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950 OniGINE OKOORAPiriQTTE DRS ESPÈCES CÜLTIVí^ES.
n'existent quelque part dans la nature, et si Ton n'a pas retrouvé le Polygonum
Fagopyruju et le Polygonum emarginatum spontanés, d'une manière
bien certaine, cela tient à ce qu'on n'a pas encore assez exploré l'Asie, ou
peut-être au mélange de pieds d'origine cultivée avec ceux d'origine
sauvage, dans le pays primitif.
Faba vulgaris, Iflocneh (l'icia Faba, L ). La Fève était Cullivée par
les anciens Grecs et les Romains (Link, Die Urweit, édit., p. Z|17;
Fraas, Sijn. FI. class., p. 55), par les Hébreux (Reynier, Êcon. des
Aral), et .fu)fs,i}. hlS • Rosenmiiller, Handh. hihl. Alteri., IV, p. 90)
et les anciens Égyptiens (Belile, Hist. pl. cult, en Êg., p. 12). Elle
manque cependant aux graines qu'on retrouve dans les catacombes (DG.,
Physiol., p. 695 ; Kunth, Jn/ i . se. nat., VIII ; Musée du Louvre). Peutêtre
cela vient-il de ce qu'elle était réputée abjecte et indigne de la nourriture
des prêtres, ou de certains prêtres, par suite d'idées superstitieuses
expliquées par les auteurs (Reynier, Rev. phiL, 1807, Écon. desÊgypt.,
p. 3/il).
La Fève que les Grecs appelaient Fève d'Egypte était le Nelumbium
speciosum, comme on l'a fort bien prouvé (Reynier, Êcon. des Êgypt.,
p. 321 ; Delile; Link, l. c.). La Fève ordinaire se cultive depuis quelques
années dans l'Inde (Ainslies, Mal. pied., I, p. 28; Royle, III. llimal.,
p. 'J90; Wight e tArn. ,Proi / r .pm. Ind., p. 235), mais elle est inconnue
dans l'île de Geylan (Moon, Calai.), et on ne lui connaît aucun nom sanscrit
ou même indien moderne (Roxb., /'7.,édit. 1832, III, p. 323; Piddington,
Index). La culture n'en est donc pas ancienne dans l'Asie méridionale.
Geci est d'autant plus extraordinaire que, d'après M. Stanislas
Julien (dans Loiseleur, Consid. sur les céréales, \)arl. i, p. 29), la Fève
serait au nombre des cinq graines dont l'empereur Ghin-nong avait introduit
la culture en Ghine, l'an 2822 avant notre ère. Bunge (Enum.pl.
Chin.) l'a vue cultivée dans le nord de la Ghine, de même queKoempfer et
Thunberg au Japon.
Pline, 1. XVIII, c. 12, edit. Genevoe, 1631) , qui confondait évidemment
plusieurs Légumineuses et le Nelumbium, sous le nom de Faba, dit :
« Nascituret sua spante plerisque in locis, sicut septenlrionalis Oceani
insulis, quas oh id nostri Faharias appellant. » (On ne sait où sont ces'
îles, etM. Link soupçonne que la plante indiquée est le Pisum maritimum.)
« Item in Mauritania sylvestris passim, scd proedura et quoe percoqui
non possit. » (Ge ne peut donc être la Fève, qui, d'ailleurs, n'a pas
été trouvée en Algérie.) uNascitur et in jFgijpto... scapo quatuor cubitorum....
simile caput Papaveri, colore roseo.... radix per quam
lauta incolarum cihis, etc. (Évidemment le Nelumbium). » C'est proba-
ONIAINE DES ESPÈCES LE I'LUS GÉNÉRALEMENT CULTIVÉES. 957
blement d'après ce passage que Linné donne, avec une singulière assurance,
l'Égypte pour patrie de la Fève {Sp., p. 1039). Lui,ou Willdenow,
auraient ensuite appris du voyageur Lerche, que la Fève croît sauvage près
de la mer Gaspienne, sur les contins delà Perse {WiM.,Sp., HI, p. 1111).
Bo&c (Diet, d'agrie.p. 512) dit: « Olivier l'a rencontrée sauvage en
Perse; » mais je n'en vois pas la confirmation dans le Voyage même
d'Olivier, et il semble que Rose a cru, un peu légèrement, sur des conversations
peut-être avec Olivier, que ce voyageur aurait trouvé la plupart de
nos plantes cultivées dans l'intérieur de la Perse. 111e dit déjà du Polygonum
Fagopyrum et de 1'Avena sativa, dont il ne paraît pas qu'Olivier ait
parlé dans ses écrits. Sans vouloir contester l'assertion de Lerche, qu'il
m'est impossible de contrôler, j e remarquerai que Bieberstein n'indique pas
la Fève dans la région du Gaucase,ni MM. G. A. Meyer {Verzeichniss, etc.)
et Hohenacker {Plant. Talysch), dans les districts voisins de la mer Gaspienne
et de la Perse, où l'on dit qu'elle existe. Ledebour {Fl. Ross., I),
qui a recueilli tous les documents relatifs au Gaucase russe, ne cite que
l'assertion de DG. {Prodr.), qui est tirée de Willdenow. Mon herbier et
celui de M. Boissier n'apprennent rien à cet égard.
Les noms de la Fève, dans l'Asie occidentale et en Europe, se rattachent
à quatre sources : 1" Un nom hébreu, Phul (Miller, Uieroph.,ll, p. 129),
ou Pol (Rosenmüller, Bibl. AUert., IV, p. 90), d'où le nom arahe Fûl
(Forsk., JEg., p. LXX). Foui (Delile, Fl. JEg.)-, 2° le nom celte Fa,
Fao, Fav (Legon., Diet. celt, bret.), ou latin Faba, qui n'est pas éloigné
du précédent,et d'où dérivent les noms italiens,français et espagnols;
3° le nom slave Bob, qui est le même en polonais, en bohème et en illyrien
(Moritzi, Diet, inéd.), et qui a une parenté évidente avec le Bohne
des Allemands et le Bean des Anglais; h" enfin, le nom grecKùafxoç, qui
était un nom générique, car on appelait aussi la fève Kùapoç iXXvjvixoç (Hippocr.).
On ose à peine dire que le nom grec moderne Kouxxcx (Fraas, l. c.)
en dérive, tant il est différent. L'existence d'une racine slave et l'analogie
des noms slaves, allemands et même celte, peut faire présumer une transmission
de l'est à l'ouest par la Russie. Les Latins auraient reçu la plante,
non des Grecs, mais plutôt directement d'Asie, ou indirectement par les
Gaulois, car le nom Faba est plus près des noms hébreu, celte et germain
que du nom grec.
Ervum Lcns, L.—La Lentille était cultivée chez les Grecs, les Hébreux,
les Égyptiens, de toute antiquité. l\ n'en était pas de même dans l'Inde,
car la plante n'a pas de nom sanscrit (Roxb., FL, éd. 1832, HI, p. 32/i;
Piddingt., Index). On la cultive assez fréquemment aujourd'hui dans le
Bengale.