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9 2 8 ORir.INE C.ÉOGUÂPÏIIQUK DKS KSPÈCES CULTIVÉES.
ne sont pns toutes avortées. » Une localité aussi éloignée des centres de colonisation
indique assez probaldement l'habilation originelle de Tespèce, qui,
du reste, pouvait s'étendre surune région plus ou moins vaste eu Amérique.
M. Lindley (Bol, reg., tab. 10(^8) admet quatre espèces distinctes dans
les Ananas cultivés. A l'une d'elles, il donne le nom de sai ivaj qui est bien
impropre, car on n'a pas l'habitude, ni même ordinairement la possibilité de
semer les Ananas. Ce serait une coniirmation de la division en plusieurs
espèces de pouvoir constater que les Ananas sauvages, au Brésil, vers le
haut Orénoque, aux Antilles et au Mexique sont diiiérents et correspondent
aux quatre principales variétés cultivées. Jusqu'à présent, nous n'en avons
aucun indice; maisl'attentiondesvoyageursdoitse porter surcette recherche.
Du temps delà découverte de l'Amérique, les indigènes cultivaient déjà
trois variétés ou espèces d'Ananas (Oviédo, /. c.).
F . Plantes cultivées pour leurs graines.
4 Nutritives.
Toutes les plantes à graines alimentaires sont annuelles et ne se multiplient
que par semis. C'est une condition qui doit les empêcher de s'éloigner
notablement des types primitifs. Les graines, d'ailleurs, sont un organe
important, qui varie peu dans la même espèce, et quand il varie, ce n'est
que par des caractères accessoires, tels que la grosseur, la couleur, et jusqu'à
un certain point la forme. Lors même queles graines sont recouvertes
d'un péricarpe, comme dans les Graminées, Polygonées, Salsolacées,
cette membrane étant sèche et mince, ne varie pas au même degré que les
péricarpes qui constituent les fruits de plusieurs Rosacées ou Légumineuses.
Le peu de variabilité des espèces de IViticum, Ilordeum, Secale, Avena,
iEgilops, Lolium, etc., avait frappé M. Loiseleur-Deslongchamps (a), et lui
avait suggéré des idées fort justes à l'égard des céréales cultivées. Je les
crois, comme lui, peu éloignées de leurs types primitifs, malgré l'ancienneté
de leur culture, et j e m'appuie sur les motifs qui suivent :
l o Dans les jardins botaniques où l'on cultive les JEgilops, qu'on a prétendu
quelquefois se transformer en froments, chaque espèce se conserve,
au contraire, sans modification pendant plusieurs années. Loiseleur-Deslongchamps
avait questionné sur ce point le chef de l'école du jardin de Paris,
(a) Considérations sur les céréales, vol. in-8, Paris, part, i et n, 1842-184-3. Je ne
connais pas d'ouvrage plus instructif sur les froments. L'auteur y fait preuve d'exactitude,
d'érudition et de vues philosophiques sur les espèces à un degré remarquable.
ORIGINK DKS ESPÈCES LK PLUS GÉNÉRALEMENT CULTH^ÉES. 920
M. Pépin, lequela certifié avoir semé pendantdix-lmit ansles /Egilops ovata,
triuncialis et squarrosa, sans qu'ils aient varié en aucune manière. Le même
horticulteur n'avait vu se former aucune variété parmi les Graminées non
céréales, depuis nombre d'années qu'il s'occupait du jardin de Taris. Les
Lolium varient cependant assez, mais les modifications portent sur la taille,
sur le nombre des lleurons et sur les aretes, plutôt que sur les graines.
2« Les collections de céréales qu'on sème d'année en année, dans le môme
terrain, se conservent distinctes. Ainsi, au jardin de Paris, on cultive
Ì 5 0 à 1 6 0 races de froment, depuis plus de trente ans (Loisel., p. ho). Un
cultivateur du pays de Caux, appelé Tesnière, avait cultive, a la
dernier, le même blé pendant trente ans, sans aucun changemenl perceptible
{Diet, d'agric., YI, p. 200)-, enfin, les collections de céréales de
MM. Vilmorin, maintenues avec beaucoup d'ordre et augmentées depuis
un demi-siècle, sont une preuve du même genre.
3° Les -grains de froment qu'on a sortis des plus anciens cercueils de
momies d'Egypte, se sont trouvés semblables à certains froments actuels.
Déjà Belile (Bureau, Ann. sc. nal., IX, p. 7 i ) en avait été frappé. Be Candolle
a reconnu dans ces graines le ïriticum turgidum (Phys. vég.,
p. 69/ i). Raspali avait reconnu l'orge ordinaire torréfiée (lilém. lilics., XV,
p. 1 5 0 ) . Loiseleur avait examiné plus récemment des graines rapportées par
le général Fernig, et déposées à Paris dans le Musée égyptien; il les avait
trouvées identiques avec le blé blanc anglais de 18/iO {Consid. sur les
céréaL, p. 98). Enfm, le blé rapporté par M. Prokesch au comte de Sternberg,
comme ayant été pris dans un cercueil de momie, ce blé qui Fut semé,
et dont deux grains levèrent, après avoir été mis d'abord dans de l'huile,
puis dans de l'eau, se trouva concorder avec le Triticum vulgare, spica
laxamutica alba glabra, de Metzger(voy. Flora, 1835, p. à).
La fécondation des céréales a lieu dans le bouton de la fleur, avant
que les étamines sortent et pendant que les glumes sont appliquées les
unes contre les autres, ce qui exclut les fécondations hybrides (Loisel.,
p. 79). L'expérience des blés mélangés ou rapprochés montre qu'ils ne se
croisent pas (Loisel., ib.). LesiEgilops seraient plus accessibles à ce genre
de fécondation, d'après les observations de M. Godron, dont j e parlerai
tout à l'heure.
5° Comme je le remarquais ci-dessus, on ne multiplie les céréales que
de graines, par conséquent, plusieurs causes qui introduisent des variétés
et des races dans d'autres plantes (boutures, greffes, etc.) n'existent pas
pour celles-ci.
6° Les hommes n'auraient pas été tentés de cultiver les espèces de Triticum,
Hordeum, etc., si les graines de ces plantes n'avaient été pesantes et
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