900 ORIGINE GÉOGRAPHIQUE DES ESPÈCES CULTIVÉES.
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des barriques polir le vin, cadi ad vina condenda. Comme les autres
espèces de Cucurbitacees sont impropres à ces usages, je présume, malgré
le silence des auteurs classiques modernes (Billerb., FL class.] YTRÎÎS^
Sijn. FÌ. class.)^ que les Anciens connaissaientTespèce. La savante traduction
de Ebn Baithar, médecin arabe du xiii'^ siècle, par M. de Sondtbeiiner
(a), n'en parle pas; mais l'espèce n'est pas précisément officinale.
Ramvolf, (jui avail visité l'Orient en 157/i, l'avait vue dans les jardins de
Tripoli, d'Alep et de Deera(F?. Or., édit. Gronov., p. '125). Or, dans ce
temps, les plantes d'Amérique ne pénétraient pas promptement dans les
régions asiatiques. Forskal (p. cxxii) indique un nom arabe, Dubba
Dijhbe^ dont l'étymologie m'est inconnue. L'espèce paraît peu répandue
sur le continent africain. Elle n'est pas dans le Flora Nigritiana,
A. Richard Çrent. FL Àhyss.^ p. 293) a cru la reconnaître dans les
plantes d'Abyssinie de Schimper, sect, m, n. 1571, mais sans fruits la
détermination est difficile, et d'ailleurs rien ne fait présumer que l'espèce
soit spontanée en Afrique.
6« Enfin, les autres espèces du genre, peu nombreuses, il est vrai, sont
d'Asie et non d'Amérique.
L'ensemble de ces faits est en faveur de l'origine asiatique.
Les noms àeZuccha (h) en italien et de Calebaza (c) en espagnol, d'où
Calebasse en français, s'appliquaient à cette espèce et à d'autres Cucurbitacées.
Le dernier a été donné aussi aux fruits de Crescentia et de Baobab,
à cause de leur ressemblance avec les gourdes. Le nom lui-même de
gourde ne peut guère venir d'un mot celle, signifiant lourd, pesant,
comme le prétend de Theïs (Gloss, bot., p. 1/Ì2), par la raison toute
simple que les Celles ne connaissaient probablement du Lagenaria, ni la
plante ni le fruit. Ce nom est un abrégé de Cougourde, qui était usité
autrefois, et tous deux viennent de Cucurbita (prononcé à la manière
latine coucourbita). Le mot latin, de même que celui de Cucumis, concombre,
ne vient pas du grec ; mais probablement, comme cucullus, d'une
racine qui veut dire curvus ou cavus. Par une coïncidence qui n'est
peut-être pas forluite, une espèce de Cucurbita (C. Pepo, Roxb., non L.)
se nommait en sanscrit Kurtaroo (prononcée Kourtarou), et le Lagenaria,
en bengali, Kudoo (prononcez Koudou).
C ^ u c u r b i t a m a x ima , n u c h . (€aicurbi«u P epo a, ï i inné). — La groSSe
Courge ou Potiron à corolle évasée jusque dans le fond, est une plante .
(a) Zusammeristellung Heil-und Nahrungsmittel von Ebn Baithar, traduit de l'arabe
par le docteur J. von Sontheinier, 2 vol. iii-8, Stuttgard, 1850.
(b) Vient du mot grec Si/^ux appliqué à des cucurbitacées.
(c) Vient peut-être de ces noms arabes de cucurbitacées cités par Matthiole (éd. Valgr.j
p. 366), Haraha, Hara, Carha.
ORIGINE DES ESPÈCES LE PLUS GÉNÉRALEMENT CULTIVÉES. 901
dont les auteurs ignorent l'origine (Duchesne, Diet, en,c.,M, p. 151;Ser.,
dans Prodr., III, p. 316); seulement, comme l'observe Duchesne, les
noms de Courge d'Inde, Courge marine ou iVoutre-mer, donnés au
xvf siècle, montrent une origine lointaine. J. Bauhin {Hist., II, p. 219)
indique effectivement ces noms et montre l'incertitude où Ton était alors sur
l'origine des Cucurbitacées cultivées. Les auteurs mélangeaient diverses
espèces que les modernes ont essayé de distinguer ; mais au milieu de leurs
énumérations de formes, on reconnaît le Potiron, si bien caractérisé par
Sauvages, Sfhoera polis compressis, meridianis sulcatis, figuré par
Lobel(/c., tab. 641, Pepo maximus indicus compressus) et par Dodoens
(p. 666, Pepo rotundus major).
Il est difficile de savoir si les Grecs et les Romains connaissaient cette
plante au milieu des variétés si nombreuses et si mal décrites des Cucurbitacées
qu'ils cultivaient. Pline (1. v, c. 5) parle de fruits gros et même
très gros. Il les nomme Pepones, mais il ne dit rien de leur forme.
L'espèce ne paraît pas d'origine américaine, quoique M. de Martius lui
rapporte le Jurumu de Piso, Bras., édit. 1658, p. 26/iMarcgraf, édit.
I6/18, p. hh. La planche de ces auteurs ne ressemble pas mal, mais elle
est fort réduite et la description en est insignifiante. Le fruit n'est pas déprimé.
Il était cultivé par les indigènes, mais il pourrait avoir été introduit
chez eux par les Portugais, avant le voyage de Marcgraf. En général,
les Flores américaines parlent de l'espèce comme d'une plante cultivée,
sans donner des noms indigènes, sans citer des auteurs contemporains de la
découverte, en un mot sans aucun indice d'ancienneté (Pepo maximus mdicus
compressus, Sloane, Jam., I, p. 226 ; Cucurbita Pepo, AubL, p. 887;
Maycock, FL Barb., p. 380). M. Darlington (Agric. bot., p. bO) dit
que c'est une espèce cultivée aux États-Unis, mais originaire de Vest.
On la cultive en Âbyssinie (Ach. Rich., Tent. FL Abyss,, p. 295) sous
le nom arabe Doubba, qni montre une origine de l'Orient, car le mot est
arabe. D'ailleurs l'espèce n'est pas indiquée dans le Flora Nigntiana,
et rien ne peut faire présumer une origine africaine.
Par exclusion, on arrive à l'Asie tempérée ou méridionale. L'espèce n'est
pas indiquée dans les Flores du Caucase (Ledeb., FL Ross., II). D'un
autre coté, je ne puis la reconnaître dans aucune des espèces de Thunberg
(Flora Japonica). M. Bunge ne l'a pas vue dans la Chine septentrionale
(Enum., p. 31). Ainsi, par exclusion encore, nous sommes rejetés vers le
sud-ouest ou le midi de l'Asie. Les ouvrages sur l'Inde et l'archipel indien
donnent des descriptions et des planches, qui s'accordent assez avec la
plante cultivée en Europe, sans cependant coïncider exactement. Rumphius
(im6.,V, tah.l/l5) décrit et figure sous le nom de