans les faubourgs de nos villes
maritimes du nord; c'est toujours un fléau public. J'ai ouï dire que
les autorités d'une de nos villes publièrent une ordonnance, il y a quelques
années, contre cette plante, qu'elles appelaient Chardon du Canada ia^
(a) Le nom doit s'appliquer au CirBhm arvense.
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